Chapitre 20

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1907:

Le silence qui régnait dans l'immeuble était sur le point de voler en éclats. Anastase, les poings serrés, le visage convulsé par une rage froide, s'apprêtait à déchaîner sa fureur. Ses yeux, d'un bleue sombre, lançaient des éclairs de colère. D'un coup de pied rageur, il défonça la porte de l'appartement d'Endora, la faisant voler en éclats.

Il se rua à l'intérieur, déterminé à mettre l'appartement à sac. Chaque pièce fut méthodiquement saccagée. Les meubles furent renversés, les bibelots brisés contre les murs, les tableaux arrachés et jetés au sol. Sa respiration était saccadée, entrecoupée de jurons étouffés. Ses mains tremblaient de fureur et de frustration.

-Endora hurla-t-il à plusieurs reprises, sa voix résonnant dans l'appartement vide. Il était persuadé qu'elle était là, cachée quelque part, et qu'elle se moquait de lui. "Je sais que tu es là, Endora ! Montre-toi !

Mais il n'y eut aucune réponse. Seulement le silence pesant de l'appartement désert. Anastase sentit la colère monter en lui, une rage froide et destructrice. Il réalisa qu'Endora avait fui, le laissant seul avec sa fureur.

Des minutes durant, il explora chaque recoin, chaque placard, chaque tiroir. Il soulevait les coussins, inspectait sous les tapis, fouillait dans les armoires. Rien n'échappait à son attention. Son obsession pour retrouver le livre originel était telle qu'il en oubliait toute prudence.

Soudain, ses yeux tombèrent sur le journal de Randall, posé négligemment sur le lit. Il hésita un instant. Et si c'était un piège ? Un instant de faiblesse qu'il ne voulait surtout pas laisser transparaître. Il demeura immobile, le temps d'une respiration, puis s'empara fermement du livre.

Quelques secondes passèrent avant qu'il ne s'assoie et commence à le feuilleter. Endora avait pris soin d'annoter le journal de son ancêtre, y consignant ses réflexions et ses découvertes. Des annotations qui permirent à Anastase de suivre le fil de ses pensées.

Son regard s'arrêta net sur un nom, celui de Carmen, entouré à plusieurs reprises. Un petit dessin de livre, surmonté d'un point d'exclamation, fit exploser sa colère. Un rugissement sourd s'échappa de sa gorge. Il jeta violemment le journal, puis hurla, renversant le bureau et projetant une chaise contre le mur.

La rage le consumait de l'intérieur. Il avait l'impression que son cœur allait exploser. Il se leva d'un bond et, les poings serrés, frappa violemment le mur, laissant une fissure profonde dans le plâtre. Puis, il s'empara d'un vase et le fracassa contre le sol, les éclats volant dans toute la pièce.

Reprenant le journal, il le rangea dans son manteau et sortit de l'appartement, laissant derrière lui un spectacle de désolation. Les voisins, terrifiés par le bruit et les cris, jetèrent un coup d'oeil .

Anastase, tel un prédateur au sommet de sa chaîne alimentaire, descendit lentement les escaliers. Chaque pas était une sentence de mort. Les voisins, les yeux rivés sur lui, étaient pris au piège de son pouvoir. À chaque marche, l'un d'eux s'agenouillait, la vie s'échappant de son corps comme un liquide précieux. Leur sang, rouge et épais, traçait un chemin macabre vers Anastase, une offrande silencieuse à son pouvoir.

Il s'arrêta un instant, l'index sur les lèvres, un sourire cruel dans les yeux. Le sang s'enroulait autour de son doigt, obéissant à sa volonté. Il le porta lentement à sa bouche, savourant chaque goutte de vie volée. La douleur et la terreur se lisaient sur les visages des mourants, leurs derniers instants offerts en spectacle à celui qui se nourrissait de leur essence vitale.

Lorsqu'il atteignit le rez-de-chaussée, l'immeuble était silencieux. Un silence de mort. Tous ses habitants étaient devenus les victimes d'Anastase, leur énergie vitale désormais sienne. La rage d'Anastase était palpable, une aura de fureur froide qui emplissait l'espace. Il serra le journal de Randall contre lui, conscient de son échec. Il avait traversé les mers, passé des mois à préparer son voyage, et il devait repartir sans ce qu'il était venu chercher. Carmen l'avait trahi, et cette trahison était une blessure profonde.

Kruh and UaryWhere stories live. Discover now