3 Mois

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Je viens d'arriver à la mairie. Avant d'effectuer des travaux, je me dois de demander des informations au maire ou au moins, au secrétariat.

La femme devant moins me paraît jeune mais austère. Elle me fait penser à Geneviève, la sœur d'Arthur. Ses cheveux bruns sont repoussés et attachés en un chignon qui ne laissent aucun cheveu dépasser. Ses yeux marrons perçant sont recouverts de mascara finement posé. Les lunettes de la secrétaire en face de moi sont ce qui la différencie de mon ex-belle-sœur.

— Que puis-je pour vous ? Me demande une voix suraigüe.

Ah ben non, ça aussi, c'est différent de Ginny.

— Euh... Bonjour, je viens pour avoir des informations concernant un aménagement.

— Très bien, si vous voulez, notre maire est disponible dès maintenant. Voulez-vous que je le prévienne ? Vous aurez sûrement plus d'informations.

— Je veux bien.

C'est ainsi que la secrétaire appelle un numéro que j'imagine être celui du maire. Après lui avoir demandé s'il pouvait recevoir, Mathilde, de son apparent prénom, me demande de la suivre dans un long couloir qui amène à une porte où est gravée « bureau de Monsieur Le Maire Henson ».

La dernière fois que je suis venue, c'était encore Thomas, le père d'Herros qui occupait ce bureau.

Mathilde toque puis m'indique que le maire sera disponible d'ici quelques secondes avant de me laisser en plan devant la porte.

En effet, une fois la secrétaire partie, la porte s'ouvre. C'est un homme plus grand d'au moins deux têtes et aux traits sévères qui se trouve en face de moi. Après une seconde où il m'épie de bas en haut, ses lèvres se relèvent et il a l'air de sourire, ce qui ne lui va franchement pas.

Il me propose d'entrer, ce que j'accepte. Je m'assis sur le fauteuil pendant que lui fait de même sur son siège de bureau.

Sa posture est telle un homme d'affaire. Pourtant, il est là, un mardi matin devant moi dans une mairie de village qui ferait presque tache sur une carte géographique. Je n'arrive pas à l'analyser, mais lui, il parait s'y donner à cœur joie.

— Que puis-je faire pour vous, Mademoiselle Morgan ?

Comment a-t-il connaissance de mon prénom alors que je ne me remémore pas son visage ? À moins que j'aie aussi oublié son existence.

Ses yeux me fixent et j'ai peur de ne pas me souvenir de qui se trouve devant moi. Je suppose que s'il est maire, c'est qu'il a la confiance des habitants et donc que je l'ai forcément déjà vu.

— Comment connaissez-vous mon nom ?

— Allons, nous sommes dans un petit village. Tout le monde ici est au courant que vous revenez après le décès de votre père.

Je ne réponds rien, mais cette information me gêne : pourquoi Flora s'est-elle sentie obligée de prévenir tout le monde de mon retour ? Je sens comme une honte s'emparer de moi : la fille de Marius revient dans son bled natal après avoir échoué dans sa vie amoureuse.

— Alors ? Pourquoi êtes-vous ici ? Réitère-t-il sa demande en soutenant mon regard de son aire froid.

— Je... je viens pour des renseignements concernant un aménagement d'un commerce et d'un logement.

— Vous voulez emménager ici ?

— Ou-oui... En fait, le bâtiment qui était avant un magasin de pêche a un étage qui appartenait aussi à mon père. Je voudrais y aménager ici un appartement où je vivrai plus tard.

Le Vol de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant