Finale

30 2 0
                                    

De retour dans les vestiaires, je ne trouvais que mon sac. Emilie avait disparu. Je me dirigeai vers la cafétéria en craignant le pire et la trouva attablée avec le reste de l'équipe de basket. Elle me sourit en m'apercevant.

- Alors Nerri, tu étais où ce matin ? Tu as fait la grasse matinée pour être en forme pour la finale !

- Emilie, tu étais avec moi ce matin.

Elle éclata de rire.

- Dans tes rêves alors ! Je t'ai déjà dit que trop de sommeil était mauvais pour la santé.

Le reste de l'équipe se joignit à elle pour rire de bon coeur. Julien, le capitaine me donna un grand coup dans le dos et voyant que je ne riais pas et m'offrit son dessert pour me rendre le sourire. Venant de lui, c'était vraiment un geste extrêmement gentil. Pour confirmer ma pensée, Emilie me fit un clin d'oeil.

- Mange Nerri, tu as besoin de force pour le match et puis le sucre ça réveille, me lança t-il en plantant sa cuillère dans sa part de gâteau au chocolat puis en la levant vers ma bouche.

Il avait accompagné son geste d'un mimique hilarant, ouvrant grand la bouche tout en me faisant signe de faire de même en pointant son index vers moi.

Julien avait un don pour s'entendre avec tout le monde. Contrairement à moi, il était souriant et aimait plaisanter à longueur de journée. Tout était prétexte à rire pour lui, au grand dam de nos profs qui ne supportaient pas beaucoup son humour.

Julien était grand et plutôt maigre, ses cheveux châtains, ses yeux bruns et son visage passe-partout faisaient qu'il n'était pas beau comme un mannequin de magazine, mais sa forte personnalité et son sourire ravageur lui conférait beaucoup de succès auprès des filles. Julien était populaire dans l'école et utilisait son charme pour enchainer les conquêtes féminines. Depuis qu'Emilie et moi étions dans l'équipe et que Julien nous aimait bien, notre sort s'était grandement amélioré au lycée.

Je n'eus pas d'autre choix que de manger. Julien s'empressa d'aller chercher deux nouvelles portions prétextant qu'une bonne dose de chocolat nous porterait chance et m'obligea à en avaler de nouveau.

Il nous fit ensuite une déclaration enflammée sur toutes les tactiques possible que nous devions mettre en place afin de remporter la finale, il semblait confiant et son entrain était communicatif. Je décidai donc de me concentrer sur le moment présent et de reléguer dans un coin de ma tête l'incident de tout à l'heure, sinon, il me serait impossible d'être performante sur le terrain.

Toute l'équipe resta attablée jusqu'à ce que les dames de la cafétéria nous mettent dehors. Les cours reprenaient à 13h30, mais nous n'avions pas l'intention d'y aller pour ensuite sortir en plein milieu afin de rejoindre le gymnase. Nous décidions donc de rester assis dehors autour des bacs sans fleurs en béton de la cour d'école.

- Si on gagne la finale, j'organise une fête après. Mes parents me l'ont promis ! lâcha Julien, enthousiaste. Vous avez tous intérêt à venir...

- ... et à gagner ! Toi tu sais nous motiver, coupa Emilie en souriant.

Les soirées de Julien étaient réputées pour être les meilleures du lycée. Tout le monde rêvait de faire partie de sa liste d'invités. Les jeunes présents, en parlaient ensuite pendant plusieurs semaines. Le père de Julien était le propriétaire de plusieurs clubs à la mode de Paris et quand son fils unique voulait organiser une soirée, il lui laissait une salle, un barman et un DJ à disposition. Le rêve de tout adolescent parisien qui se respecte.

Je n'avais bien sûr, jamais été invitée et contrairement à Emilie, m'en fichais pas mal. À écouter les compte-rendus que j'entendais de la bouche même de Julien, ça me faisait peur. Certains garçons buvaient trop d'alcool et vomissaient devant tout le monde. Certaines filles dansaient sur les podiums et sautaient sauvagement sur tout membre du sexe opposé qui se trouvait à proximité. À la limite, je me disais que, si un jour j'étais invité, je pourrais toujours m'asseoir dans un coin et profiter du spectacle, ça me permettrait ensuite de noircir plusieurs pages de mon carnet d'analyses sur les besoins qu'ont certains jeunes d'avoir des comportements extrêmes pour se sentir important. S'ils avaient au moins, l'intention de sauver le monde.

NerriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant