Ce jour-là, mon téléphone vibra. L'écran affichait "Numéro privé". J'hésitai une seconde avant de décrocher, mais je restai muet, ma main tremblant sur l'appareil. La voix qui s'éleva de l'autre côté me glaça le sang.
— "Tu rentres à la maison. On sait où tu es. On sait tout ce que tu as fait."
C'était mon père. Son ton était autoritaire, presque menaçant. J'avais l'impression qu'il me tenait déjà, même à distance. Le stress m'envahissait, chaque mot résonnait comme une cloche d'alarme dans ma tête. Je raccrochai, incapable de supporter davantage.
Mais il ne lâchait rien. Les appels se succédaient, encore et encore, comme une pluie torrentielle qui refusait de s'arrêter. C'était étouffant. Je finis par ouvrir Instagram pour contacter ma mère. Je lui envoyai un long message, déversant tout ce que je gardais en moi depuis des années.
Je lui racontai tout : les maltraitances de mon père, ma fuite, et maintenant cette traque qui m'empêchait de respirer. Sa réponse arriva presque immédiatement.
— "Mathéo, reviens à Bruxelles. Viens chez moi, je vais t'aider."
Mais ce n'était pas si simple. Je savais que mon père ne me laisserait pas partir facilement.
Les appels continuaient. À bout de nerfs, je finis par décrocher, toujours sans parler. Je laissai la ligne ouverte, en mode sourdine, pour entendre ce qu'il avait à dire.
Pendant près de trente minutes, il monologua. D'abord, il m'insultait, utilisant des mots cruels pour me rabaisser et me faire peur.
Puis, son ton changea, devenant presque mielleux.— "Écoute, rentre à la maison. On oublie tout. C'est comme si rien ne s'était passé."
Je ne disais toujours rien, mais j'étais sur mes gardes. Il continua, cette fois avec une pointe de panique dans la voix.
— "Tu comprends, Mathéo, j'ai une famille, un travail, une maison. Je ne peux pas tout perdre. J'avoue... j'ai fait des erreurs, mais je te promets que ça n'arrivera plus."
Ces mots, je les avais entendus tellement de fois. Mais cette fois, c'était différent.
Je sortis mon deuxième téléphone et commençai à filmer discrètement. Chaque aveu, chaque mot, je les capturais. C'était ma preuve. Mon arme.Mais si j'avais su à l'époque que cette arme ne servirait à rien...
Je feignis de céder. Je lui promis que je rentrerais chez lui le lendemain matin, à la première heure. Satisfait, il raccrocha. Mais à peine l'appel terminé, un autre message arriva, cette fois de Christophe, un ami proche de mon père.
Christophe, je le connaissais bien. Et je savais qu'il n'était pas une personne de confiance. C'était un homme dérangeant. Avec sa propre fille, une petite innocente, il dépassait les limites de l'horreur. Il prenait des bains avec elle, la forçant à toucher ses parties intimes. Et il riait, comme si tout cela était un jeu.
Quand Christophe m'écrivit, j'hésitai à lui répondre. Mais j'étais en pleine panique, alors je lui racontai tout. Tout ce que mon père m'avait fait subir, tout ce que j'avais traversé.
J'avais besoin que quelqu'un écoute, même si c'était lui.Sa réponse me glaça.
— "Mathéo, si tu racontes ça à la police, ils te feront passer pour fou. Personne ne te croira."
Ses mots étaient calculés pour me déstabiliser.
Il voulait que je me taise, que je garde tout pour moi. Peu après, mon père reprit ses appels incessants. Cette fois, il me donna un ordre direct :— "Dis à Christophe que tout ce que tu lui as dit est faux. Sinon, tu verras ce qui va t'arriver."
J'étais piégé. Coincé dans un jeu où je ne pouvais pas gagner. Alors, pour gagner du temps, je jouai leur jeu. Je dis à Christophe que ce n'était pas vrai, que j'avais menti. Puis, sans attendre,
je bloquai leurs numéros à tous les deux.C'était terminé. Ils ne pourraient plus m'atteindre par téléphone. Mais je savais que ce n'était que temporaire. Leur ombre planait toujours
au-dessus de moi.Mon plan était clair : rejoindre ma mère à Bruxelles et m'éloigner d'eux à tout jamais. Mais il reste une vérité sur mon père. Quelque chose que vous ne savez pas encore.
Vous le découvrirez dans le prochain épisode.
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Date inexpliqué au garçon jamais compris
Mistério / SuspenseLis et c'est tout , c'est une histoire vraie et c'est la mienne.