Les Chroniques de Castelmance, Tome 1 : L'Ombre du Loup

Entrée nº16 - Une nouvelle piste

Sereine m'a observé un long moment, son regard scrutateur plongé dans mes yeux où, sans doute, elle sentait poindre quelque chose d'autre que l'homme. Elle percevait la Bête. La lueur de la lune peignait son visage de reflets changeants, mais elle ne cilla pas, malgré la noirceur et la sauvagerie que je contenais.

« Il y a un lieu où, dit-on, même les âmes les plus sombres vont chercher des réponses, Arthus, » murmura-t-elle, comme si ces mots possédaient une vie propre, un poids ancien. « Les Archives des Sombres Savoirs... »

À ces mots, tout mon être a frissonné. La Bête en moi s'est éveillée, vibrant d'un désir brut, d'une soif étrange et profonde pour cet endroit où se terraient des mystères anciens, des vérités interdites. L'évocation des archives faisait naître en moi une pulsation sauvage, un appel à peine contenu qui grondait dans ma poitrine. Je sentais l'écho d'un passé lointain me murmurer de suivre cette piste, de plonger dans ces secrets sombres et anciens. La faim du loup se ravivait à chaque syllabe, pressante, exigeant de m'y rendre.

« Ces archives... » Les mots sont sortis de ma gorge comme un grognement, rauques, porteurs de l'envie brutale de déchirer les voiles qui cachaient ma vérité. « Où sont-elles ? »

Elle hésita, ses traits trahissant l'inquiétude. Mais quelque chose dans mes yeux, ou peut-être la lueur de ma quête désespérée, la décida enfin.

« Elles sont au cœur de Castelmance, bien cachées dans les entrailles de l'ancien château. Les Sombres Savoirs ont toujours été gardés en sécurité par ceux qui servaient le roi, loin des regards indiscrets. »

À l'évocation de ce lieu, le loup en moi trépignait, sentant dans les paroles de Sereine la promesse d'un savoir capable de le libérer de sa cage de chair et de sang. Il ne voyait pas la distance, la difficulté du voyage, ni le danger des secrets enfouis. Non, seule l'attirance sauvage et magnétique de cet endroit gouvernait mes pensées, une obsession aussi vive que la faim, une curiosité primaire et irrésistible.

Sereine posa une main hésitante sur mon bras, cherchant, peut-être, à apaiser cette fougue qui brûlait en moi. Mais déjà, mon esprit était ailleurs, prêt à se lancer dans ce périple obscur.

« Fais attention, Arthus, » souffla-t-elle, comme si elle s'adressait à un être sauvage qu'elle ne pouvait ni dompter ni retenir. « Là-bas, tu trouveras des réponses... mais elles te coûteront peut-être bien plus que ce que tu es prêt à payer. »

Je n'ai pas répondu. Le loup en moi n'écoutait plus. Les Archives des Sombres Savoirs m'appelaient, et dans leur ombre, je sentais déjà la promesse d'une vérité brute, cruelle, que seule la Bête pourrait saisir pleinement.

Vallombreux, le Sombreloup