V - Marry - Souvenirs

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              Je ne comprends pas grand-chose au football américain. En toute honnêteté je n'y comprends rien du tout. Je vois juste deux équipes s'affronter. Je ne comprends pas non plus pourquoi, à un certain moment, une équipe donne volontairement la balle à l'équipe adverse, et vice et versa quelques instant plus tard. On ne se doute pas, au premier abord, que lorsque l'on ne connaît aucune règles d'un certains sport, il est quasi impossible de suivre un match en entier. Mais au final, je ne vois même pas pourquoi je me torture. C'est un sport qui oppose deux équipes qui ont pour but de défendre et d'attaquer.

Il y a vingt-deux joueurs en tout sur le terrain. Parmi les onze de notre équipe, j'en méprise dix. Le onzième, c'est Ethan. Ce n'est pas le plus grand, ni même le plus rapide, mais j'ai tout de même réussis à le distinguer des autres. A chaque points marqués, ou du moins j'en ai déduis qu'il s'agissait de points marqués, Ethan était le seul à ne pas se pavaner sur tout le terrain, à ne pas montrer à quel point il était doué, à rester humble devant les remerciements de ses coéquipiers. C'est donc ce numéro neuf blanc, imprimé sur un maillot rouge, que j'ai suivi tout au long du match.

Après soixante minutes de jeu, les arbitres annoncent la fin du match. J'en déduis, d'après la joie et les cries venant des élèves de notre internat, que notre équipe a gagné. Je devrais probablement partir maintenant, car dans quelques instants les joueurs emprunteront le passage dans lequel je me situe, ce qui leur permettra de rejoindre leurs vestiaires respectifs. Car non, bien entendu, je ne me suis pas installée dans les gradins. On m'aurait probablement rejeté, voire même interdit de m'assoir. Je décide donc d'attraper mon sac de cours, que j'avais posé à mes pieds, et de partir. J'ai levé les yeux une dernière fois vers le terrain pour essayer de voir où se trouvait Ethan, et surtout, pour savoir si lui il m'avait vu. Quand je le trouvai enfin, il avait le regard fixé sur moi. Ce regard vert clair qui vous transperce, qui vous donne envie d'avoir confiance en une personne et de lui ouvrir votre cœur, accompagné d'un léger sourire qui illumina son visage.

***

Il est 20h, heure du dîner. Je suis seule à ma table, face à un plateau plein, en possession d'un estomac vide, et qui le restera encore ce soir. Seulement cette fois si, je ne poirote pas pendant une heure devant ce morceau de ferraille. Un quart d'heure me suffis pour que je décide de quitter le réfectoire. Je pousse la porte en métal, avance dans le couloir rouge sang d'un pas pressé, pour enfin pénétrer dans un nouveau couloir. Il s'agit de celui des dortoirs des filles. Cette fois encore les murs ont changés de couleur. Ils sont neutres. Un crépi nacre qui s'étend sur l'immensité de ce couloir. J'avance dans ce dernier en espérant ne croiser personne. Les chambres à nombres pairs sont à ma droite et les nombres impairs à ma gauche. La mienne est la 238. Elle se trouve donc au deuxième étage des dortoirs, à ma droite. Cette partie de l'internat est haut de quatre étages en comptant le rez-de-chaussée. Bien entendu, il n'y a pas d'ascenseur et je m'estime donc heureuse de ne pas avoir un numéro de chambre étant dans les 400.

J'entreprends de monter les quarante marches qui me conduiront à ma chambre. Les vingt premières sont faciles, puis je commence à m'épuiser. Mes membres sont épuisés. Ce ressenti est de plus en plus présent depuis quelques temps. Je dirais même qu'il empire. C'est comme si mes muscles refusés peu à peu, les uns après les autres, de fonctionner correctement, jusqu'à m'amener à l'extinction. A chaque marche la douleur s'amplifie, mais je sais qu'elle se calmera dès que je me reposerais. En revanche, ces crampes au ventre ne passeront pas. Je les ignore, comme tous les soirs.

J'arrive enfin devant la 238. Je mets la clé dans la serrure, la tourne deux fois, puis attrape la poignée argentée pour enfin pénétrer dans ma chambre. Dix mètres carré sont attribués à chaque pensionnaire. Bien entendu, cinq mètres carré sont réservés à la chambre en elle-même, et les cinq restants constituent la salle de bain. Ma chambre est constituée d'un lit simple, d'un petit bureau munit d'une chaise pivotante, et d'une armoire à glace en bois, le tout venant probablement d'Ikea. Autant dire que l'espace est restreint.

My Dear Dark SideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant