Chapitre 11 : Rendez vous ?

132 11 2
                                    

-Alors... Horreur ou amour. C'est les deux seuls qui semblent intéressant. Tu préfère quoi ? demanda Peter.

-Euh... Pas... Pas horreur, balbutiai-je.

-Ok alors amour !

Il me prit la main et me paya le ticket d'entrée. On se dirigea vers la salle et on s'assit dans le fond. Le film commença quelques minutes plus tard. J'étais terriblement gênée mais à la fin de la séance Peter me proposa d'aller manger quelque chose. J'acceptai et on se dirigea vers un glacier.

-Tu veux quel parfum ? me demanda-t-il.

"Framboise."

-Chocolat s'il te plaît.

"C'est pourtant ton goût préféré."

-Tiens ! Moi j'ai pris pistache !

-Beurk !

-Chacun ses goûts !

On rigola en mangeant et en discutant l'un de l'autre. Il était le dernier de sa famille, avait deux chiens, possédait une très grande maison de vacances -où il promit de m'emmener-, jouait du piano depuis ses six ans et faisait du football américain depuis le collège.

-Et tu veux faire quoi plus tard ? me demanda-t-il.

Je ne savais pas. Avant je voulais aller au couvent mais maintenant, maintenant qu'Étienne avait tout changé... Je ne savais pas.

-Je sais pas trop, j'ai encore un peu de temps pour me décider. Et toi ?

-J'aimerais bien faire avocat ou sénateur. Mais bon faut pas trop espérer pour la deuxième, rigola-t-il.

-Mais si ! Tu pourrais faire un très bon sénateur !

-Merci. Je te verrais bien institutrice !

-Pourquoi pas. J'y réfléchirai.

On discuta encore un moment mais la sortie touchait à sa fin.

-C'était vraiment génial pour un premier rendez-vous. Vivement le deuxième ! Enfin si tu veux bien...

-Ça serait vraiment bien un deuxième.

Il s'approcha de moi, à quelques centimètres et déposa ses lèvres sur les miennes.

Pas de feux d'artifice, pas de papillons dans le ventre, pas de palpitations, pas d'envie d'aller plus loin. Différent. C'était différent de lui. C'était agréable, mais juste agréable.

Il mit fin au baiser et me sourit timidement avant de partir. Je rentrai chez moi en réfléchissant.
Pourquoi ? Pourquoi n'avais-je rien ressenti ? Pourquoi était-ce différent ? Pourquoi tant de questions ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?!
Je n'y comprenais plus rien. J'appellai Noa et lui racontai tout dans les moindres détails.

-Écoute, c'est que le début. Si ça se trouve tu vas finir par tomber amoureuse de lui.

-Oui mais si ça marchait pas ?

-Et bah t'aura essayé ! Il pourra pas t'en vouloir, on choisit pas ces choses là.

-Ouais, merci Noa. À lundi.

-À lundi, et t'en fait pas trop pour ça.

Je raccrochai et observai mon jardin de ma fenêtre. Deux très long mois n'avaient pas suffit à le faire disparaître de mon esprit.

"Tu est entré sans jamais ressortir vraiment."

En prononçant cette phrase je ne savais pas à quelle point elle était vrai. Mais maintenant je me rendais compte qu'il était plus important pour moi que je ne l'avais cru. À quel point ? Impossible de savoir, il n'était plus là.

††

C'était aujourd'hui notre sixième rendez-vous. J'avais décidé de laisser sa chance à Peter et tout c'était déroulé pour le mieux. Nous étions ensemble depuis maintenant un mois et demi et il m'emmenait en week-end dans sa maison de vacances avec sa famille. Je les avais déjà rencontré pendant un repas et d'après Peter ils m'avaient adoré. Sa soeur, Mélissa, était âgé de un an de plus que moi et j'étais rapidement devenue très amie avec elle. Ses deux grands frères, Marc et Romain, avaient respectivement vingt-et-un et vingt-trois ans et n'arrêtaient pas d'embêter leur petit frère. Leur famille était pleine de vie et l'ambiance me plaisait énormément. Ses parents Katherine et Jimmy étaient vraiment des personnes géniales, sympathiques, généreuses et très compréhensives.
La maison était immense, Peter m'emmena dans sa chambre et commença à me chatouiller. Je le suppliai d'arrêter quand Romain entra dans la pièce à ma rescousse. Il tira son frère en arrière et lui infligea le même traitement. Après cette petite bataille Katherine nous appela pour un pique-nique. On prit les sacs contenant le repas et on se dirigea vers une forêt près de la maison. Arrivé dans une jolie clairière on posa les affaires et on mangea tranquillement. Une fois le dessert fini Marc, Romain, Mélissa et Jimmy décidèrent de jouer avec une balle et les deux chiens. Katherine s'installa dans l'herbe pour faire une sieste et je m'allongeai dans les bras de Peter tandis qu'il me racontait ses souvenirs dans cet endroit.
Je me sentais bien avec lui, c'était le petit-ami parfait, gentil attentionné, drôle, et plein d'autres qualités encore. Inconsciemment il m'avait fait oublié mon passé, et je ne m'en étais même pas rendu compte.

-Je t'aime Louise.

-Moi aussi Peter.

"Ce n'est pas bien de mentir"

Est-ce que je lui mentais ? Ou est-ce que je me mentais ?

C'est là que je le sentis. D'abord une brise brûlante. Puis son regard. Posé sur moi, détaillant chacun de mes gestes, gravant chacun de mes traits dans sa mémoire. Je le savais. Il était là, quelque part pas loin. Il me voyait, et il venait sûrement de comprendre que Peter n'était pas qu'un simple ami. Je me levai, prétextant vouloir me dégourdir les jambes, et avançai vers un ruisseau.

-Ça va ? demanda Peter derrière moi.

-Oui oui. Je suis juste un peu perdue dans mes pensées.

-D'accord. Je vais jouer avec les autres, rejoins nous quand tu voudras. Et ne t'éloignes pas trop.

-Ne t'inquiète pas. J'arrive bientôt.

Il partit, je me levai et scrutai le paysage autour.
Là, juste en face de moi, le noir de ses yeux, le brun de ses cheveux et l'attirail complet du démon. Son regard était dur, empli de tristesse, de colère et de peur. Avec tout derrière le restant de la petite flamme de désir qu'il avait pour moi. Ses habits étaient déchirés, tachés de terre et de sang.
Toute la douleur et le manque faisaient écho dans ma poitrine, mon corps tout entier était secoué de tremblements, les larmes coulaient sans que je puisse les arrêter et un flot incessant de souvenirs passait devant mes yeux.

"Je ne te quitterai pour rien au monde Louise."

-Étienne... murmurai-je.

Danse sur mon âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant