Les arbres tordus de la clairière se dressaient autour d'eux, comme des sentinelles silencieuses d'un champ de bataille ancien. Arthus, les muscles tendus et la respiration haletante, fixait Maelric, son adversaire épuisé mais toujours vivant, étendu à ses pieds. Le vieil homme, aux cheveux gris épars, lui lançait un regard qui ne contenait ni peur ni regret, mais une sorte de reconnaissance perverse.
« Que diras-tu aux ombres, chevalier ? » susurra le sorcier en crachant un filet de sang. « Que tu as conquis ton destin... ou que tu t'es seulement trompé de cauchemar ? »
Arthus le toisa un instant, empli d'un mélange de mépris et de triomphe, conscient qu'il aurait pu mettre fin à cette histoire d'un coup de lame. Pourtant, il savait que cela ne ferait que le priver des réponses qui lui échappaient encore. Ses instincts lui disaient qu'un lien invisible restait tendu entre eux, comme une corde prête à rompre. Tuer Maelric, ici et maintenant, aurait été une victoire trop facile — et une victoire sans but ne faisait que nourrir davantage les ténèbres en lui.
Il rengaina son épée et recula d'un pas, ses doigts encore tremblants. « Ton jeu de manipulations se termine ici, Maelric, » prononça-t-il, plus pour se convaincre lui-même que pour intimider l'autre. « Mais souviens-toi : si je reviens, ce sera pour mettre un terme définitif à cette malédiction. »
Un ricanement sourd échappa au sorcier, comme une lointaine menace murmurée par le vent. « Un terme, chevalier ? Oh, tu comprendras bientôt qu'il n'y a pas de fin à ce que tu poursuis. »
Arthus tourna le dos, sa silhouette se fondant peu à peu dans l'ombre des arbres. Il sentait la rage du loup encore bouillir en lui, cherchant désespérément une cible, une direction à suivre. Chaque fibre de son être aspirait à la violence, mais il savait que, pour l'instant, ce chemin-là ne le conduirait qu'à plus de désolation.
Il repensa soudainement à un souvenir enfoui, à une voix douce qui lui chuchotait autrefois des promesses d'un avenir où l'honneur et le rêve n'étaient pas des mirages. Il se surprit à murmurer un nom qu'il n'avait plus prononcé depuis longtemps : Sereine. Elle, la seule qui l'avait connu autrefois, avant même que l'idée de la malédiction ne le frôle. L'image de son visage, flou dans sa mémoire mais teinté de chaleur, fit naître en lui une étincelle d'humanité.
Arthus serra les poings. Oui, il devait la retrouver. Peut-être que, dans les souvenirs partagés avec elle, il pourrait trouver la vérité. La vérité sur lui-même, et peut-être même une porte de sortie à cet enfer qui le déchirait.
Arthus de Vallombreux
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Les Chroniques de Castelmance, Tome 1 : L'Ombre du Loup
FantasyDans un royaume déchu, Arthus de Vallombreux, chevalier solitaire, erre à la recherche d'un sens à sa vie après la chute de son roi. À travers les pages de son journal, il témoigne de ses luttes intérieures et de sa transformation brutale lors d'une...