One Last Dance

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"Il existe des êtres qui nous font croire en la vie. De cette douce et belle manière, comme un coucher de soleil sur la mer"

Caleb

24 décembre

Le temps est passé à une vitesse folle. Thanksgiving est passé en un claquement de doigts et j'avoue en être soulagé, je déteste les fêtes depuis la mort de mon frère et le départ de ma mère. J'ai qu'une envie, c'est que cette période passe rapidement parce qu'elle me rend encore plus morose que je ne le suis en temps normal. Le mois de décembre est passé vite, j'ai essayé de garder la face et le rythme au lycée mais c'est de plus en plus compliqué de faire semblant. J'ai beau me dire que je gère la situation, en réalité, je ne gère rien du tout, j'ai l'impression que tout m'échappe et ça m'effraie. Je me laisse transporter par les vagues mais je ne sais pas où elle me mène, elles m'emportent avec elles et je cesse de me battre, je me laisse transporter.

Mon père continue de me frapper, j'essaye d'anticiper son prochain coup, son prochain éclat de colère qui me vaudra de beaux bleus mais je n'y arrive plus, il devient de plus en plus imprévisible cela est sûrement dû aux nombreuses substance qu'il ingère chaque jour, je me demande réellement comment il arrive à faire pour continuer de travailler sans passer pour l'alcoolique et le drogué du coin. Enfin, peut être que les gens le voient comme ça mais qu'ils ont trop pitié de lui pour lui faire la remarque, il est vu comme le père endeuillé et le mari abandonné par sa femme qui doit gérer un gamin qui lui fait vivre la misère. Forcément, c'est des circonstances qui justifient assez bien son addiction. J'essaye de devenir le plus invisible possible, pour qu'il ne me voit pas, pour qu'il ait l'impression que j'ai disparu mais ça ne marche jamais, il sait toujours comment me trouver, ça en devient réellement fatiguant. En parlant d'addiction de mon père, je commence à apprécier de plus en plus la brûlure de l'alcool sur ma langue et dans mon œsophage, c'est une sensation désagréable, douloureuse, qui me fait du mal mais qui me soulage en même temps. À chaque nouvelle gorgée, je me sens plus léger, je sens mes problèmes passer au second plan et ça fait du bien même si à chaque réveil, mon état me rappelle que ce n'est pas la solution et que ça me fait du mal. C'est bizarre que la seule chose qui me permette d'oublier soit également la chose qui me fasse le plus de mal. J'ai essayé d'arrêter d'en prendre après ma première tentative dans la chambre de mon frère, j'ai vraiment voulu, parce que c'est quelque chose qui me dégoûte profondément et qui me fait me haïr un peu plus chaque jour. J'ai l'impression de lui ressembler et je déteste ça, je ne veux pas devenir l'ombre de moi même comme lui l'est mais je crois que c'est bien parti pour.

Jusque là, je marchais sur un fil ténu mais j'arrivais toujours à garder l'équilibre pour ne pas chuter, mais depuis quelques semaines, j'ai complètement perdu l'équilibre et j'opère une chute vertigineuse que je n'arrive pas à stopper. J'ai l'impression de me rapprocher de plus en plus du sol et l'impact me sera fatal, j'en suis persuadé. Je crois que la seule chose  qui m'empêche de subir cet impact immédiatement ce sont mes amis, que ce soit Trevor et Roy ou Alba, May-lee et Inaya. J'ai eu du mal à me faire à ces nouvelles personnes dans mon entourage mais maintenant que j'y suis habitué, je ne peux plus m'en passer. Et je sais que c'est grâce à eux que ma chute ralentit mais cela n'empêchera pas l'impact et je n'ai aucune envie de les précipiter dans ma chute, il faut que je le fasse seul.

On est le 24 décembre ce qui veut dire le réveillon de noël, si d'ordinaire cela signifie passer une bonne soirée avec ses proches dans la joie et la bonne humeur cela n'est pas mon cas. C'est plutôt synonyme de douleur, tristesse et solitude, j'ai juste envie d'aller me coucher ou d'être en janvier en prétendant que cette fête n'est jamais arrivée. Je ne veux rien fêter si je n'ai pas mon frère à mes côtés, je ne peux décemment pas faire ça et puis même si je le voulais, ce n'est pas mon père qui va fêter noël avec moi. J'observe le salon, pièce dans laquelle je ne mets quasi plus les pieds puisque mon père se l'approprie clairement, d'ailleurs ce dernier fait les cents pas dans le salon en buvant au goulot de sa bouteille d'alcool. J'espère qu'il ne s'est pas rendu compte que je lui pique des bouteilles depuis quelque temps, j'en ai fini une avant  de descendre au salon. Je ne sais pas ce que je fais ici, je suis perdu, l'alcool brouille mes sens et je me sens désorienté. Je me demande s'il se rend compte de ma présence où s'il est tellement dans un autre monde qu'il ne me remarque pas. Je ne suis même pas surpris quand je le vois prendre une aiguille et se la planter dans le bras, se déversant dans le sang de la drogue. Je ne suis pas surpris mais déçu, ça me fait de la peine de le voir comme ça, il pourrait en mourir mais ça ne semble pas l'inquiéter plus que ça, je crois que c'est qu'il cherche au fond. Peut être que nous avons plus de points communs que ce que je pensais.