Les non dits et les regards croisés

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La journée suivante, l’ambiance au lycée était chargée de tensions invisibles. Momo avait l’impression que chaque regard, chaque sourire échangé dissimulait une vérité plus profonde, un secret que tout le monde semblait connaître, sauf lui. Il s'était réveillé ce matin-là avec une certitude : il était à un carrefour de sa vie. Chaque chemin qu'il emprunterait allait avoir des conséquences. Il avait beau essayer de se convaincre que le temps ferait les choses, il sentait au fond de lui que l’issue ne serait pas aussi simple.

Lorsque la sonnerie retentit pour marquer la fin de la matinée, Momo se dirigea sans but vers la cour. Ses pensées étaient toujours aussi embrouillées, il ne savait plus trop où il en était avec Fatou, Aïssatou, et même Sokhna. Et Babacar... Babacar semblait lui cacher quelque chose. Quelque chose qu’il n’osait pas dire, mais que Momo sentait de plus en plus. La complicité qu'ils partageaient depuis des années n'était plus aussi évidente. Il se demandait si son ami avait également des sentiments pour Fatou, s'il avait, lui aussi, été touché par la confession de la jeune fille. Mais à chaque fois qu'il croise le regard de Babacar, il ne voyait rien qui trahisse une telle émotion. Ce n’était pas le genre de Babacar de laisser ses sentiments transparaître aussi facilement.

Momo s'assit sur un banc sous un arbre, le regard perdu dans le ciel. Il avait besoin de réfléchir, de comprendre ce qui se passait vraiment. Mais avant qu’il n'ait pu organiser ses pensées, une voix familière le sortit de ses réflexions.

« Momo, tu vas bien ? »

Il tourna la tête pour voir Aïssatou s’approcher, une expression douce et pleine de bienveillance sur le visage. Elle était calme, comme toujours, mais il savait que derrière ses yeux perçants, elle comprenait des choses que les autres ne voyaient pas. Aïssatou ne parlait jamais de ses sentiments ouvertement, mais elle avait une manière particulière d’observer le monde, de voir ce que les autres n’osaient pas dire.

« Oui, ça va. » Momo se leva et sourit faiblement. « Pourquoi tu me demandes ça ? »

Aïssatou s’assit à côté de lui, croisant les bras avec une facilité qui témoignait de sa confiance. « Parce qu'on dirait que tu portes un lourd fardeau, et ça me fait penser à quelque chose. Tu sais, tu peux m'en parler si tu veux. Je ne suis pas pressée, mais je suis là. »

Momo la regarda en silence. Il n’avait pas de mots à proprement parler, juste une sensation de confusion profonde. Il savait que la situation avec Fatou le mettait dans une position inconfortable, mais ce n’était pas tout. Son esprit s'égarait toujours vers Babacar et son silence étrange. Il se demanda une fois de plus s’il n’était pas en train de faire fausse route.

Finalement, il prit une grande inspiration. « Aïssatou, je me sens perdu. Fatou m’a dit des choses... des choses importantes, et je ne sais pas comment réagir. »

Aïssatou ne le quitta pas des yeux. « Je comprends. C’est difficile quand on se trouve entre deux sentiments forts, entre l’amitié et l’amour. »

Momo la regarda, surpris par sa compréhension. Il n’avait pas eu l’impression de montrer un tel conflit intérieur. Mais elle avait vu juste.

« Ce n’est pas juste Fatou. Il y a aussi Sokhna... et même Babacar, en fait. » Momo marqua une pause, les mots se bousculant dans sa tête. « Je crois que tout le monde a des attentes, des émotions, et moi je... je ne sais plus quoi en faire. »

Aïssatou hocha doucement la tête. « C’est normal d’être perdu, surtout quand il s’agit de sentiments. Mais tu sais, parfois, il faut prendre du recul et écouter ton cœur, pas seulement ta tête. »

Momo ferma les yeux, le visage plongé dans ses mains. La fatigue, le stress, les décisions à prendre... Il avait l’impression de marcher sur un fil, chaque mouvement pouvait tout faire basculer.

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