VII - Marry - Aux Yeux De Tous

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              Il ne va jamais croire ce que je viens de lui dire. Je me sens tellement honteuse, tellement stupide.

- Ca a dû être douloureux – ajouta-il comme s'il n'avait pas compris que je lui avais menti – Bon, vas-y, essayes !

Je pose alors mes mains précisément à l'endroit où je l'ai vu poser les siennes. Puis j'essaye de me soulever. Comment les gens font-ils ? C'est impossible ! Je ne peux pas en faire 10, et j'ai bien l'intention de lui dire. Mais c'est alors que je le vois attraper mes jambes.

- Allez ! Dix, même avec de l'aide !

Pour une raison inconnue, je l'écoute. Evidemment, l'exercice est beaucoup plus simple à faire. Mais je fatigue tout de même. Pourquoi ? Ah oui, je sais pourquoi. Je n'ai pas mangé ce midi. Je dois donc manger ce soir. Mais comment ? Ce n'est pas comme si j'en faisais exprès.

- Tu vois c'était pas si compliqué – me dit-il.

- Je ne suis pas assez forte pour ça. Au cas où tu ne l'ai pas remarqué, je suis déjà crevée !

- Tu sais tout autant que moi pourquoi tu te fatigue aussi vite. – je le vois alors me lancer un regard compatissant – Ça serait une bonne idée de manger le soir. Tu ne crois pas ?

Je reste, pendant un instant, bouche bée, pensant même qu'il été capable de lire dans mes pensées. Ça serait étrange.

- Comment... - je ne suis pas capable de finir ma phrase.

- Moi aussi je suis observateur. – je vis alors son petit sourire en coin s'afficher – Tu dois te forcer, même si tu n'as pas faim.

- Pourquoi ? Qu'est- ce que ça changerait ?

- Il existe deux types de sportifs. Les premiers sont ceux qui font simplement du sport pour toujours devenir plus musclé qu'ils ne l'étaient déjà auparavant. Les seconds, ce sont les personnes qui font du sport pour être, ou se sentir en bonne santé. – il doit voir que je suis perplexe. Même si je veux être en bonne santé, je suis incapable de faire des pompes, et visiblement encore moins des tractions ! – Tout le monde commence quelque part. Tu ne peux pas, dès le premier jour, enchainer 50 tractions. C'est un processus long, mais qui finit par payer. – étrangement, il donnait l'impression de vivre chacun des mots de la dernière phrase qu'il venait de prononcer. Comme si elle était sa devise – Est-ce que tu veux être en bonne santé ? Etre heureuse malgré l'environnement pourrit qui t'entoure ?

- Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu veux m'aider ? – je ne le comprends pas. Il risque tout en ce moment. Si quelqu'un le voit avec moi, tout est fini pour lui.

- Parce que tu ne mérites pas ce qu'on te fait vivre. Tu mérites d'être heureuse. C'est le cas de tout le monde, tu ne crois pas ?

C'est un nouvel Ethan qui s'affiche. Celui-ci cache quelque chose de triste. Il est plus compatissant et plus déterminé.

- Je ne sais pas.

Et c'est vrai, je ne sais pas. Je suis vide, incapable de réagir ou de savoir ce qu'il vaut mieux pour moi ou pour ceux qui m'entourent. Je ne sais pas comment réagir devant un plateau repas. Je ne sais pas de quelle manière je suis censé m'observer dans un miroir pour pouvoir retrouver, sur mon visage, la joie qui m'envahissait autrefois quand elle était encore près de moi... Elle me manque. Elle me manque tellement. Elle seule savait comment me faire sourire dans les moments les plus sombres. Elle seule était réellement importante à mes yeux.

- Viens là – il se trouve à une dizaine de mètres de moi et tiens dans ses deux mains des gants de boxe.

- Alors quoi maintenant ? Tu vas me boxer pour me remettre les idées en place Superman ? – j'eu peur qu'il prenne mes derniers mots de travers, mais ma remarque le fit rire.

My Dear Dark SideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant