Réveil dans l'espace

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Si j'avais su que cette journée marquerait un tournant dans ma vie, je crois que j'en aurais tremblé d'excitation toute la journée, tant mon futur s'annonçait grandiose. Il s'annonçait aussi très dangereux, mais ça non plus je ne le savais pas... 

A cet instant, alors que la station s'éveille plus ou moins doucement, je suis encore plongée dans ma routine, et je m'éveille doucement.

À travers mes paupières closes, je devine sans mal les lumières qui viennent de s'allumer, m'indiquant sans erreur possible qu'il est déjà sept heure. Ces foutues lampes se sont toujours allumées à sept le matin et se sont toujours éteintes à vingt deux heure le soir, encore mieux réglées que n'importe quelle horloge. Et ce matin ne doit certainement pas faire exception. J'ouvre les yeux et me tourne vers mon réveil : sept heure. Oui, je l'aurais parié. Ne souhaitant pas particulièrement arriver en retard à l'entraînement, je me force à m'extraire de mon lit. Un bref passage par la salle de bain plus tard, et une fois habillée, je rejoins ma mère dans la pièce de vie. Cette dernière se prépare à partir travailler au centre de préparation et de distribution de nourriture, alors que mon père ne devrait pas tarder à rentrer de son boulot de nuit au centre technique. J'avale donc rapidement mon petit déjeuner et sors de notre cellule.

J'aperçois alors mon meilleur ami qui m'attend, appuyé contre le mur, à côté de la porte de sa propre cellule. Il ne m'a pas encore remarqué et, légèrement mélancolique, j'en profite pour l'observer un peu. Myron semble tout simplement éteint. Pourtant, ce ne fut pas toujours le cas. C'était un garçon plutôt souriant avant, travailleur mais qui pouvait aussi être espiègle ou joueur. En somme, un garçon tout à fait normal pour son âge. Mais cela fait maintenant trois ans que j'ai presque perdu mon meilleur ami. Enfin pas "réellement" perdu, puisque je le vois tout les jours, mais nous ne partageons plus autant de choses. Depuis l'exécution de ses parents, pour des raisons classées défenses par nos dirigeants, Myron a rompu tout contact avec toutes personnes autres que moi. En fait, pour être tout à fait honnête, Myron est dans son monde, même avec moi, mais quelques fois on peut parler un peu, et là j'ai vraiment l'impressions de le retrouver. En plus, le fait qu'il ait obtenu une dérogation au vu de son âge pour pouvoir vivre seul avait semblé être une bonne nouvelle à l'époque... mais je n'en suis plus aussi sûr aujourd'hui. Peut-être aurait-il été plus sage de ne pas lui permettre cette solitude...

- Kate, tu rêves encore... Et si c'est ça, tu aurais dû rester couchée.

Sa voix grave, et déjà un peu renfrognée, me sorti de mes pensées.

- Pas du tout! Et puis viens nous allons être les derniers arrivés!

Oui, Myron a changé, mais si je suis la seule a pouvoir encore avoir son attention, ne serait-ce qu'un petit peu, alors je serais celle qui le ramènera parmi nous et qui lui redonnera le sourire. C'est un peu une promesse que je me suis faite à moi même, et je jure de m'y tenir tant que je n'aurais pas réussi.

- J'ai vu Alix ce matin.

Oh mince! Alix, mon petit ami, je l'avais presque oublié celui là. Et sur le coup je m'en veux un peu de ne pas penser assez à lui.

- Comment ça tu l'as vu ce matin ? Et puis où ?

Je l'interroge vivement, pour une fois qu'il semble enclin à discuter un peu.

- Il est passé pendant que je t'attendais, il m'a salué d'un signe de tête, c'est tout.

- Oh...

Je suis un peu déçue quand même qu'il ne m'ait pas attendue. Mais bon c'est vrai que lui et moi, c'est assez récent, et puis ce n'est pas comme si on passait vraiment beaucoup de temps ensemble... Oui, il n'y a pas de quoi s'en faire...

- Il avait sûrement quelque chose à faire. Je le verrai plus tard, tant pis.

Et en disant cela je cherche un peu à m'en convaincre moi même.

- Hum...

Il accompagne cette réponse plus que vague d'un hochement de tête et me fait un peu accélérer le pas, car nous allons vraiment finir par être les derniers, ou même être en retard.

Nous traversons un dédale de couloirs et de conduits que nous connaissons par cœur. En passant par l'une des artères principales, j'aperçois au fond un des hublots donnant sur l'espace. Ce sont eux qui me rappellent chaque jour que nous sommes dans l'espace, que notre vie n'est pas ordinaire, malgré le fait que ce soit le seul mode de vie que je connaisse. Ça me fait drôle d'imaginer que des gens vivent sans avoir des champs d'étoiles infinis, juste à leur fenêtre.

Enfin nous arrivons devant la salle d'entraînement. Nous sommes peut-être les derniers, mais au moins nous ne sommes pas en retard, c'est déjà ça. Les grandes portes sont encore fermées, mais vu l'heure, elles ne vont pas tarder à s'ouvrir pour donner accès à une grande pièce tenant lieu de gymnase et de salle de classe.
Les cours disons "classiques" se sont terminés lorsque nous avions dix sept ans, et depuis trois ans maintenant, nous suivons tous cet entrainement. Il est basé sur des choses concrètes comme l'apprentissage des techniques de survie, ou celles des premiers soins, le tout accompagné de beaucoup d'exercice physique. C'est quelque chose qui me convient assez, et d'ailleurs je ne crois pas que personne ne s'en soit jamais plaint. Après tout, nous savons bien pourquoi nous faisons tout cela.
En effet, nous sommes la seule génération a avoir bénéficié de l'entrainement, et pour cause, nous sommes la Quatrième génération, la génération qui va sortir.


Quatrième Génération Où les histoires vivent. Découvrez maintenant