Ainsi, je me retrouve à suivre le représentant jusqu'à chez lui. Dehors, la nuit commençais à s'installer. Rien de plus normal, après tout, car il était assez tard. J'étais passé à la pièce réservée à monsieur Spokesman après avoir gardée les filles et fils des villageois. Tout comme monsieur Spokesman avait son bureau dans une petite maison au coin de la ruelle menant à chez lui, j'avais ma salle pour m'occuper des plus jeunes, les faire dormir, les nourrir et jouer avec eux.
Lorsque je rentrai dans l'entrée de la maison du représentant, la plus jeune de ses filles, Belinda, se jeta à mon cou.
- Alper ! Tu as fini avec papa ? Tu as vu ? J'avais raison ! Il avait besoin de toi !
C'était elle qui m'avait demandée d'aller voir son père.
- Bonsoir, Belle !
Je la portai et l'embrassa sur la joue. La fillette mis ses bras autour de mon cou, posa sa tête sur mon épaule et ferma les yeux.
- Alper tu sens bon ! Comme d'habitude, en fait. Mais, pourquoi es-tu là ? Tu viens pour jouer avec moi ? Tu vas manger avec nous, hein ? Et puis, dors ici, aussi !
- Belinda, calme-toi, enfin ! Alper est là pour faire la robe de ta sœur. Mais, s'il a le temps, il pourra aussi rester manger !
- Euh, merci beaucoup, monsieur Spokesman, mais je ne vais pas m'attarder... Juste je vais voir la quantité de tissus et parler avec votre fille de comment voudrait-elle sa robe, et je vais y aller...
- Enfin, Alper, tu ne vas pas partir si vite ! J'ai fait du ragout d'écureuil, et tu vas m'en dire des nouvelles !
Madame Spokesman avait passé la tête par la porte de, sans doute la cuisine, et me regardait avec un grand sourire. Je n'eus pas le temps de répondre que monsieur Spokesman cria :
- Melinda ! Alper est venu ! Descend, dépêche-toi !
J'entendis un bruit de pas rapides et quelqu'un descendis en courant dans les escaliers. Je vis une jeune fille d'environ mon âge, des cheveux longs jusqu'aux hanches et noir ébène, des yeux noisette, la peau pâle mais tout de même bronzée, et un grain de beauté au-dessus de la paupière droite se diriger vers moi avec un sourire timide.
- Bonsoir, Melinda ! Cela fessait longtemps...
- Bonsoir Alper ! C'est vrai... C'est fou, tu n'as pas changé ! Ah, mais tes cheveux ont poussé...
- Melinda, dit madame Spokesman, vas donc montrer à Alper les tissus que tu as pour ta robe, et explique-lui à quoi veut-tu qu'elle ressemble.
Elle regarda sa mère en souriant et me pris par la manche. Son père l'attrapa au passage et partit en prenant sa femme par la taille, l'entrainant aussi avec lui. J'entendis Belinda ronchonner. Elle m'emmena dans une pièce avec deux lits, une grande armoire et une plus petite. Elle ouvrit la petite et en sortit un rouleau de tissu marron noisette, presque comme ses yeux, et me le tendis. Je le touchai.
- Cela fessait vraiment longtemps que je n'avais plus vus de beau tissus. Il fera une robe magnifique. Néanmoins... Je doute être capable de faire quelque chose de surprenant...
- Je ne veux pas du surprenant. Je veux du simple. De l'habituel. Mais du beau. Je veux que ce soit normal, mais pas déjà vu. D'où la couleur, qui devrait faire son effet. Ici, tout est gris et marron. C'est également du marron, mais on n'en voit pas un pareil, ici... Donc on ne verra que moi. Comprends-tu la logique ?
J'acquiesçai. Et après, son père se demande donc pourquoi les villageois ont de moins en moins confiance en lui ? Entre cette grande maison à deux étages, chose qu'on ne voit pas beaucoup ici, et ces enfants bien mieux habillés que les autres, il y a de quoi se poser des questions. Elle les posa sur le lit. Je commençai à lui expliquer la robe que j'imaginais.
- Je crois que le mieux, c'est que l'on ne voie le bout de tes pied seulement quand tu marches. Si j'avais voulu faire les choses en grand, je t'aurais trouvé un corset et quelques bijoux, mais cela ferais trop. Et puis, je ne voudrais pas te vexer, mais tu es une habitante de basse-cour, pas une duchesse. Donc ta robe doit être jolie, mais de tous les jours, car je ne pense pas que tu aille à des bals... Non ? Alors il faut quelque-chose de facile à porter et pas trop gênant. J'ai déjà ma petite idée de ce que je compte faire, et je vais continuer d'y réfléchir. Je reviens demain, et nous commencerons, d'accord ? Déjà, je voudrais te montrer à peu-près ce que je compte faire, alors si tu as une longue robe, ce serais génial... Peut-être pourrais-tu en prendre une à ta mère? Elle est plus grande que toi, je crois, alors cela devrait être suffisant ...
- Bien sûr, je sais déjà ce que je vais mettre. Peut-être même pouvons-nous nous y mettre après le repas... Tu restes bien avec nous au moins pour ça, n'est-ce pas ?
Je serais bien resté, mais mon intuition me demanda de rentrer chez moi.
- Il se fait tard, et je préfère rentrer avant qu'il fasse nuit noire... Mais merci pour l'invitation ! ... Je reviens demain soir, après avoir gardé les enfants, d'accord ?
Elle eut une moue un peu triste mais me souris et me raccompagna vers la porte.
- Très bien, à demain alors ! Dommage, nous aurions été heureux de manger avec toi...
Elle descendit derrière moi, me suivant. Au moment de sortir, sa mère m'interpella.
- Rho, Alper, tu pars déjà ?
Melinda répondit à ma place.
- Oui, il est tard et ce ne serais pas poli de laisser quelqu'un sortir la nuit ...
- Tu n'as qu'à dormir ici ! Dort avec moi, Alper ! me demanda Belinda, gentiment mais en criant. Je refusai.
- Merci, mais il faut que je rentre... Je suis désolée mais je dois vraiment y aller...
J'eu soudainement l'impression qu'il fallait à tout prix que je prenne mes jambes à mon cou, que je coure loin d'ici, que je m'enfuie le plus vite possible, que je rentre vite chez moi, alors je m'empressai de sortir sans un mot. Ce geste les vexeras peut-être, mais j'en pouvais plus, ils fessaient tout pour me retenir, horrible. Vraiment horrible. Il fallait que je sorte. Je passai vers la forêt pour rentrer chez moi, ma maison étant l'une des deux à se trouver hors de la ville. J'empruntai la ruelle et suivit le petit chemin de pierre, marchant dans le noir, mais, agile, ne me prenant pas les pieds, évitant les branches, connaissant chaque pierres par cœur. La nuit était vite tombée, et ce sans que je ne m'en rende compte. Je vis, à travers les feuillages des arbres et buissons, la lumière de la lune qui éclairait faiblement ma maison. Je coupai en passant par la faune, et poussa la porte d'entrée... Qui était déjà entrouverte. Je me figeai et resta devant la porte, tendant l'oreille, attendant le moindre bruit, le moindre son m'indiquant que quelqu'un était chez moi. Et j'attendis quelques secondes. N'entendant que le silence, je rentrai à pas de loup et guetta un craquement inhabituel. Un simple coup d'œil me rassura, rien n'avais l'air d'avoir bougé. Je vis le tour de la maison, en commençant par la petite cuisine, le salon, puis monta à l'étage - ma maison était une de ces rares à en avoir - et passa ma tête par la porte de la chambre de mes parents. Volets fermées, on n'y voyait rien, mais je su tout de même que personne n'était passé ici. Je continuai vers ma chambre et fini par la pièce qui servait de pièce de bazar, au fond. Puis je descendis dans la cuisine et fis ma toilette, et alla enfin me coucher, sans manger. De toute façon, je n'étais pas passé chez le boulanger.
J'avais sans doute oublié de fermer la porte en partant, ce matin. Ce qui ne m'arrive jamais.
Mais comme quoi, tout arrive.
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La cours de la Reine
Teen FictionHomophobe : Histoire pas pour vous. Lemon, yaoï, yuri, hentaï, la totale ! Relations consentantes ou non, aussi. Voilà prévenus ! Quelques fautes et nous en sommes désolés... ~•~ Cassis, Symbi & Shiro's propriety, TOUT DROITS RÉSERVÉS D'après les ar...