Nerri

Oscar

Julien se tenait devant moi et je le remerciai pour l'invitation puis lui dit que je devais rentrer. Il me proposa de me raccompagner en taxi et j'acceptai avec plaisir, pensant qu'il trouverait bien le moyen de me distraire sur le trajet avec son humour dont lui seul avait le secret.

Une fois installés dans le taxi qui filait sur les quais en direction de mon immeuble, Julien était étrangement silencieux et je me demandais si c'était parce que sa cheville le faisait souffrir :

- Ta cheville te fait mal ?

- Non, ça va, merci. Je suis un peu fatigué je pense. La journée a été longue !

Il me souriait tout en me dévisageant avec un air énigmatique. Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il pensait et ça me mettait mal à l'aise.

- Nerri, je peux te dire quelque chose ?

- Oui bien sûr.

- Tu devrais danser plus souvent.

Je souris. De toutes les choses qu'il pouvait me dire, c'est bien la seule à laquelle je ne m'attendais pas.

Je regardais par la fenêtre et admirais la Seine qui défilait, scintillante. Nous allions bientôt quitter les quais. Quelques instants plus tard, je pouvais apercevoir la tour Eiffel qui brillait de mille feux. Malgré l'heure, de nombreux touristes étaient encore autour en train de la bombarder de photos.

Julien restait silencieux, je tournai la tête vers lui et m'aperçus qu'il me fixait et qu'il devait être en train de le faire depuis un moment. Il détourna son regard rapidement et fit semblant d'admirer le paysage, au même moment, je sentis sa main frôler la mienne sur la banquette, puis, la prendre carrément.

Je ne savais plus quoi faire, ni penser. Mettre de l'ordre dans mes idées n'étaient pas une chose facile en temps normal, mais à ce moment précis, c'était tout simplement au dessus de mes forces. Mon coeur battait à cent à l'heure et j'avais du mal à déglutir. Je restais donc immobile, sans rien dire, prenant soin de garder la tête tournée vers mon côté de fenêtre.

Le taxi finit par s'arrêter devant mon immeuble. Julien insista pour payer et je le remerciai en ouvrant rapidement la portière. Julien avait lâché ma main pour sortir son portefeuille et j'en profitai pour sortir du taxi. Il murmura quelque chose au chauffeur et sortit en même temps que moi.

- Encore merci pour cette soirée Julien, dis-je, en fouillant dans mon sac pour chercher les clés de la porte principale, tout en réalisant que l'accès se faisait en tapant un code.

Julien se rapprocha de moi, pris mon sac de mes mains et le déposa à mes pieds. Il n'avait pris qu'une seule de ses béquilles et il arrivait pourtant à maintenir un très bon équilibre. J'étais incapable de faire le moindre mouvement et Julien m'attrapa par la taille pour me serrer contre lui. Je sentis son corps contre le mien et mon coeur se mit à battre encore plus fort. Il remit une mèche de mes cheveux derrière mon oreille puis caressa ma joue avec son pouce. Il me souriait et je pouvais comprendre pourquoi autant de filles avaient succombé, j'avais soudainement envie que ses lèvres se posent sur les miennes. Je tirai doucement sur sa veste et il me sourit intensément tout en se penchant vers moi.

Sa bouche et la mienne se rencontrèrent. Il s'arrêta un instant pour me regarder et me sourire, puis continua à m'embrasser.

Tout à coup, un feulement résonna. Julien me lâcha en hurlant. Un chat lui avait sauté sur la nuque et était en train de le griffer et de le mordre.

- Oscar ! criais-je en reconnaissant le chat du parc.

Je réussis à l'attraper et il sauta de mes bras pour se sauver à travers les grilles de l'immeuble voisin.