Je venais de fêter mon anniversaire quand j'ai vu Eileen s'avancer vers moi, un biscuit dans les mains, alors qu'elle avait tenait son briquet allumé, la flamme vacillante et son index blanchissant à cause de la pression.
- C'est pas glorieux mais c'est l'intention qui compte. Bon anniversaire !
J'avais éclaté de rire avant de souffler sur le briquet qu'elle finit par ranger dans la poche de sa veste en cuir. Ca me surprenait de la voir habillée. Elle avait mis un jeans et un haut blanc à peine décolleté. Je la trouvais encore plus jolie, comme ça, avec ses cheveux relevés et cet air innocent qui ne la quittait pas. Elle m'avait paru encore plus jeune pour le coup. Peut-être qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années après tout.
- Vous servez du café ici ?
J'avais hoché la tête et on avait fini par s'asseoir à l'une des tables du réfectoire. Ca n'avait rien de romantique ou d'idyllique avec l'odeur de soupe dans la pièce et les deux gobelets que j'avais posé sur la table mais elle, ça semblait lui suffire. Ca faisait longtemps que ma « fête d'anniversaire » était terminée mais j'avais promis de tout remettre en état avant mon départ. Il était plus de trois heures mais je m'en fichais. J'avais pas cours le lendemain et le sourire d'Eileen suffisait à me tenir éveillé.
- C'est étrange comme situation... Elle avait commenté. Je sais même pas ton nom. Ni même ton âge. Tiens, t'as eu quel âge ?
J'avais essayé de mentir, de prétendre que je venais d'avoir dix-neuf ans mais Eileen continua de me fixer et je m'étais résigné à lui dire la vérité. Quinze. Eileen n'avait pas cilié. Elle s'y attendait sûrement et c'était sans doute notre différence d'âge qui rendait la rendait inconfortable. Moi, je me sentais bien, pourtant. Je l'avais près de moi, pour moi, et je souriais tout le temps.
- Tu fais du foot ? Je te vois avec tes copains dans le parc des fois.
- Mmh... Ouais. Je suis pas très bon, en fait. Je les regarde la plupart du temps.
- Tu devrais plutôt venir me regarder, elle m'avait lancé.
- Je le fais déjà, ça.
Eileen avait baissé la tête sur son café et avait tenté de masquer son sourire mais c'était trop tard, je l'avais déjà vu. Et j'étais fier de moi. Je l'observais depuis presque six mois et elle aussi, elle m'avait repéré. Peut-être pas de la façon dont j'espérais mais je sentais mon cœur se gonfler d'amour. Je l'aimais tellement, cette fille sur Clarendon Street alors qu'elle ne connaissait de moi que mon âge et bientôt, mon nom.
Plus tard, on se trouva des points communs. Des groupes qu'on aimait tous les deux, pour la plupart. J'avais sorti mon Ipod pour lui donner les titres les plus écoutés de mon appareil où les morceaux qui composaient mes différentes playlists. Elle, elle citait ses chansons préférées comme ça, de mémoire, et elle chantonnait parfois les musiques que je dictais. Je lui donnai aussi quelques bons groupes, pas trop connus, qu'elle aimerait. Elle avait sorti un morceau de papier de son jeans pour griffonner les titres. Je pris soin de regarder son écriture et là encore, je tombai amoureux. Elle s'appliquait à écrire chacune des lettres, sans négligence. Elle prenait soin d'écouter mes conseils avant de noter le titre et on avait fini dehors, à écouter des chansons de mon Ipod, alors que j'attendais le prochain bus et elle, son prochain client. C'était cinq heures du matin et je venais de tomber amoureux pour la première fois. A cause d'un détail : La fossette sur sa joue droite que je remarquai alors que le bus m'éloignait d'elle.
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white sheets.
Romance"Elle réalise soudain que la solitude, dans laquelle elle est née, l'oblige à toujours acquiescer. Si elle avait eu le choix - mais ce mot n'existe ni dans sa condition, ni dans son vocabulaire -, elle aurait dit “Non”. Elle l'aurait même hurlé."