CHAPITRE DEUX

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           Quelques heures à peine après mon retour à la maison, le bip incessant de mon réveil retentit, ce qui me laisse échapper un soupir. J'étends mon bras le plus possible pour atteindre mon téléphone sans avoir à me lever de mon lit. Une fois mon téléphone éteint, je souffle une seconde fois pendant que le silence regagne ma chambre. Je ne sais même pas pourquoi je continue à mettre mon réveil, je n'ai rien à faire de spécial aujourd'hui.


J'aurais bien aimé faire une grâce matinée, mais ma conscience me l'interdit. La nuit dernière m'a permis de réfléchir sur ma situation, et ce que je compte vraiment faire de ma vie. Le tagueur que j'avais croisé en chemin avait aussi préoccupé mon esprit quand je suis arrivé chez moi ce matin. Je me demande pourquoi un garçon de mon âge fait ce qu'il faisait, là-bas, et au beau milieu de la nuit. Mais s'il le peut, il pourrait très bien me retourner la question. La curiosité me pousse à en savoir plus sur le dessin qu'il était en train de taguer et avant même que je ne m'en rende compte, je me retrouve assise sur le lit, ma main droite frottant mon visage. Une fois avoir pris ma douche et m'être habillée, je descends les escaliers et retrouve mes parents qui prennent leur petit-déjeuner dans la salle à manger. Je ne peux pas m'empêcher de me rappeler que mon père a dormi sur le canapé cette nuit, ce qui me met mal à l'aise. Nous ne sommes pas hyper proches tous les deux, mais pas sans arrêt en conflit pour autant. Au contraire, il semble me comprendre lui, ou au moins me laisser le temps nécessaire pour savoir ce que je veux réellement.

_ Bien dormi ? me demande-t-il avant de boire une gorgée de son café.


Je hoche la tête en m'installant à table. Ce n'est pas tous les jours que mon père prend son petit-déjeuner tranquillement, à dix heures du matin. D'habitude, il se contente d'attraper ce qu'il trouve dans la cuisine avant de s'en aller directement au travail. Malgré le manque de communication, cela ne m'a jamais dérangé plus que ça, puisque je suis consciente que ce travail nous permet de vivre confortablement. De plus, même si je n'ai jamais osé lui avouer, j'ai toujours été fascinée par ce qu'il fait. Je me souviens que lorsque j'étais petite et qu'un de ses projets été réalisé, il m'emmenait faire le tour de l'édifice, après m'avoir acheté une glace. Je me souviens aussi de la fierté qu'il éprouvait en me faisant la visite guidée du bâtiment qu'il avait lui-même dessiné, et me montrait même quelques passages secrets. Cette complicité me manque énormément.

_ Ton père a une très bonne nouvelle à t'annoncer, se ravit ma mère en posant une assiette de viennoiseries sur la table.

Je pose à nouveau mon regard sur mon père qui arbore un large sourire. On peut dire qu'ils cachent bien leur conflit ces deux-là.

_ Une firme souhaite installer un siège à Londres, et a été très intéressé par la DNH.

Mon corps se fige pendant que mon esprit essaye d'assimiler ce que je viens d'entendre. La DNH est la seule et unique maquette de mon père qui avait subie quelques de mes suggestions. Je n'avais que 14 ans à l'époque, et c'était pour un projet d'école. On l'avait appelé DNH en référence à mon prénom, Danah. Je ne savais même pas qu'il avait déposé un brevet dessus et encore moins qui la proposait à de potentiels clients.

_ C'est vrai ? Mais c'est super ! Et c'est pour qui ? je demande plus excitée que je pensais. _ Une entreprise de téléphonie asiatique qui souhaite s'expendre en Europe. Le contrat est déjà signé, enfin presque puisqu'il manque ta signature.

Mon coeur ratte un battement tandis que le sourire de mon père s'agrandit en voyant ma confusion.

_ Tu es majeure et tu as aussi contribué à la tour, Danah. Elle est aussi à ton nom.

THE FORTH FACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant