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Elizabeth Martynov

J'angoisse à l'idée de me retrouver seule avec monsieur Daniels, chez lui. Pour de vrai, quelle genre de mère laisse sa fille aller à des cours d'appoint chez un nouvel enseignant que personne ne connaît? Ma mère fait beaucoup trop confiance aux gens qu'elle ne connait pas, c'est irrationnel!

- Maman, laisse-moi une dernière chance, je ne veux pas avoir de cours d'appoint, la suppliais-je pour la énième fois.

- Tu disais avoir des difficultés en anglais, maintenant quand je prends la décision de t'inscrire à des cours d'appoint pour que tu t'améliore, tu me fais une scène? Tu vas aller à ces cours et tu vas arrêter de me casser les oreilles.

- Mais...mais qu'est-ce qui te fait croire que cet enseignant pourra réellement m'aider? Et aussi pourquoi des cours chez lui? Tu ne sais même pas s'il pourrait me faire du mal et toi tu...

- J'ai appelé le directeur pour m'informer, j'ai appelé les autres écoles où il a travaillé et tous m'ont recommandé les cours alors maintenant prépare-toi parce que nous sommes arrivées.

Je regarde à l'extérieur et je vois une grande maison assez éloignée des autres. Le terrain est extrêmement grand, il y a plus de verdure que de magasins. Même si je n'ai pas envie d'être ici, je suis charmée par la beauté des alentours...

Je sors de la voiture à contre cœur et je prends une grande respiration avant de m'avancer vers l'entrée avec ma mère. Elle croit toujours ce que les autres lui disent. Même si les autres écoles lui avaient recommandé les cours? Même s'il m'aidait réellement à passer par-dessus mes difficultés en anglais? Il pourrait me faire du mal pendant ces cours. Il pourrait décider de me toucher de façon osée, il pourrait décider de me parler mal, il pourrait refaire les mêmes gestes qu'il a fait en classe alors que nous étions seuls, mais en pire... En plus on ne croirait jamais une vulgaire adolescente. La parole des jeunes est toujours moins puissante que celle d'un adulte dont les gens apprécient.

Ma mère sonne une fois, puis la porte s'ouvre. Je retiens ma respiration en voyant monsieur Daniels. Il est habillé d'un jean et d'un chandail noir simple et cela change beaucoup de ses costumes et cravates. Il a l'air beaucoup plus jeune en ce moment.

- Bonjour madame Martynov, dit-il en serrant la main de ma mère.

Je reste derrière elle, sans dire un mot, mais ma mère décide de me tirer vers l'avant en attrapant mon poignet. Elle m'oblige, d'un regard, à saluer mon prof, ce que je fais rapidement pour ne pas avoir à subir une de ces scènes ridicules.

- Elizabeth, tu peux entrer, m'invite mon enseignant.

Je ne fais pas un bruit et pose mes pieds dans sa maison. Je regarde aux alentour et je suis étonnée de voir à quel point l'intérieur est bien décoré. Je croyais que j'allais atterrir dans une garçonnière un peu en désordre, mais simple.

Le grand lustre à l'entrée, les grandes fenêtres qui laissent la lumière passer à travers des rideaux blancs presque transparent, les murs beiges qui tournent au blanc tellement la couleur est pâle, me charme un peu plus et je me retrouve à adorer le décor.

Ma mère me fait un dernier au revoir, puis la porte se ferme, me faisant sursauter. Monsieur Daniels arrive derrière moi, puis il caresse mon épaule du bout des doigts.

- Pile à l'heure, j'adore, murmure-t-il de sa voix grave, à mon oreille.

J'avance d'un pas pour mettre de la distance entre nous. Monsieur Daniels se met à ricaner légèrement, puis il me fait signe de le suivre. Déjà là, je n'ai qu'une seule envie, c'est de partir. Chez lui, je ne me sens pas à ma place, je suis encore plus angoissée à la façon dont il pourrait agir avec moi. Personne n'est là pour le contraindre d'arrêter, enfin je crois...