CHAPITRE QUATRE - deuxième partie

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_ Je crois que je vais rentrer.

Je n'aurais pas du accepter leur invitation, Zain n'a fait que m'emmerder toute la soirée. Et puis il avait raison de ne pas vouloir m'intégrer dans sa bande de potes. Ils sont sympas, mais trop différents de moi. Sauf peut-être Harry qui vient d'arriver avec un t-shirt propre et sec. Je ne le connais pas vraiment -comme aucun d'entre eux d'ailleurs- mais j'ai beaucoup plus confiance en lui qu'en l'artiste. Lui au moins, il ne se ferme pas totalement à moi et a une attitude normale et cohérente.

_ Oh... Bah Zain peut te raccompagner ? Propose Jess qui arrive à peine à prononcer ses mots.
_ Je ne pense pas être en état de conduire, dit-il devinant clairement ce que je dois penser de son refus.
_ Je peux le faire , propose Harry.
_ Non c'est bon, je t'accompagne, m'impose le basané.

Harry ne bronche pas plus que ça et je dis au revoir à tout le monde alors que Jess...

_ Bon allez, abrège.

Je monte les yeux au ciel en entrant dans l'ascenseur avec Zain.

Un silence gênant s'installe, et c'est la première fois qu'on se retrouve complètement seul depuis l'atelier. Je jette un coup d'oeil en sa direction, m'attendant à faire face à son regard pesant, mais il m'ignore complètement. Je rêve ou il semble... vexé ? On sort enfin de l'immeuble et le froid me fouette le visage pendant que je le suis jusque sa voiture. Je ne sais pas trop quoi dire. Il est tellement lunatique qu'il vaut mieux que je la ferme avant qu'il ne me laisse en plan sur la route. Il entre dans un van noir qui a les vitres arrières teintées. J'avoue que ça me fout un peu la trouille, surtout parce qu'il fait tard et que la rue est déserte. Et vu ses troubles du comportement, j'ai le droit de me méfier.

_ Bah montes qu'est-ce que t'attends ? rétorque-t-il en m'ouvrant la porte de l'intérieur.

Je déglutis mais entre tout de même dans le véhicule. C'est très gênant comme moment et il m'intimide encore plus que d'habitude. J'ai envie de lui reprocher son attitude du début de soirée, mais j'attendrai qui arrive dans mon quartier. Juste au cas ou.

A l'arrière du van, il y a plein de matériel comme des toiles, des bombes et des pots de peinture, mais heureusement pas assez de place pour y cacher un corps. Je me demande si ce van appartient aussi à la ville...

_ Bon, je te dépose ou ? me demande-t-il agacé par ma présence.
_ Tu sais, si tu ne voulais pas me raccompagner, t'aurais pu laisser Harry le faire au lieu de souffler toutes les trois minutes, je sors sans m'en rendre compte.

Il sert ses points autour du volant. Ouais, j'aurais peut-être du la fermer.

_ Si je voulais pas qu'il te ramène, c'est pour qu'il ne touche pas a ma caisse. Harry conduit comme une gonzesse.

Je soupire et détourne le regard. Ce mec est vraiment con. Il est con parce qu'il fait exprès d'être con. Je sais qu'il n'est pas vraiment comme ça, et ça m'énerve.

_ Et c'est moi qui souffle...
_ Dépose-moi a South Kensington, je le coupe sans pour autant lui porter une grande attention.

Il semble étonné par ma demande mais s'exécute sans rien dire. Je sais à quoi il pense, ça fait toujours cet effet là quand je dis où j'habite... toujours les mêmes questions :«Comment c'est là-bas ? Tes parents l'ont acheté combien la maison ? T'as déjà croisé un ministre ?» Et tous ces clichés sortis de je ne sais où. Même s'il ne dit rien, il s'est déjà fait une image de moi, comme tout le monde.

L'atmosphère reprend son calme lorsque nous nous arrêtons au feu rouge. Zain en profite pour allumer une cigarette. J'y crois pas. Il sait très bien que je ne fume as, il pourrait avoir un minimum de décence et attendre que l'on soit arrivé. Automatiquement, j'ouvre la fenêtre et un air froid froid envahit le véhicule.
_ Bordel c'est quoi ton problème ? Il caille ! grogne-t-il en refermant la vitre.
_ Éteins ta cigarette, j'ordonne ce qui lui décroche un sourire narquois.

Il fait comme s'il n'avait rien entendu ce qui commence à me mettre hors de moi. J'ouvre à nouveau la vitre mais Zain, étant le conducteur, la referme et la verrouille définitivement.

Qu'est-ce qu'il est con.
_ Éteins ta cigarette, je répète en essayant de garder mon calme.
_ Oh la la arrêtes de faire ta gosse de riche parfaite et saine un moment et laisse-moi apprécier mes bouffées cancérigènes. C'est ma bagnole je te signale.
_ Et moi je suis asthmatique, merde ! je hurle, sortant littéralement de mes gonds.

Un ange passe. Au moins, ça lui a cloué le bec. Il sort sa cigarette de sa bouche et ouvre la fenêtre pour la jeter pendant que je roule des yeux. Et dire qu'il y a quelques heures, il m'apprenait à peindre dans son atelier... Ce mec est incompréhensible.

_______

_ Laisse-moi ici, j'ordonne lorsque je vois qu'on est à quelques rues de chez moi. _ T'habites ici ? me demande-t-il en pointant de la tête la maison qui se trouve sur notre gauche.
_ Non, mais c'est pas loin.

Il hausse un sourcil et me regarde descendre du véhicule avec son air chelou. Plus jamais je ne reste seule avec lui, enfin si je le revois un jour. Ce trajet était plus que gênant. Il aurait au moins pu mettre un peu de musique pour rendre la situation moins glauque.

_ Bah attends je te ramène chez toi... _ Pour qu'un psychopathe comme toi sache où j'habite ? Non merci ! je m'exclame en claquant la portière derrière moi.

Je continue la route à pieds alors que Zain se met à rouler à côté de moi, et à la même vitesse. A quoi il joue au juste ? Je fais comme s'il ne se foutait pas de moi et continue jusqu'au bout de la rue avant de tourner à droite. Ça tombe bien, c'est un sens interdit. Au moins il ne pourra plus me suivre.

_ Hey ! je l'entends m'appeler alors qu'il semble descendre de son van.

Je me retourne en soupirant avant de le découvrir en train de brandir mon portable, adossé contre son véhicule. Oh. Alors il se foutait vraiment de moi cet idiot à me suivre en attendant que je me rende compte que j'ai laissé mon portable dans sa voiture. J'essaye d'arborer une expression neutre mais ne peut m'empêcher de sourire lorsqu'il penche la tête sur le côté avec son air narquois. Je reprends mon portable et ma route alors qu'il remonte dans sa voiture sans un mot mais toujours avec son putain sourire narquois qui vient de faire céder ma petite carapace.

Je plonge mes mains dans les poches de mon manteau, regrettant de n'avoir pas apporté un bonnet comme à mon éternel habitude. Et dire que j'ai fait l'effort de me lisser les cheveux - ce que je n'ai plus fait depuis des mois - pour cet idiot. Je me sens plus que conne surtout parce que je me suis laissé entraîné dans une fête où je ne connaissais personne juste pour emmerder quelqu'un qui m'est aussi inconnu.

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Lorsque j'arrive enfin devant chez moi, mon téléphone affiche un message d'un certain « Zain le plus beau » et mon sourire -dont je n'avais même pas remarqué la présence- s'agrandit en lisant le SMS.


De :Zain le plus beau« Tu pensais tout de même pas que j'ai gardé tonportable pendant trois minutes sans rien y faire ? Penses à mettre un codela prochaine fois ;) »
Ce mec est incompréhensible.


THE FORTH FACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant