22.

801 61 9
                                    

La victoire était un sentiment indescriptible et bien plus agréable que la défaite. Ebony s'était réveillée de bonne humeur ce matin. La jeune fille s'était réveillée tôt et avait déjeuné seule avec son iPod. Le camp était silencieux, tout le monde dormait. La veille avait été plutôt agité, l'équipe n'avait pas hésité à fêter victoire en foutant le bordel, au plus grand désespoir de l'équipe de Louis et des animateurs.

Le camp était désert. Ebony se dirigea alors vers son endroit préféré : les terrains. Si elle avait pu, elle aurait certainement dormi là-bas. C'est avec joie, qu'elle découvrit qu'un ballon avait été oublié lors du rangement. Malgré ses simples baskets en toile et sa cheville qui la gênait un peu, elle ne put s'empêcher de faire quelques jongles et de tirer quelques balles.

- J'étais sûr de te retrouver ici, l'interrompit une voix, tu ne devrais pas encore être en train de dormir profondément dans ton lit ?

La blonde se retourna vers son interlocuteur avec un sourire.

- Tu digères si mal la défaite Tomlinson ?

Louis leva les yeux au ciel.

- Je venais juste, en paix, pour te regarder jouer, mais je peux partir si tu veux.

Pour réponse, Ebony lui renvoya la balle.

- C'est toi qui laissais tous les ballons trainer, pour que je puisse jouer non ?

- Je plaide coupable, murmura le jeune homme en lui renvoyant la balle.

- Pourquoi ?

Louis haussa les épaules. Cette conversation devenait bizarre, pourtant Ebony savait qu'elle ne pourrait y échapper. La jeune fille scruta l'entraîneur : il avait les cheveux en bataille, ses yeux marquaient un état de fatigue mais un léger sourire s'affichait sur son visage. Son débardeur laissait paraître quelques-uns de ses tatouages. Il était nerveux, il jouait avec ses mains.

- Tu n'es pas venu ici pour me voir jouer n'est-ce pas ?

- Effectivement.

- Je t'écoute.

- Viens t'asseoir en face de moi, murmura Louis en s'asseyant à même le sol, les jambes croisées comme un enfant.

Ebony le rejoignit.

- J'ai promis à ta mère de te la donner quand je jugerais que c'était le moment. Et je pense que ça l'est, dit-il en sortant de sa poche une enveloppe.

- Ma mère ?

Louis hocha la tête et Ebony ouvrit l'enveloppe et en sorti une lettre.

- Ebony, commença-t-elle à lire à voix haute, si tu lis cette lettre c'est que tu es arrivée haut dans la compétition, que tu t'es battue pour les autres mais j'espère aussi pour toi. Le football a toujours été une passion pour toi, un art de vivre, même si ces dernières années ont été compliqué, si tu n'as plus réellement joué depuis...depuis Tim.

La blonde jeta un coup d'œil à Louis, guettant une réaction. Lors des premiers jours, elle lui avait dit qu'elle était dans un club, depuis 10 ans. Elle n'avait pas mentionné qu'elle avait arrêté de jouer il y a 3 ans, elle allait aux entraînements, quelque fois, mais elle n'avait plus joué en compétition depuis 3 ans. Ebony était toujours dans les tribunes, sur la touche, elle bandait les chevilles blessées, tendaient les bouteilles d'eau. La pelouse verte lui rappelait trop son frère. Tim c'est pour lui qu'elle avait commencé le football, c'est lui qui l'avait accompagné à son premier match, c'est lui qu'elle voulait rendre fière, puis du jour au lendemain il était parti, disparu. Sa mère avait raison, elle avait toujours raison : elle s'était surtout battue pour les autres, pour Luke, Ehana, Andrew, toute son équipe. Mais elle s'était battue pour elle aussi, pas pour les mêmes raisons, pour cacher son mal-être, cacher sa douleur, même si elle avait craqué ce jour-là, devant Louis. Lorsque sa mère lui a annoncé qu'elle partirait dans ce camp, à l'autre bout de la France, elle lui en avait voulu, mais sa mère le lui avait fait promettre. Elle pensait atterrir dans un milieu compétitif, fait de coups bas et d'hypocrisie, un milieu rempli de prodiges, avec non pas une cuillère en argent dans la bouche mais des crampons en argent aux pieds. Mais elle s'était trompée. Des prodiges il y en avait, même beaucoup. Des gamins riches, il y en avait aussi, mais ils ne s'affichaient pas. La compétition « tait présente, mais les coups bas inexistants. D'ailleurs elle était certainement la personne la plus compétitive : c'était la première soirée qui lui avait ravivé ce sentiment, et l'équipe qu'elle formait, la volonté de gagner n'avaient fait que de le renforcer.

Summer Camp [l.t]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant