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"Les larmes invisibles qui coulent à l'intérieur, sont les plus difficiles à sécher"

Caleb

- Caleb.. murmure-t-elle la voix tremblante.

Je me sens perdu entre la réalité et mes pensées. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar, c'est un cauchemar en réalité. Ça ne peut pas être vrai, elle ne peut pas avoir vu ce que je m'efforce de cacher depuis quatre ans, je ne peux pas y croire. Comment je vais me sortir de cette situation? je lui raconte quoi comme mensonge pour lui faire croire que ce n'est rien de grave, évidemment que ça l'est et évidemment qu'elle n'est pas naïve au point de croire que c'est anodin.

Je sens l'angoisse prendre possession de mon corps très rapidement, ça commence d'abord par une boule dans mon ventre puis une pression désagréable qui obstrue ma gorge. Ma tête se met à tourner et je tremble sans réussir à les contrôler. Mes pensées sont en pagaille, je ne sais plus où donner de la tête, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire, je veux tenter de m'enfuir mais mon corps est figé, complètement figé. Le regard de Alba ne me lâche pas et ça m'oppresse de plus en plus, je sais qu'elle se pose des questions, qu'elle se demande d'où viennent ces blessures mais je ne peux pas lui dire, c'est impensable, impossible. Je sens ma respiration s'accélérer et je comprends très rapidement qu'une crise d'angoisse arrive.

- Eh eh eh Caleb! Ça va aller, ça va aller d'accord? il faut que tu te concentres sur autre chose.

J'entends sa voix mais les bourdonnements dans ma tête s'intensifient et j'ai cette impression que je vais mourir ici, dans cette salle de bain, accompagné d'Alba. Ça ne me déplairait pas tant que ça, je pense que c'est la seule solution pour que je puisse enfin être tranquille, je ne suis pas sûr que la vie ait encore quelque chose à m'offrir et je préfère mourir ici, avec comme dernière vision Alba que dans mon salon avec comme dernier visage celui de mon père. J'en viens donc à prier très très fort pour que cette crise d'angoisse me tue, je l'espère du plus profond de mon âme et je ne pensais pas que cela allait arriver un jour. Je pensais réellement que l'espoir allait suffire à me faire tenir mais je me suis trompé, l'espoir ça aide mais ce n'est pas assez. J'y ai cru, depuis la mort de mon frère, j'avais espoir de me sortir de cet enfer et de pouvoir enfin commencer à vivre ma vie comme je l'entends mais plus ça va et plus je me rends compte que je suis condamné. J'aurais voulu être plus combattif, ne pas abandonner après tout ce que j'ai endurer, dire merde à mon père et quitter cette maison qui a des allures d'enfer quitte à vivre dans la rue mais je n'ai plus de force, je suis fatigué et je n'ai plus aucune envie de me battre ni d'être sauvé. C'est peut être pour ça que j'ai toujours tout gardé pour moi et refusé tout aide qu'on me proposait, inconsciemment, je savais déjà que j'allais abandonné ce combat, ça fait plus de quatre ans que je ne vis plus mais que je survis et c'est clairement pas une vie.

Je n'entends plus rien à part mes battements de cœur qui ne cessent de s'accélérer, j'ai cette impression que mon cœur va lâcher, que je vais faire une crise cardiaque. Je me suis toujours demandé si c'était douloureux, j'ai ma réponse, ça l'est. J'ai l'impression que mon cœur va s'arracher de ma poitrine, il frappe tellement fort comme s'il tentait de s'échapper de mon corps et je déteste cette sensation. J'ai des frissons, je crois que j'ai froid ou alors j'ai chaud, je ne sais pas, je ne sais plus rien en réalité, je veux juste que ça s'arrête rapidement. J'aimerais ouvrir les yeux pour voir une dernière fois les yeux vert émeraude d'Alba mais ça m'est physiquement impossible ce qui me donne une dernière raison de détester mon corps. Je me sens de plus en plus faible, je suis persuadé que c'est la fin, que je rends les armes mais d'un seul coup la bulle étrange dans laquelle j'étais plongé explose et c'est comme si je revenais à moi. Je sens un liquide froid  sur mon visage et je devine assez rapidement que c'est de l'eau (pour la seconde fois), j'entends ma respiration sifflante comme si je venais de taper un sprint puis j'entends la voix inquiète d'Alba et pendant quelques secondes je la déteste de m'avoir encore  sauvé de cette crise d'angoisse mais je culpabilise  instantanément sachant que ce n'est pas facile de vivre ça et que je la force à chaque fois de le vivre parce que je ne sais pas gérer mes angoisses.

One Last DanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant