𝟒𝟗. 𝐋𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞-𝐦𝐨𝐢 𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐭𝐞𝐬 𝐣𝐚𝐦𝐛𝐞𝐬

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Mardi 14 janvier, Séoul, Corée du Sud,

Tic-tac. Tic-tac.

Une vingtaine de minutes se sont écoulées depuis mon arrivée dans le cabinet du psychologue. Seuls les bruits de l'horloge murale résonnent dans l'enceinte de la pièce, aussi minimaliste que épurée dans son entièreté. Assis l'un en face de l'autre, je joue nerveusement avec mes doigts, face au silence présenté par l'homme. Il se contente de me regarder, les jambes croisées, un carnet et un stylo entre ses doigts. Il ne semble pas être dérangé par ce mutisme, et son expression sur ma personne ne me montre aucune once de gêne, ni d'impatience. Mon cœur bat au rythme du mécanisme de l'horloge. J'ai chaud. Tout comme je ressens un frisson glacial remonter le long de mon épine dorsale. Le résultat d'un sentiment provoqué par l'anxiété. Une sensation de ne pas me sentir à ma place dans cet environnement qui m'est encore inconnu.

Quand est-ce qu'il compte me parler ? Qu'est-ce qu'il attend exactement, en me fixant avec cet air sibyllin ? Troublé et de plus en plus angoissé, je finis par me racler la gorge, après avoir difficilement avalé ma salive.

— Excusez-moi, prononcé-je d'une voix intimidée, en captant immédiatement l'attention du psychologue. Mais est-ce que vous êtes muet ?

Surpris par ma question, il hausse les sourcils.

— Je suis désolé si je vous ai offensé... Mais depuis mon arrivée, il n'y a que votre secrétaire qui m'a adressé la parole... Alors, j'en ai conclu que vous...

Bon sang, tais-toi, Joshua ! Tu ne fais que t'enfoncer ! Un psychologue muet, tu as vu ça où ?

Un sourire se dessine sur ses lèvres.

— Est-ce votre première fois ?

Première quoi ? De quoi il parle ? me demandé-je, en montrant de la confusion.

— Est-ce que c'est la première fois que vous venez consulter un psychologue ? réitère-t-il avec un peu plus de précision.

— Oh ! soufflé-je. C'est le cas, oui... Désolé, je...

— Tout va bien, me rassure-t-il en posant son calepin, ainsi que son stylo, sur le rebord de la petite table chevet à proximité de son fauteuil. Je peux parfaitement comprendre que cette nouvelle situation peut perturber vos sens. Ce que nous allons faire en premier temps, c'est que vous allez prendre une grande inspiration, avant de tout expirer par la bouche, lentement, pour vous détendre. D'accord ?

En guise de réponse, je hoche la tête, en joignant mes mains moites l'une contre l'autre.

— Très bien. Allez-y. Inspirer, bloquer et expirer.

En suivant ses indications, j'exécute étape par étape, jusqu'à exhaler tout l'air de mes poumons.

— C'est parfait. Recommencez une dernière fois.

Qui l'aurait cru ? Qu'une simple méthode de respiration peut avoir autant d'impact sur l'anxiété ? En recommençant le processus, je perçois mon angoisse s'amenuiser progressivement en moi.

— Merci... murmuré-je, en levant les yeux vers lui.

— Je suis là pour ça aussi, Joshua, dit-il avec bienveillance.

Il se saisit à nouveau de son petit carnet, dans lequel il glisse son stylo en guise de marque-page.

— Pour faciliter cette première séance, je vais vous poser une question à laquelle vous devrez me répondre avec sincérité, déclare-t-il, en ouvrant une page vierge de son calepin. Comment est-ce que vous vous sentez ?

A Nos Âmes ÉcorchéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant