Changement de programme

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Je n'en reviens pas. Je m'attendais presque à tout, mais pas à ça. Je me rend compte aussi que j'ai dû m'avancer un peu pendant le discours et je me retourne donc vers Alix et Myron... pour m'apercevoir que ce dernier n'est plus là. Je ne sais pas si il est parti durant le discours ou juste à la fin. Tant pis je le verrai plus tard.

je me tourne encore et regarde autour de moi. Tout le monde est fébrile, étonné, inquiet, pressé de tout voir se terminer mais en même temps tellement anxieux parce que tout va changer. Absolument tout ce que nous connaissons va changer. En fait, je ne sais pas si il y a vraiment un mot pour définir l'ambiance qui règne dans la salle. Beaucoup de monde se sont regroupés en petit groupe pour discuter de l'annonce qui vient d'être faite, et un brouhaha terrible s'élève.

Cependant, je n'ai pas particulièrement envie de me joindre à eux et Alix non plus. Nous allions donc sortir quand je vois mes parents se frayer un chemin vers nous.

- Katarina, tu peux rentrer avec nous ? On voudrait te parler.

Ma mère, qui a visiblement prit conscience de mon départ imminent me regarde avec des yeux emplis de peur.

- Maman... je ne vais pas partir demain tu sais... il nous reste encore un peu de temps.

- Bien sur qu'on le sait, mais trois semaines ça va passer très vite. Viens, s'il te plaît.

- Ok.

Vaincue devant ses yeux tristes, je suis mes parents jusqu'à notre cellule, après avoir dis au revoir à Alix. Ils semblent encore plus stressés qu'avant l'annonce, et me rendent moi même plus que nerveuse. Finalement, une fois arrivés, je n'ai droit qu'à une discussion sur l'importance d'être prudente, de rester en groupe, de ne pas prendre de risques inutiles. Bon, en fait c'est surtout mon père qui me dit tout ça, car je vois bien que ma mère est trop occupée à se retenir de pleurer. Je les rassure brièvement et file me coucher avant qu'ils ne pensent à d'autres recommandations à me faire. Je n'ai pas besoin qu'ils me rendent moi-même inquiète. Oui parce que après réflexion je pense que cette nouvelle n'est pas si terrible. Après tout la Quatrième génération a été entraînée dans ce but, alors trois ans ou trois semaines... quelle importance? Nous savons depuis toujours quel sera notre rôle une fois ce voyage fini, alors ce n'est pas un choc si grand.

Le lendemain matin, mon enthousiasme a disparu et mes craintes du début sont revenues... je dirais même qu'elles ont grimpé en flèche durant la nuit. Je me calme avant de sortir de ma chambre, respire un bon coup et ouvre la porte. Je croise ma mère dans le séjour juste avant de sortir. Elle a l'air plus sereine qu'hier soir, même si je me doute que son inquiétude ne s'est pas totalement envolée pendant la nuit, ou bien comme moi elle se force à prendre un air plus détendu pour ne pas inquiéter les autres.

Je sors dans le couloir après avoir salué ma mère et, comme tout les matins, mon meilleur ami m'attend devant sa cellule, les mains dans les poches, l'air vague. Je vais alors vers lui d'un pas décidé.

- Salut Myron ! Je t'ai pas vu hier après le discours, t'es pas resté jusqu'à la fin?

- Si si, j'ai juste zappé la parti "merci d'être venu" à la fin.

En parlant il me mime les guillemets. Sa remarque me fait sourire car je sais bien ce qu'il pense de toutes ces formules de politesse et autres chichis, inutiles selon lui.

- Et bien je t'accorde que tu n'as pas loupé grand chose. Mais sinon, sans rire, je m'inquiète un peu quand même, je suis pas sûre qu'on soit prêts Myron... Tu te rends compte ? On va quitter la Station. On va sortir pour la première fois de notre vie ! La dernière fois que ces portes là ont été ouvertes et la Station posée c'est quand nos arrières grands parents sont montés dedans ! Hier je me suis dit, ça va aller, on est fait pour ça, et c'est pas faux, mais honnêtement, on sait même pas ce qu'on va trouver là-bas...

- Kate!

Myron m'interrompt dans ma lancé, le visage tourné vers moi, les sourcils froncés et l'air sérieux. Je reprend ma respiration. Ok, je suis peut-être un peu plus nerveuse que ce que je pensais, et je frôle la crise d'angoisse dès le matin. 

- Calme toi, ça ira.

Je sais bien que niveau réconfort, je n'aurai pas mieux de sa part. Alors je m'en contente pour l'instant, et nous poursuivons notre chemin en silence jusqu'à la salle d'entraînement. Là, je salue d'un mouvement de tête quelques personnes plus ou moins proches, et nous nous avançons encore un peu. Je regarde si je vois Alix, mais dans le troupeau qui attend l'ouverture de la salle, je n'arrive pas à le repérer, et ça m'embête.

Voilà un moment que les portes de la salle auraient dû s'ouvrir. Tout le monde se demande ce qui se passe, car c'est bien la première fois que ces grandes portes ne s'ouvrent pas à l'heure. J'entend les suppositions chuchotées de partout, les murmures inquiets et les conversations joyeuses de quelques uns appréciant ce répit inattendu. Myron à côté de moi semble, comme d'habitude, totalement imperméable à tout ce qui passe autour, et je n'ai plus la motivation pour tenter d'engager la conversation. De plus, entre temps, Alix nous a rejoint et, appuyés l'un contre l'autre, nous attendons tranquillement l'ouverture.

Finalement, après trente minutes d'attente, les portes s'ouvrent et le silence se fait. Pour une fois, ce n'est pas un mais trois entraîneurs qui nous accueillent. Ils nous font signe d'entrer, se placent au centre de la pièce, et chuchotent encore quelques minutes entre eux avant de s'adresser à nous.

Si ils se sont consultés, c'est pour mettre en place un nouveau planning d'entraînement beaucoup plus intense. Sans espérer condenser trois ans d'entraînement en trois mois, il faut néanmoins aborder toutes les notions les plus importantes. Il faut aussi renforcer au maximum notre physique, car sur la nouvelle planète nous ne sommes pas sûrs de la réaction de notre corps, et nous risquons de perdre de la masse musculaire.

Enfin, leur dernière déclaration est celle qui m'intrigue le plus. Quelques jours avant la fin du voyage, les entraîneurs nous dévoileront la composition des groupes d'action, composés de quatre à six personnes. Personne ne nous avait jamais parlé de ces groupes et la nouvelle a réveillé tout le monde. Exclamations d'angoisse, d'impatience, de satisfaction ou de mécontentement fusent en même temps. Et les entraîneurs ont bien du mal a obtenir à nouveau le calme, car, à présent, ce que tout le monde attend c'est la répartition !



Quatrième Génération Où les histoires vivent. Découvrez maintenant