Le pouvoir de l'amitié

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Les jours qui suivirent cette réunion furent marqués par un étrange apaisement. Bien que tout n’ait pas été réglé, un poids semblait avoir été levé. Les non-dits avaient laissé place à une forme de vulnérabilité partagée, et chacun trouvait peu à peu sa place dans ce nouveau tableau émotionnel.

Momo, cependant, restait en proie à ses propres interrogations. Assis sur un banc près du terrain de sport, il observait Babacar et Fatou discuter au loin. Leur complicité naturelle, qu’il n’avait jamais vraiment remarquée auparavant, lui paraissait soudain évidente.

— Tu les regardes encore ? murmura une voix derrière lui.

Il se retourna et aperçut Adama, un sourire en coin. Elle s’installa à côté de lui, déposant son sac à ses pieds.

— Je réfléchissais, répondit-il en haussant les épaules.

— Tu réfléchis beaucoup trop, Momo. Et tu agis beaucoup trop peu, répliqua-t-elle en croisant les bras.

Momo soupira.
— C’est facile à dire pour toi. Tu sembles toujours savoir quoi faire, quoi dire. Moi, j’ai l’impression d’être coincé, comme si je devais tout gérer en même temps et que je ne pouvais rien faire correctement.

Adama haussa un sourcil.
— Personne ne te demande d’être parfait, tu sais. Ni Fatou, ni Babacar, ni même Sokhna ou Aïssatou. Ce qu’ils attendent de toi, c’est que tu sois honnête. Pas seulement avec eux, mais aussi avec toi-même.

Les mots d’Adama résonnèrent en lui. Il savait qu’elle avait raison, mais cela ne rendait pas la tâche plus facile.

Pendant ce temps, Babacar et Fatou se rapprochaient. Babacar, encouragé par la franchise d’Adama, avait décidé de prendre son courage à deux mains. Un après-midi, alors qu’ils travaillaient ensemble sur un devoir, il lui confia enfin ce qu’il ressentait.

— Fatou, j’ai quelque chose à te dire, murmura-t-il, évitant son regard.

Fatou, surprise par son sérieux inhabituel, posa son stylo.
— Qu’est-ce qu’il y a, Babacar ?

Il prit une grande inspiration.
— Depuis un moment, je… je crois que je t’aime.

Un silence s’installa, lourd et chargé d’émotion. Fatou ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n’en sortit. Elle n’avait jamais envisagé Babacar sous cet angle, et cette révélation la prit au dépourvu.

— Tu n’as pas à répondre tout de suite, ajouta Babacar, voyant son hésitation. Je voulais juste que tu le saches.

Cette déclaration bouleversa Fatou. Elle se mit à observer Babacar sous un jour nouveau. Elle se rendit compte que, dans les moments où Momo semblait absent, Babacar avait toujours été là pour elle. Peut-être qu’elle n’avait pas été aussi attentive qu’elle aurait dû l’être.

De son côté, Sokhna était restée silencieuse depuis la réunion. Contrairement à Fatou ou à Aïssatou, elle avait toujours eu du mal à exprimer ses émotions. Elle préférait les laisser transparaître dans ses dessins ou dans ses chansons. Une après-midi, alors qu’elle était seule dans la salle d’art, Adama la trouva en train de griffonner frénétiquement sur une feuille.

— C’est joli, dit Adama en s’approchant.

Sokhna sursauta légèrement, mais ne répondit pas. Adama observa le dessin : une scène représentant un groupe d’amis, réunis sous un arbre, avec un air mélancolique.

— Tu te sens seule ? demanda Adama doucement.

Sokhna haussa les épaules.
— Pas seule. Juste... incomprise, peut-être.

Adama s’assit à côté d’elle.
— Tu sais, être comprise commence par se faire entendre. Si tu n’exprimes jamais ce que tu ressens, comment les autres pourraient-ils te comprendre ?

Ces paroles touchèrent Sokhna, même si elle n’y répondit pas immédiatement. Mais cette conversation planta une graine dans son esprit. Peut-être était-il temps pour elle d’affronter ses propres peurs.

Dans les jours qui suivirent, les tensions entre Momo et Babacar commencèrent à s’atténuer. Ce fut Adama qui joua un rôle clé dans cette réconciliation. Elle les poussa à parler, à se dire ce qu’ils avaient sur le cœur.

— Vous êtes comme des frères, leur dit-elle un soir après les cours. Vous allez vraiment laisser une histoire de fille détruire ça ?

Babacar baissa les yeux, honteux.
— Ce n’est pas juste une histoire de fille, Adama. C’est une histoire de respect, de confiance...

— Et tu crois que Momo t’a manqué de respect ? le coupa-t-elle.

Babacar hésita.
— Pas directement. Mais parfois, il donne l’impression qu’il veut tout contrôler, tout avoir.

Momo, blessé par ces mots, prit une profonde inspiration avant de répondre.
— Je ne veux pas tout avoir, Babacar. Je veux juste... comprendre ce que je ressens. Et je sais que ça a dû te blesser. Pour ça, je suis désolé.

Cette confession, bien que difficile à dire, apaisa un peu Babacar. Il hocha la tête, acceptant les excuses de son ami.

Leurs disputes ne disparurent pas instantanément, mais ce moment marqua un tournant. Ils recommencèrent à passer du temps ensemble, à rire et à partager des moments comme avant.

Adama, observant ces changements, sentit une pointe de fierté. Elle ne faisait pas partie de ce groupe depuis longtemps, mais elle s’y sentait déjà profondément attachée. Pour elle, l’amitié était le véritable pouvoir, celui qui pouvait surmonter toutes les épreuves.

Alors que les jours passaient, Momo, Babacar, Fatou, Sokhna, et même Aïssatou commencèrent à comprendre que leurs liens dépassaient les simples attirances ou disputes. Ils formaient une équipe, une famille choisie.

Et parfois, c’était tout ce dont ils avaient besoin pour avancer.

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⏰ Dernière mise à jour : 7 hours ago ⏰

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