Chapitre 17: Le commencement

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Ils s'élancèrent tous en même temps.

Ils tombaient bien, j'avais envie de me défouler.

Je les esquivai tous un par un, tout en n'hésitant pas à les envoyer s'entrechoquer entre eux. Je ne pouvais pas me permettre d'entrer dans l'un des corps, par contre, je pouvais disperser mon énergie à travers les objets qui m'entouraient. Je possédais à la fois une brique, une branche cassée et un arbre pas très loin de nous. Certaines personnes croient que c'est de la télékinésie, mais c'est largement différent. Je ne déplace pas les objets par la pensée, je les déplace en étant, en quelque sorte, à l'intérieur de ces objets.

Ils étaient dix en tout. Je devais trouver un moyen de tous les avoir. Je restai concentré au moindre de leur mouvements. J'étais sur la défensive, attendant que l'un d'eux agisse. Ce fut une femme cadavérique qui tenta sa chance. Elle sortit un couteau de je ne sais où et fonça sur moi. Je l'évitai de justesse et attrapa son bras armé en le bloquant. De mon autre main, je frappai d'un coup sec sa gorge. Ne supportant pas le choc, le corps tomba. Avant que la tête n'atteigne le sol, je déplaçai la brique à l'emplacement exact où la figure allait cogné. Et justement, son crâne se fendit en deux, mais ne laissant aucune trace de sang.
- Beurk! lâchai-je en voyant qu'elle se relevait.

J'avais ajouté un nouveau creux dans son visage, et je n'étais pas plus heureux. J'étais même horrifié de voir cette chose bouger encore. Malgré cela, il y avait une petite déception qui rongeait mon cœur. L'absence du sang. Sa couleur et son odeur me manquaient terriblement. J'inclinai la tête sur le côté.
- Je vous ai dit : vous vous en prenez à la mauvaise personne en ce moment.

Le deuxième s'avança. Je ne lui laissai même pas le peine de respirer que je poussai la branche sur son chemin. Il trébucha vers l'avant. Et comme pour ma précédente victime, j'installai la brique à l'endroit où la tête devait tomber. Mais cette fois ci, je la mis debout. Ainsi, sa mâchoire vint se fracasser contre la pointe de la brique. Sa mâchoire s'était même enfoncée dedans, et pire encore, s'était trouée.
- Votre meilleur chance de m'atteindre est de m'attaquer à plusieurs, déclarai-je en baillant. Après je dis ça, je dis rien.

Ils coururent tous vers moi, mais je ne bougeai pas. Je ne faisais que bouger les objets à ma guise. Si certains évitaient la brique qui volait au niveau de leurs crânes, ils ne pouvaient pas échapper au châtiment de la branche. Résultat : ils étaient tous à terre.

Comme je savais qu'ils allaient se réveiller, je me dirigeai vers l'arbre, ma dernière arme. Ils se levèrent étrangement, seulement avec la puissance de leur jambes, sans prendre appui.
- Oh mais quelle galère! Ce combat devient lassant.
- Oui tu as raison!

Cette voix, même si je ne l'avais entendu qu'une seule fois, je l'avais immédiatement reconnue. L'homme aux yeux bridés arriva de nulle part, les mains dans le dos. Il sourit dès qu'il me vit. Les autres s'inclinèrent, jusqu'à poser leurs genoux et leur tête au sol.
- Épargnez nous maître! Je vous en supplie! s'écria l'un d'eux.
- Mmmh... J'hésite, répondit-il en caressant sa petite barbe. Et lorsqu'il arrêta son geste répétitif, il déclara: Je plaisante! Vous ne m'êtes d'aucune utilité.

Il claqua les doigts de sa main droite et les corps de mes dix adversaires explosèrent sans que le sang gicle pour autant. Néanmoins, les membres étaient éparpillés. Un frisson me parcourut tout le corps. Sa force n'était pas comparable à la mienne.
- Mes salutations, Sky! me salua-t-il en inclinant légèrement la tête.
Rien qu'à ce moment-là, je gâchai une chance de le vaincre. La peur m'avait paralysé. Il me fixa des ses yeux noirs et envoûtants.
- Heureusement que tu n'as rien fait d'irréfléchi. Je t'aurais éliminé sur le champs.

Il avait deviné mes ambitions. Je reculai de quelques pas en récupérant mon énergie qui était dispersée dans la brique et la branche.
Il claqua alors sa langue contre son palais, tout en bougeant son index vers la gauche puis vers la droite.
- Je ne ferais pas ça mon ami! répliqua-t-il.

L'atmosphère qui régnait était totalement différente. Cette fois ci, j'étais sûr de perdre la peau. Je l'observais de mes yeux ronds, mais il y avait des gestes que je ne voyais pas du tout. Même quand ma vision était au ralenti, ses actions étaient rapides.
- Je ne suis pas sûr que tu veuilles engager un combat contre moi, avoua-t-il un peu déçu. Mais moi, j'ai envie de savoir jusqu'où s'étend ta puissance.

Je grimpai de suite à l'arbre, prêt à le faire bouger. Mais très vite, l'arbre s'inclina contre ma volonté, je découvris un énorme creux dans la tronc d'arbre. Il l'avait fait avec la seule puissance de son bras.
- Je ne suis pas un singe moi! Donc reste au sol.

L'arbre s'écroula sous mon poids et le poids du haut. Je me retrouvai au sol, menacé par les éclats d'écorces. Je me mis sur le ventre, préférant recevoir les débris dans mon dos. Et c'est ce qui m'arriva. Je gémis lorsqu'ils s'implantèrent un par un autour de ma colonne vertébrale.
- Je vais m'amuser un peu si tu le permets!

Il déplaça sans difficultés la partie du haut de l'arbre avec une main, tout en restant indifférent.
- Rajoutons cela!

Il la lança juste au dessus de mon dos. Si je me retournais, les éclats allaient s'enfoncer. Et si je ne faisais rien aussi.

Je ne peux pas mourir maintenant! Je ne dois pas mourir maintenant!
- Où est cette haine que tu éprouves contre le monde? me demanda la voix grave.
- Je ne sais pas! Je ne veux pas mourir!!
- Ta haine te sauvera! Et au moment où tu l'auras semé. Je t'aiderai...

Depuis quand avais-je commencé à détester les humains? Ah oui, depuis qu' elle m'avait traité de monstre alors que je la protégeais. J'en étais ressorti peiné de cette expérience. Mais le plus pire a été d'avoir vu Egorya se faire avaler par le néant. Je n'oublierais jamais ce jour où je les ai tous vus disparaître devant moi, sans que je ne puisse faire quelque chose. Les paroles de la démone qui m'avait pris sous son aile résonnaient dans ma tête : "Mon fils, je ne t'en veux pas! Je veux juste que tu vives le plus longtemps possible."

J'hurlai. Je criais toute ma peine, toute ma tristesse, toute ma rage, je criais à en perdre la voix. Je me relevai d'un coup, en évitant le tronc d'arbre. Et pour la première fois, je vis une lueur d'étonnement dans le regard de ce vieux sorcier. Il ne s'attendait pas à ce que je trouve ma forme réelle si brusquement. J'avais la capacité de voir ce qui allait se passer après. Je pouvais donc anticiper ses mouvements, certes, mais pas la puissance qu'il donnait dans ses coups.

Je me retrouvai figer, avec un sort qui maintenait mes griffes loin de lui.
- Tu es encore faible...
Je souris, laissant apparaître mes crocs.
- Oui mais attends de voir.

L'action se répéta encore une fois: j'avais reculé le temps au moment où je retrouvais ma vraie forme. Connaissant désormais toutes les informations de ses attaques, il m'était plus facile de parer et de contre attaquer. Mes yeux analysaient toutes les failles qui se construisaient dû à son impression de déjà vu.
- Qu'est-ce que...

Il n'eût pas le temps de finir sa phrase que je lui avais envoyé l'autre moitié du tronc d'arbre après l'avoir déraciné.

- Joli! Je me sens enfin en vie! s'écria-t-il enseveli et ensanglanté.
- Le mot "mort" correspond plus à ta situation! répliquai-je en ricanant diaboliquement.

Je profitai de la situation pour lui écraser le crâne avec mon pied. Je n'hésitai pas à appuyer un peu plus en faisant pivoter mon avant-pied comme pour échauffer ma cheville. Cette action déformait et amochait son visage saignant.
- J'y crois pas! C'est facile en fait! soupirai-je en étant soulagé.
- Gamin! Ne rêve pas. Je t'offre juste un petit espoir.

Ses yeux changèrent de couleur. Ils passèrent de noirs à verts. À ma plus grande surprise, ou plutôt à mon plus grand désespoir, l'homme fondu en eau et réapparut derrière moi, en bon état. Il secoua son haut rouge en haussant un sourcil. Il lâcha un rire moqueur en me fixant avec une lueur de défis.
- C'est tout? se plaignit-il en craquant son cou. Je m'attendais à plus.

Je ne réagis pas à sa provocation. J'étais trop étonné de ce qu'il venait de faire. Je ne bougeais même plus. Il s'approcha de moi et souffla à mon oreille: "Elle offre le pouvoir de devenir immortel!"

La manière qu'il avait employé pour me le dire me fis monter les larmes aux yeux. Je le savais: par ma faute, un monstre était né.
- Le combat ne fait que commencer! déclara-t-il avec les yeux pleins de malices.

Sky - Vérités oubliées -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant