Rose noire

Chapitre 8

Les entraînements ont commencé. Je m'entraîne avec Tris mais je crois qu'ils vont bientôt annoncer les adversaires. Ce qui arrive quelques secondes plus tard.

-Tris, Molly, commence Eric.

Il insiste, on dirait. Un élan de colère me traverse. Je commence à en avoir marre qu'il fasse ça. Mais vraiment marre.
Le combat démarre. Molly est forte et possède une carrure plus imposante que Tris, mais je remarque que cette dernière se débrouille tout de même pas mal. Elle a fait beaucoup de progrès.
Finalement, Tris remporte le combat. Je lui fais un clin d'oeil discret, pour la féliciter.

Cependant, je suis inquiète et je sens une légère panique me soulever l'estomac lorsque Eric prononce mon nom après déjà deux autres combats.
C'est passé tellement vite !
Je m'avance au centre du tatami, et tout d'un coup, je me sens vulnérable.
Je vois qu'Eric prend plaisir à rallonger ce moment, accentuant le stress au fond de moi.
Finalement, il prononce le nom auquel je m'étais tant attendue :
-Peter.
Pendant rien qu'une miliseconde, je vois un coin de ses lèvres se soulever légèrement...
Peter s'avance. Je sens la menace à peine après qu'il soit monté sur le tapis.
Avant que je ne puisse réagir, il me prend le bras gauche et le tord dans mon dos. J'essaie de me débattre, mais en vain: il me plaque au sol.
Waow. Ça commence mal.
Il me regarde dans les yeux. Ce que j'y vois me terrifie, mais surtout me réveille: des ténèbres furieuses semblent y sommeiller, et des éclairs d'excitation paraissent fendre le brun noir de ses prunelles.
Je suis bloquée par ses bras qui m'enserrent le cou, mais mes jambes sont libres.
Ce que je réussis ensuite, fait lâcher plusieurs cris d'étonnement parmi les novices: je prends élan sur le sol avec mes pieds de toutes mes forces et balance mon corps vers l'arrière, emprisonnant le cou de Peter avec mes jambes. Je serre fort et le fais tomber à la renverse.
Nous sommes à présent tous deux à terre, face à face. Je rampe, et lui décoche un coup de pied à la mâchoire.
Malheureusement, juste après, je suis happée par les deux chevilles, puis soulevée dans les airs et jetée à terre.
Cela fait horriblement mal...
Je me relève en vitesse et du mieux que je peux, et me met en posture de combat.
Viens par ici, Peter.
Nous nous tournons autour comme des lions en cage. Il me décoche un coup de poing juste au moment où je fais de même. Le choc est violent.
Nous tombons tous deux à terre.
Et c'est grâce à ma rapidité à me relever que j'arrive à atteindre Peter de trois coups de pied: clavicule, mâchoire, hanche.
Je lui assène un dernier coup fatal à l'entrejambe -oui, oui-, en quelque sorte pour me venger de tout ce qu'il a fait aux autres.
Il pousse un cri de douleur.
Cependant, une de mes mains, restée malheureusement près du visage de Peter, subit alors une terrible douleur. Je tourne la tête: de multiples points rouges de sang, de un centimètre de diamètre environ, courent depuis mon majeur jusqu'à mon pouce, sur le dos et le dessous de la main: il vient de me mordre.
Du sang écarlate a giclé sur le tapis et goutte le long de ma main. Peter a vraiment mordu comme une bête sauvage.
Je lui plaque alors mon poing ensanglanté dans la figure, je veux l'achever. Néanmoins il arrive à me tirer à terre et à m'enserrer le cou.
En seulement quelques secondes je n'ai plus aucun souffle, je sens mes joues s'échauffer. Il se relève, et bien qu'avec difficulté, il me soulève dans les airs, tout en continuant à m'étouffer.
Mes pieds gesticulent dans tous les sens et je tremble énormément. De l'oxygène, tout de suite...
Un de mes pieds atteint par hasard l'abdomen de Peter, et ce, avec une force inattendue.
Il tombe à terre, encore affaibli. Quant à moi, je tombe à genoux, et, les mains au sol, j'essaie de reprendre mon souffle.
Des étoiles dansent devant mes yeux.
Mes poumons me semblent plus imposants dans ma poitrine, à présent.
Pendant quelques secondes, je reste dans cette position. Peter ne se relève toujours pas. Je n'arrive toujours pas à reprendre mon souffle, à respirer correctement.
Comme si tout se passait au ralenti. Mon regard troublé, croise celui d'Eric.
J'ai conscience une masse qui bouge à mon côté. Elle se fait plus grande alors, tandis que mes yeux sont plongés dans ceux d'Eric, glaciaux et indifférents comme jamais.
La tâche s'approche, et sans prévenir, me tire par le col du tee-shirt. Je regarde toujours ces yeux. Je n'arrive plus à bouger.
Un coup de poing me réveille. Deux. Je sens un goût salé et métallique sur ma langue.
Trois. Quatre.
Au cinquième coup de poing, je sens ma tête partir une dernière fois violemment vers la droite, et je vois un filet de sang en sortir, s'étalant sur le tatami.
Cette fois, je suis complètement réveillée.
Mes mains s'agrippent instinctivement à ses épaules, et je m'y appuie pour me relever.
Un coup de genou dans le ventre. Deux coups. Trois coups. Peter est plié en deux. Il gémit.
À bout de forces, nous nous arrêtons soudainement, bien amochés. Je tousse du sang.
Peter est à terre.
Quelques secondes passent, puis la voix de Quatre parvient faiblement à mes oreilles, comme étouffée :
-Assez.
-Tu es pris de pitié pour des novices, Quatre ? fait la voix d'Eric d'un ton légèrement moqueur.
-Non. Ils se sont simplement battus trop longtemps. Tu préfères un combat à mort, Eric ?
Je vois Eric me détailler, les commissures des lèvres légèrement relevées.
-On va les garder en forme pour la suite, si c'est ce que tu préfères. Sortez du tapis, ajoute le leader brutal à notre attention.
Je titube, et je frissonne à la sensation de mes pieds nus sur le sol dur et froid.