Thanatos
Il était déjà trop tard, pensais-je, contemplant la scène dont j'étais le spectateur.
D'un coup d'œil résigné, je suivais les éclairs qui dansaient une sarabande infernale dans le ciel, illuminant la scène d'une lumière presque artificielle.
Des gémissements s'entendaient au loin, puis sous les hurlements du vent, s'étouffaient et mourraient, laissant seuls les éléments se déchaîner:
La voute céleste tremblait sous les assaults impétueux du tonnerre, et des larmes coulaient de la face brumeuse des nuages en un chaos incessant.Plus rien n'avait d'importance. Rien.
Tout cela allait bientôt disparaître dans le magma d'un noir sinistre au-dessus de nous tous.
Je m'arrachai douloureusement à mes pensées, puis regardais l'homme reposant au creux de mes bras , mes larmes menaçant de me submerger une fois de plus lorsque je vis l'état de mon ami.
Profondément coupé, Il ne respirait plus que difficilement.
La colère brûlait dans mes veines, ne demandant qu'à s'exprimer, à se déchaîner contre celui qui avait fait cela.
Mais je ne pouvais rien faire. Ni Le sauver, ni même me sauver.-"Nous ne pouvions pas tous disparaître ainsi, ça ne pouvait pas être vrai!
Pourquoi ce sort nous était-il échu?"
Je frappais mes mains sur la roche nue qui m'entourait, hurlant mon désespoir tandis que des perles noires ruisselaient sur mes poings.
Je connaissais la réponse parfaitement mais redoutais de la formuler à voix haute.
La vérité était que je me sentais coupable. Coupable de ce qu'il se passait, coupable de la mort des miens.Hadès me répondit comme s'il avait lu dans mes pensées, ouvrant faiblement les yeux, sa voix saccadée mais néanmoins douce:
-"C'est notre ego et notre folie qui nous ont perdu Thanatos et non toi. Tu n'es seulement qu'une victime parmi tant d'autres..."Au fond de moi, je savais qu'il avait raison.
Mais cela m'était encore plus insupportable de savoir que c'était notre ego qui nous avait perdu.
Il était plus facile pour moi, d'accuser ma propre inhabilité à convaincre ma famille plutôt que de fermer les yeux sur le comportement de mes pairs.Hadès repris la parole, toussant du sang et respirant de plus en plus difficilement.
L'urgence transpirait dans ses paroles tandis qu'autour de nous tout s'évanouissait dans le maelström.-"Je n'ai jamais voulu cela mon vieil ami , jamais je te le promet.
Mais c'est ainsi . Tout comme les étoiles disparaissent, nous ne sommes pas invulnérables.
Mais peut-être ,mon ami, nous retrouverons-nous par delà le temps tout comme les étoiles, je l'espère sincèrement..."Je lui serrais la main, l'enjoignant à cesser d'aggraver son état déjà dramatique.
Ôtant son regard de mon visage, Il fixa les ruines de ce qui était auparavant l'Olympe, tandis qu'il continuait à parler, faisant abstraction de mes supplications.
-"Notre fin est si proche ! Quelle ironie pour des dieux funéraires n'est-ce pas?"
Je hochais la tête. Le Destin était parfois doté d'un humour noir.
Nous étions les seuls qui résistaient encore.
Tous les autres étaient déjà morts.
Nous étions maintenant les seuls encore debout. Les seuls dieux.
Les derniers Olympiens.Ce sera bientôt notre tour pensais-je. Il n'y avait aucun échappatoire à cette folie.
L'immense maelström se rapprocha de nous, masse noire d'encre, une promesse de non retour.
Nous ne pouvions plus fuir, c'était la fin.
Nous disparaissions. Littéralement.Hadès, qui ne pouvait plus parler du fait de la douleur devenait peu à peu translucide et tendant mes mains, je m'aperçut que Le même phénomène se produisait pour moi.
Je fermais les yeux, serrant la main de mon frère dans les miennes. La Mort mourrait dignement, Comme tous ceux qu'elle avait cueilli.Mais rien ne se produisit. J'ouvris les yeux et
à ma grande horreur, je vis que si ma chair était redevenue opaque, Il n'en était pas de même pour l'homme qui reposait dans mes bras.
Il me regarda, une unique larme au coin de l'œil, l'air serein et reposé, un sourire au coin de sa bouche, avant de Partir en une multitude d'étincelles.
Je tentai de le rattraper dans mes bras, Mais sans succès...
Sans que mes yeux puissent comprendre ce qu'il se passait, je me retrouvais seul sur une plaine déserte, sans aucune trace du maelström.
Je compris alors que mon seul ami venait de se sacrifier pour moi.À genoux, courbé sur la cruauté du Destin, alors que la solitude plantait enfin ses griffes dans mon âme immortelle, que des larmes se déversaient en torrents sur le champ de ruines qu'était devenu l'Olympe, j'entendis un chuchotement:
-"Thanatos tu dois survivre pour nous tous.
Tu dois continuer à arpenter cette Terre, toi qui a été,est et sera craint par l'humanité, toi qui leur perdurera lorsque tous disparaîtront.
Ne dit-on pas que la Mort est immortelle ?"
Je Le voyais me faire un clin d'œil comme toujours lorsque mon fardeau me paraissait trop lourd et qu'il tentait de me consoler.Je respirais lentement,essayant de retenir les paroles qui s'accumulait de plus en plus dans ma gorge, hélas sans pouvoir sortir.
Je voulais lui dire que ce n'était pas vrai, qu'il resterait à mes côtés , que même s'il disparaissait , ce n'était pas moi qui devait survivre mais lui. Toujours.
Mais comment l'aurais-je pu? Il était déjà parti.
Et j'étais seul. Si seul.Devant la face du monde, devant la disparition d'Elpis et de mes semblables, j'exprimais ma douleur et mon désespoir, la perte de mon ami et roi, la perte de mes parents.
Je suppliais n'importe qui de me rendre ma famille, peu importe le prix.
La Mort hurlait son ultime peine.
Je restai prostré au sol,la voix éteinte, les yeux vitreux et glacés, pendant des Minutes, des heures et des jours entiers.J'étais seul.
Je me levais finalement, désormais insensible, et tournais le dos au lieu à présent maudit qui m'environnait.
Je partis le cœur brisé, seule âme en peine dans les ruines encore fumantes malgré le temps passé, errant dans les cendres et colonnes effondrées...
Pleurant la chute d'un âge et la chute des dieux, et pleurant enfin mon propre sort...
Attendant une mort qui ne viendrai jamais , l'oubli définitif de mon identité,la culpabilité étreignant mon cœur sanglant, glaçant mon être tout entier,
Et leurs derniers mots à tous résonnaient dans l'air, promesse des vivants aux morts:
"N'oublie jamais "...🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫🌫
Voilà le prologue constitué de 1092 mots ^^ j'espère que vous avez aimé !
C'est une révision améliorée et plus détaillée par rapport à précédemment (passage de 300 mots à plus de 1000 quand même !) Mais j'ai tout de même souhaité garder le même ton.
À la prochaine :)
Isis
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Thanatos
ParanormalEspoirs de l'Olympe Livre I Nous étions des milliers, il n'en reste plus qu'un. Tous ont disparus, me laissant seul et une promesse de ne jamais oublier. Des millénaires plus tard , des adolescents ne soupçonnent pas l'héritage qui pèse sur leurs é...