Prologue

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"Je ferais tout pour que tu sois heureux."

C'est ce que je lui chuchote, sans qu'il l'entende, après avoir dit, devant toute la foule, devant les caméras, devant le monde, que je suis le loup. Ce qui, de toute évidence, était faux. Le loup, c'était lui. Ils l'avaient deviné. Par "ils", je voulais dire "les chiens de l'état". Néanmoins, ils me croyaient. Alors que j'étais normal. Alors que j'allais me faire tuer, lorsqu'ils le verraient. Je m'approchai de la scène et gravit les marches. Pâle, condamné, je montrai mon visage livide au monde. Et le monde me regarda avec horreur, tristesse et inquiétude, comme une mère qui s'angoisse pour son enfant qui ne rentre pas à l'heure du couvre-feu. La femme richement - mais ridiculement - parée se pencha vers moi avec un grand sourire. Elle attendit d'être à mon niveau pour me demander mon nom. Je me mis à côté d'elle, faisant face à tous. Je ne retrouvai pas ma voix. Elle insista, je lui dis alors, faiblement, mécaniquement, mon prénom, suivi de mon nom. Je le fixai des yeux, le vrai loup. Dans ses yeux, je vis un sentiment que je ne compris pas de suite. C'était un mélange de colère, haine, tristesse, incompréhension, rage, soulagement, amour et joie. Je lui lançai un regard éperdu, puis me repris.

"Je ferais tout pour que tu sois heureux."

Et j'allais en mourir.

La cours de la ReineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant