Kruh and Uary

Chapitre 18

Paris, 1906. La Ville Lumière, encore un peu endormie, commençait à s'étirer. Un brouillard épais enveloppait les toits de zinc, tandis que les premières lueurs du jour perçaient à travers les nuages. L'air était âcre, un mélange de charbon, de café et de cheval. Les rues, pavées de galets, résonnaient sous les pas des premiers passants, des ouvriers pressés se rendant à l'usine, des marchands ambulants criant leurs produits. Les fiacres, tirés par des chevaux hennissants, s'engouffraient dans le trafic naissant.

Place de Clichy, le cœur battait. Les cafés, aux terrasses encore désertes, commençaient à s'animer. Les serveurs, en tabliers blancs, essuyaient les tables de marbre. Les artistes, les bohèmes, les rêveurs, tous se retrouvaient ici, attirés par la promesse d'un monde meilleur, plus libre. L'odeur du café fraîchement moulu et du pain grillé embaumait l'air, tandis que les notes d'un accordéon s'échappaient d'un café, ajoutant une touche de mélancolie à l'atmosphère.

Les femmes, élégantes dans leurs robes à volants et leurs chapeaux à plumes, flânaient sur les trottoirs, tandis que les hommes, vêtus de costumes sombres et de hauts-de-forme, discutaient affaires. Les enfants, pieds nus, jouaient sur les pavés, poursuivant des ballons de chiffon. Les affiches publicitaires, aux couleurs vives, annonçaient les dernières nouveautés : une nouvelle pièce de théâtre, un produit miracle, un cirque extraordinaire. Les odeurs de la ville se mêlaient : le parfum des fleurs des marchands ambulants, le cuir des selles de cheval, le goudron des rues...

Mais derrière cette façade animée, se cachait une réalité plus sombre. Les quartiers populaires, comme Montmartre ou Belleville, étaient souvent surpeuplés et insalubres. La misère était omniprésente, et les inégalités sociales se creusaient. Les ouvriers, fatigués par de longues journées de travail, rêvaient d'un monde meilleur. Les artistes, souvent bohèmes et désargentés, cherchaient l'inspiration dans les bas-fonds de la ville.

Un soir, sous un ciel étoilé, deux silhouettes se détachèrent de l'ombre. Demetria et Uary, arrivèrent sur la place de Clichy. Demetria, avec ses canines sortie étincelantes et ses cheveux ébouriffés, semblait à peine humaine. Uary, plus posée, observait la scène avec une curiosité mêlée d'inquiétude.

-Paris , dit Uary en lisant un journal récupéré dans une poubelle, drôle de nom , pourquoi avoir choisi cette endroit 'Fer rouillé '

- ça à l'air vivant , elle se tourna vers Uary un sourire large, se qui signifie qu'on va bien s'amuser, c'est la fête à Paris . Cria t elle en sautillant

La foule grouillait autour d'elles, ignorant complètement la nature de ces deux étrangères. Demetria, attirée par la lumière des réverbères, se dirigea vers un jeune homme assis seul à une table de café. Son regard se posa sur son cou, une cible parfaite. Uary la saisit par le bras, la retenant.

-Pas question, pas ici, chuchota-t-elle, la voix douce mais ferme.

Demetria se débattit, ses yeux étincelant d'une folie inquiétante.

-Je veux le sentir, Uary ! Son odeur est tellement sucré, tu le sens aussi ... Uary la tira discrètement vers un coin plus sombre. Calme-toi, Demetria. Nous devons nous fondre dans la masse d'abord .

Les vendeurs ambulants criaient leurs marchandises, les musiciens jouaient des airs entraînants, et les passants se bousculaient. Uary repéra un homme , vêtu d'un élégant costume, qui promenait sa main dans sa poche. D'un geste rapide et précis, elle glissa sa main dans la poche de l'homme et en sortit une bourse bien garnie. Demetria, qui l'observait avec admiration, lui fit un signe de tête approbateur.

Elles s'éloignèrent rapidement de la scène du crime, se mêlant à la foule. Une fois à l'abri des regards indiscrets, elles se retrouvèrent dans une ruelle sombre. Uary ouvrit la bourse et en sortit quelques pièces d'or.