Chapitre 1 : Présentation

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Mon nom est Alper Wolf. J'ai 16 ans, je suis un garçon. Je fais approximativement un mètre cinquante-neuf pour 43 kilos, je suis pâle de peau, blond aux yeux bleu turquoise. On me confond souvent avec une fille, car je suis petit, j'ai des traits d'enfants, doux, et des cheveux assez long, pour un garçon. Ah, et, aussi, ma voix n'as pas muée. Donc tout cela porte à confusion.

Je vis dans le sud du royaume, dans la "basse-cour" numéro 13. Notre ville n'as pas vraiment de nom. Notre basse-cour s'étale sur plusieurs hectares, mais notre ville est serrée sur elle-même, et ne comporte pas grand nombre d'habitants. Tout au plus, cinq-cents personne. C'est pour dire que tout le monde se connais, ici.

Les basses-cours sont de grandes parcelles de terrain où nous vivons modestement, nous, humains. La particularité de la mienne, c'est l'agriculture. Mais ma particularité, c'est les enfants. Je passe la plupart de mes journées à garder les bambins de mes voisins, jouer avec eux, m'en occuper, pendant que leurs parents travaillent dans les champs. Non pas que j'aime ça, bien qu'avec du temps l'on s'attache beaucoup à eux, mais j'ai un don, semblerait-il, pour que tout enfant qui croise mon regard m'adore. Donc, je m'occupe d'eux. On me paye, peu, mais cela suffit à me nourrir. Au fait, j'ai oublié de préciser. Je suis orphelin.

Les basses-cours sont la pauvreté du royaume. Ici, nous ne sommes pas dans la capitale : peu nombreux, affamés, habillés avec du tissu vulgaire, sales, vivants dans des maisons de bois et de paille, les adultes brisés à force de travailler la terre pour quelques graines.

Non, notre terre n'est pas pauvre, elle. Nous avons, chaque année, de quoi nourrir 10 basses-cours au moins... C'est sans compter la grande partie de la récolte que nous devons envoyer à la capitale. Il nous reste, ensuite, trop peu à manger.

La différence entre ceux de la capitale et ceux des basses-cours, c'est qu'ils sont "humains" et nous sommes "bétail". Ce qui est faux, bien sûr. Ceux qui vivent à la capitale sont des humains chanceux. Mais ceux qui vivent ici sont les malheureux qui ont reçu en héritage la punition de l'erreur de leurs ancêtres. De temps à autre, certains bétail sont sélectionnés et envoyés vivre à la capitale. Néanmoins, je n'ai jamais assisté à un de ces transferts, et je crois qu'il n'y en a jamais eu dans la basse-cour numéro 13.

Je suis de santé fragile. Ce qui est un problème, ici, car nous n'avons pas les moyens de nous acheter des médicaments. Mais les habitants du 13 sont gentils, et solidaires. Ils me laissent travailler dedans, avec leurs enfants, et me donne de la nourriture et parfois des tissus pour des couvertures et des vêtements presque gratuitement. Et ils me considèrent tous comme leurs fils.

Donc, si on lit entre les lignes, ma vie me suffit. Bien que ce serais mieux de vivre à la capitale, bien sûr. Mais je ne me plains pas.

Mon père était robuste, et un bon agriculteur. Il est pourtant mort d'un vulgaire rhume, à mes six ans. Ma mère, elle, était couturière du village. Elle est morte peu après, de chagrin. Leur histoire est souvent racontée pour cet amour tragique, captivant tout le monde. Plus aucune mère penserait laisser seul son si jeune fils par amour pour son défunt mari. Mais je me souviens de sa tristesse, et je préfère sa mort à ses larmes.

Ma mère m'a appris quelques ficelles du métier de couturière. Je retouche souvent des vêtements, ici. Et parfois, j'en fais, quand on me fournit ficelle, tissus et boutons. Ce n'est pas des vêtements de luxe, mais cela se met...

Voilà donc comment, aujourd'hui, je me retrouve chez le représentant du village, pour recoudre sa veste tristement grise, et que je l'écoute tranquillement m'expliquer son angoisse.

- Comprend, Alper, qu'être représentant n'est pas une tache de tout repos. Je vais aux champs, et quand d'autres se reposent, profitent de leurs famille, moi, je continue ma longue journée, je vérifie les papiers à envoyer à la capitale, je fais tout cela sur mon temps de vie, négligeant femme et filles ... Alors, oui, je suis un peu payé par la capitale, suffisamment pour permettre à ma femme et mes deux chéries de ne pas travailler... Mais je le paye de ma vie avec elles. Alors, quand j'entends les habitants dire qu'être représentant n'est pas si dur, comprend que je n'ai... Je... Je suis en colère ! J'aimerais tant leurs faire comprendre !

-Je pense, monsieur Spokesman que tous pensent que vous touchez des pots-de-vin de la capitale pour faire passer plus de récolte que d'habitude.

Il eut l'air indigné.

-Que... Quoi ?! Des pots-de... Par la Reine et sa Cour, je n'oserais jamais ! Si cela était le cas, pense-tu vraiment que je laisserais ma famille dans ces tissus bas de gamme ? Je leur offrirais de belles robes colorées, pas ces robes toujours grises, marrons ou blanches sale !

Il eut un silence où j'attendis qu'il se calme. Au bout d'un moment, il reprit, plus sereinement et presque amoureusement, en changeant de conversation :

-À ce propos, Alper, j'ai des tissus chez moi, et j'aimerais que tu en fasses une robe pour mon ainée. Tu sais, je lui cherche un fiancé... Mais elle me dit qu'elle est amoureuse. Et elle aimerait être la plus belle possible pour qu'il la remarque enfin... Bien que je ne sois pas tout-à-fais d'accord avec cet union. Mais je suis prêt à tout pour son bonheur...

Il attend une réponse affirmative, je pense. Mais une robe, c'est un gros travail... Et pour cela, il faudra que je touche le corps de sa fille. Et j'ai horreur de cela. Finissant mon travail, je le regardai dans les yeux.

-Devant votre sourire, je ne peux refuser, monsieur Spokesman. Et de toute évidence, refuser cette requête serais cracher sur votre amour pour votre fille...

-Parfait ! Tu commences de suite, si tu veux bien, et si cela pouvait être fini dans une semaine... Pour son anniversaire.

-Bien, monsieur.

-Ha ! Et, Alper, dernière chose...

-Oui monsieur ?

-Appelle-moi Gaspard, je te prie.

La cours de la ReineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant