Le silence dans la maison me pesait plus que je ne voulais l'admettre. La télé crachait des images que je ne regardais même pas, un bruit de fond insipide, une tentative désespérée de combler le vide, mais ça n'y faisait rien. La solitude me frappait de plein fouet. Je portais un vieux t-shirt et un pantalon de pyjama, comme si m'habiller autrement aurait été une insulte à ma solitude. Une façon de marquer ma propre défaite.
Caleb et Skills étaient partis depuis plusieurs heures. Je savais que Koen était là, quelque part, mais l'idée d'être seule avec lui dans cette maison ne m'avait pas encore vraiment frappée. Je n'avais pas réalisé que c'était devenu une situation inévitable.
J'aurais dû le savoir.
Le bruit de ses pas brisa le silence. Lents, mesurés. Déterminés. Je ne bougeai pas. Je n'osai même pas tourner la tête. Peut-être que s'il me voyait, il passerait son chemin, peut-être qu'il trouverait une autre distraction, un autre moyen de remplir le vide. Mais c'était une erreur. Sous-estimer Koen.
— Debout. On sort.
Sa voix claqua dans l'air comme un fouet, me tirant brutalement de mes pensées. Un sursaut m'échappa. Mon cœur se serra, et je me retrouvai figée, un frisson d'irritation me traversant. Pourquoi ce ton ? Pourquoi cette autorité ?
Je pivotai lentement, le trouvant dans l'encadrement de la porte. Koen. Il se tenait là, imposant, comme une silhouette découpée dans l'obscurité, une chemise noire légèrement déboutonnée au col, son regard plongé dans le mien avec une froideur absolue. Pas une once de douceur, pas le moindre compromis.
— Quoi ? Maintenant ? La surprise et la frustration s'entremêlaient dans ma voix, mais je n'arrivais pas à cacher ma réticence.
— Oui, maintenant, répondit-il, sans la moindre hésitation, sa voix tranchante, sans appel. Tu voulais comprendre ce monde, Perle. Tu es toujours pleine de questions. Ce soir, tu vas avoir quelques réponses.
Je restai figée un instant, l'espace d'un souffle. C'était sérieux. Bien sûr que c'était sérieux. Koen n'était pas celui qui plaisantait, celui qui se laissait impressionner par des prétextes. Cet homme ne faisait que ce qu'il voulait, et moi... moi je n'avais visiblement pas le choix.
— Je suis en pyjama, articulai-je, espérant naïvement qu'il verrait la logique derrière cet argument. Peut-être, juste peut-être, qu'il céderait.
Il fronça légèrement les sourcils, à peine, avant de détourner son regard, comme s'il venait de décider que ça ne comptait pas.
— Trois minutes. Sa voix se fit plus froide, plus ferme. Si tu n'es pas prête, je te fais sortir comme ça.
Une bouffée de colère m'envahit instantanément. Sérieusement, Koen ? Qu'est-ce que c'était que ce truc ? Je ne pouvais pas croire que ce mec avait les tripes de me parler comme ça, sans la moindre considération pour mon avis. Rien. Il ne se souciait de rien. Et pourtant... il avait ce regard, cette intensité qui me faisait bouillir à l'intérieur. Ce regard...
— Sérieusement ? Tu pourrais demander au lieu d'ordonner. J'étais enragée, la frustration s'écoulait de mes mots comme un poison. Mais il ne s'arrêta pas.
Il lança simplement, sans se retourner :
— Ça ne changerait rien.
Je bouillonnais. Ce mec allait me rendre folle, c'était une certitude. Je savais que je devais le suivre, je savais que j'étais en train de m'enfoncer dans son univers, dans ses règles, dans son monde où il n'y avait pas de place pour les hésitations. Et pourtant... il avait cette manière de me séduire, ce pouvoir sur moi, cette putain d'attitude qui me déstabilisait. Comment il faisait ça, bordel ? Comment pouvait-il être aussi agaçant et ... sexy à la fois ?
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Le masque de l'ombre
RomanceJe pensais que l'ennemi, c'était ce monde tordu que je détestais, celui que mon père et Caleb ont façonné avec leurs mains tâchées de sang. Mais à mesure que je plonge plus profondément dans cette noirceur, je comprends que je me trompais. L'ennemi...