Eileen, elle avait cette façon étrange de toujours toucher mon bras. A chaque fois que je la faisais rire, quand elle venait à ma rencontre pour me saluer ou même pour simplement rester en contact. Et j'aimais ça, moi, la sentir près de moi. Parfois, j'aurais aimé que ce soit d'une autre manière. J'aurais aimé caresser sa peau nue, sentir son corps se courber sous moi ou embrasser chaque parcelle de son corps mais je savais ce rêve inaccessible donc je m'étais contenté de l'aimer différemment. J'aimais ses mains qu'elle était toujours en train d'activer. Elle avait cette façon typique des gens du Nord de toujours faire de grands gestes en parlant, d'accentuer ses « h » et de faire rouler des lettres improbables. Elle avait aussi cette manie étrange de tout ordonner autour d'elle, de tout remettre à sa place. Comme un TOC. Et j'avais trouvé ça ironique alors que sa vie était un vrai bordel. Comme si, puisque son univers était incontrôlable, elle devait remettre à sa place chaque élément qui l'entourait. Y compris moi. Elle aimait que je sois à ma place, toujours auprès d'elle. Et depuis qu'on se voyait, j'avais l'impression qu'elle passait moins de temps sur le trottoir. Ce n'était qu'une illusion sans doute mais j'aimais me dire que tout ce temps passé avec moi était du temps en moins à passer avec ces gars aux pensées lugubres. Mais je savais que quand elle quittait le refuge avec moi, c'étaient ces types qu'elle allait retrouver et moi, je ne restais que le garçon de quinze ans qui la faisait rire quand la vie était vraiment moche avec elle et que son ciel était tout gris, comme le maquillage qui avait coulé sous ses yeux sombres.
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white sheets.
Romance"Elle réalise soudain que la solitude, dans laquelle elle est née, l'oblige à toujours acquiescer. Si elle avait eu le choix - mais ce mot n'existe ni dans sa condition, ni dans son vocabulaire -, elle aurait dit “Non”. Elle l'aurait même hurlé."