Chapitre vingt

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Je me réveillai. Une odeur amer me prit les tripes. Ça puait l'alcool, ici. Et j'avais un mal de crâne, putain ! Je regardai à gauche. Sur la table de nuit il y avait plusieurs bouteilles, ainsi que par terre. Je mis du temps à me rendre compte que j'étais juste en short en laine et en t-shirt court. Tenue vraiment légère, j'avais du avoir chaud sur le coup de l'alcool. Je me redressai en me calant contre la tête du lit tout en me tenant la tête. Ça faisait maintenant deux semaines que je buvais. Ça faisait maintenant deux semaines que je me foutais en l'air. Ça faisait maintenant deux semaines qu'ils étaient partis. Je me levai de mon lit avec une boule à la gorge et débarrassai les bouteilles. Je les mis dans un grand sac dans la cuisine que je viderais à la poubelle de verres plus tard. En allant dans le salon, je marchai sur quelque chose.

-C'est quoi ça ?

Je me baissai et ramassai la chose en question. C'était un cadre photo. Heureusement que j'avais mes chaussettes, j'avais marché sur le verre du cadre. Je la retournai. Il y avait huit personnes dessus. Sept garçons et... moi. C'était quand on était revenu de la super journée aux arcades, sur le chemin du retour vers chez nous. Notre chez nous à tous. Enfin, c'est ce que je croyais. C'est comme leurs sourires. Je pensais qu'ils étaient sincères et heureux. Heureux de sourire. Heureux de vivre. Heureux avec moi. C'est ce que je croyais. Fin bref, c'est du passé, je dois tourner la page.

-Tu vas retourné à ta place.

Je la posai sur la petite table du salon. Salon qui était vraiment en bordel, j'ai du péter un câble hier soir. C'était la pièce où on n'avait vécu tant de choses tous ensemble. Non, n'y pense plus. Inconsciemment, ma tête se tourna vers la porte de leur chambre. Je fis un pas puis deux puis trois et... j'arrivai devant elle. Je laissai ma main en suspens au-dessus de la poignée. Je le fais ou pas ? Ça faisait depuis leur départ que je n'étais pas entrée dedans. Je l'avais laissé tel quel.

-Oh et puis merde.

J'entrai.

-Qu'est-ce que...

Il n'y avait plus rien. Prise de panique, je courus à la salle de bain. Il n'y avait plus rien non plus. C'est quoi ce bordel ?! Ils sont pas revenus quand même ?! Je tentai de rassembler les souvenirs de la veille. Je partis dans l'entrée pour retracer mon parcours.

-Je suis rentrée du boulot. J'ai fermé la porte, hein ? Oui. Fin je crois. AAAAAAH !! Si ! Si je l'ai fermé. Bien. Après je suis allée boire une bière dans la cuisine puis j'en ai pris une deuxième que j'ai bu au salon. Je me suis levée pour aller la jeter mais j'ai attrapé la bouteille de vodka au passage et un pack de bières que je suis allée déposer dans ma chambre. Je suis retournée à la cuisine, j'ai bu une piña colada tout en mangeant un peu de pâtes... que j'ai dégueulé aux toilettes avant d'aller m'allonger, d'ailleurs. Je me suis changée car j'avais chaud puis, une fois allongée sur mon lit, j'ai allumé la télévision et j'ai recommencé à boire. Vu l'état de ma chambre au réveil, j'ai bu tout ce que j'avais pris. Bordel de cake. Après, je me souviens pas.

J'étais maintenant assise sur le bord de mon lit à tenter de me souvenir de ce qu'il s'était passé. J'avais vraiment beaucoup trop bu, moi.

-Putain... Réfléchis, idiote ! La photo.

Je courus dans le salon. S'il n'y avait plus les meubles et les affaires des garçons... Pourquoi il y avait encore cette photo ? C'était la seule où on était tous réunis et tous "heureux". J'entendis alors un camion dans la rue. Je regardai par la fenêtre : c'était le camion des poubelles.

-Aaaaaah je sais. J'ai pété un câble hier et j'ai tout jeté. J'ai dû vraiment être folle de rage.

Je m'assis à terre, dos au mur. Je ne sais pas pourquoi mais pendant un instant j'ai pensé même espéré qu'ils étaient tous revenus me voir. Et qu'ils avaient aussi emporté leurs affaires par la même occasion. Je les imaginais alors dans la maison, me parlant très peu, juste pour prendre des nouvelles poliment puis repartir avec leurs affaires. Je sentis une larme couler sur une de mes joues puis une deuxième sur l'autre.

-J'ai dû pleurer comme une madeleine aussi.

Madeleine. J'ai faim, moi. Je partis dans la cuisine en séchant mes larmes, un peu plus calme. Ça me faisait mal de me dire que j'avais tout jeté dans un excès de folie, surtout en étant ivre. Mais bon. Je vais pas courir après le camion des poubelles pour récupérer toutes leurs affaires. Je m'en sers même pas. Et ils ne sont pas venus les rechercher. Alors à quoi bon. Je sortis un paquet de céréales et prit un bol. Je le préparai puis pris une cuillère. J'allai m'installer dans le canapé avec la télévision.

-Encore une fois, ce sera de la merde mais c'est mieux que rien.

Je commençai à zapper puis je dus me lever pour aller nettoyer mon bol. Je fis la vaisselle, la rangeai puis partis me laver et m'habiller. Je laissai la porte ouverte pour entendre la télévision en tant que bruit de fond. Je pris ma douche tout en savourant l'eau chaude couler le long de mon corps assez meurtri par tout ce que je lui faisais endurer. Et j'en étais pas fière. Je sortis de la douche et m'habillai. Je jetai un coup d'œil à ma montre : 11:35. J'allais devoir préparer le déjeuner. Même si j'ai mangé mon petit-déjeuner assez tard, je devrais quand même manger le déjeuner, histoire de reprendre des forces. Je partis dans la cuisine et ouvrit le frigo. Vide. Ok. J'allais devoir manger quelque part ou partir faire des courses. J'optai pour la deuxième solution. En attendant, je sortis la bouteille de limonade que je déposai sur le plan de travail pour ouvrir le placard et attraper un verre.

-Et maintenant, parlons sport. Notre grand champion HoSeok a encore une fois gagné la course ce matin.

Je lâchai le verre qui se brisa en mille morceaux au milieu de la cuisine. Je courus, chancelante, dans le salon et là, je vis quelqu'un que je n'espérais plus jamais revoir. HoSeok.

-Merci. Je ne savais pas que je pourrais gagner une troisième fois la course !

-Qu'est-ce qui vous donne autant de force à gagner vos courses de rallye ?

-Eh bien, vous savez, quand une personne a confiance en vous, vous pouvez faire n'importe quoi pour elle, dans le but de la rendre fière de vous. Et ceci est mon but.

Il avait dit ces mots en se tournant vers la caméra et en... souriant.

Au pied du murOù les histoires vivent. Découvrez maintenant