Célébration

32 2 0
                                    

En me regardant dans le miroir, je sursautai. Je ne suis pas sûre qu'Emilie et moi avions la même définition de ce qu'était un « maquillage léger », mais je dois avouer que le résultat était réussi. J'avais du fard à paupière bleu intense qui, du coup, rendait mes yeux beaucoup moins présents. La poudre sur mon visage me donnait bonne mine et atténuait mon côté poupée de porcelaine. J'avais aussi eu le droit à du rouge à lèvre mais la couleur était assez proche de ma couleur naturelle et le changement ne me choquait pas.

Pendant que je détaillais mon visage, Emilie se maquillait et je réalisai qu'elle devait le faire ainsi chaque jour car je ne vis aucun changement spectaculaire sur son visage. Elle était jolie, comme toujours.

- Si j'avais su que ça pourrait te faire sourire, ça fait bien longtemps que je t'aurais forcer à te maquiller, me lança t-elle en me faisant un clin d'oeil.

- Je ne sais pas encore si j'aime cette nouvelle personne, répondis-je en pointant vers mon reflet dans le miroir.

Admirant le résultat, les autres filles de l'équipe supplièrent Emilie de les maquiller à leur tour et elle s'exécuta en chantonnant.

Il était déjà 18 heures quand la remise des médailles eut lieu mais le gymnase était plein. Les lycéens présents avaient prévenu les autres de notre victoire et beaucoup étaient arrivés pour nous applaudir, pas vraiment pour leur amour du basket, mais surtout parce qu'on avait battu le lycée Saint-Georges et qu'on leur avait ainsi offert une année pour fanfaronner notre supériorité face à eux.

Mehdi s'approcha de nous pour nous donner des nouvelles de Julien qui venait de voir le médecin des urgences. Il avait la cheville immobilisée mais par chance, non fracturée, il s'en sortait avec une grosse entorse, des ligaments abimés et l'interdiction de pratiquer du sport pour les prochaines semaines. Mehdi lui avait annoncé notre victoire et Julien lui avait déchiré les tympans en hurlant de joie, il avait ensuite raccroché en disant qu'il allait harceler médecins et parents pour quitter l'hôpital ausitôt et nous rejoindre pour la remise des médailles. Je lui faisais confiance pour ça, au bout de 30 minutes maximum, ils craqueraient et le mettraient dans un taxi avec ordre de le déposer ici le plus vite possible.

La remise des médailles et de la coupe dû pourtant se faire sans lui. L'autre équipe ne voulant pas attendre plus longtemps afin de quitter les lieux au plus vite. Perdre la finale n'était pas facile mais en plus en terrain ennemi dans un gymnase maintenant rempli de jeunes hostiles, c'était carrément de la torture.

Une fois nos médailles autour du cou, le journaliste nous demanda de bien vouloir nous placer pour la photo officielle. M Tratto, notre directeur et Mme Chenon étaient chacun d'un côté et de l'autre de notre équipe répartie sur deux rangées avec une partie assise à terre et l'autre debout en arrière. Le photographe fit quelques petits ajustements et allait appuyer sur son appareil lorsqu'on entendit un « hé, il vous manque quelqu'un » résonner dans le gymnase. Julien ! On l'aida à s'asseoir au centre juste en arrière de la coupe et on passa une médaille à son cou. Il eut le temps de me glisser un « tu es jolie Nerri, la victoire te va bien » juste avant le déclic du photographe qui fort heureusement, en bon professionnel, décida de prendre plusieurs clichés et pourrait donc détruire celui avec mon visage écarlate.

- On fête ça ce soir ! cria Julien en ajoutant qu'il allait envoyer les détails par sms.

Puis se tournant vers moi il dit :

- Nerri tu viens pour une fois. Toute l'équipe doit être là.

« Comme si j'avais été invitée avant » pensais-je mais je n'eus pas le temps de lui dire. Julien était déjà en train de parler avec ses nombreux admirateurs et il ne me prêtait plus attention.

NerriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant