A nos héros, migrants clandestins

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"Vos yeux prophétisent une douleur" Tchicaya U Tam'Si

Frères, votre enfer me fend le cœur,
C'est lame soudain, qui me traverse la poitrine,
Et me voici déchiré, sans voix, je dis révolté,
Et mon âme, aussi profonde que l'abîme des eaux,
Est emplie de larmes et de bile,
Lorsque je vous chante cette élégie,
Mes frères noirs au visage de cendre,
Que les gouffres amers cruels engloutissent,
Tel un monstre sanguinaire, jamais repu.
Votre calvaire, mon calvaire, votre malheur, mon malheur,
Votre odyssée, Dieu, quel dénouement tragique !
Et aucun Homme n'élève la voix,
Et le monde regarde, complice,
Honte aux Hommes au cœur de pierre !
Car c'est de l'Homme qu'il est question
Et point de choses ou d'animaux.
Vous, mes frères noirs, dont les corps gisent
Sur les flots, comme dans un champ de bataille,
Les flots, cimetière de mes ancêtres esclaves, jadis,
Vous mes frères sombres et clairs, au visage de tristesse
Et aux rêves brisés par le désespoir, les horreurs et terreurs:
Eh quoi ! un enfant pleure, une femme enceinte souffre le martyre,
Des hommes meurent de faim et de soif dans les ténèbres des cales...
Ah ! Seigneur terrible à mon cœur, ma douleur est comble !
Silence pour nos frères, nos héros. Honneur et dignité.

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