Le Garçon aux Piercings

07

Point de Vue Kegann Lawrence

Je le vois encore ce fantôme. Et ce fantôme c'est Mia. Je tente de le fuir par tous les moyens mais en vain. Je suis complètement emprisonné par l'obscurité. Elle me murmure des rires à l'oreille. Ça ne peut me faire que du mal. Je lui demande de se taire et lui supplie d'arrêter mais elle ne s'arrête pas. Ce n'est que lorsque je me bouche les oreilles en fermant les yeux que j'entends ses rires se dissiper. Elle se tient à présent devant moi, et semble attendre que je me calme. Elle se met à marcher, s'attendant sûrement à ce que je la suive mais je ne le fais pas. Je ne suis pas dupe à ce point, je sais que c'est un piège. Mais mes pensées changent radicalement lorsque l'endroit vers lequel elle court se trouve être une maison en feu. Mes yeux s'écarquillent avant que je me mette au pas de course pour la rattraper. Je ne comprends pas pourquoi je n'y arrive pas parce qu'elle marche et moi je cours. Mais en fin de compte je finis par la rattraper par derrière et la serrer dans mes bras pour éviter qu'elle ne s'échappe.

- Lâche-moi!

Je ne l'écoute pas. Je ne veux pas prendre le risque de la perdre, encore. Je crois que je ne le supporterai pas. Je serre mon étreinte encore plus fort, je serais même près à la porter si il le faut.

- Kegann t-tu me fais mal!

Sa voix est devenue différente. Je la reconnais assez pour savoir que ce n'est pas ma sœur. En effet, lorsque je la lâche, ce n'est plus une petite fille qui se tient devant moi mais une jeune femme. Une rousse.

- Candy?

Mes yeux s'ouvrent tandis que mon cerveau se remet doucement de ce rêve. Je n'y ai d'ailleurs rien compris. Qu'est-ce que ça veut dire, Candy qui s'incruste dans mon rêve ? Je tourne ma tête vers la fenêtre. Il fait encore nuit. Oh non, pas encore une insomnie... J'étais rentré plus tôt que Jason de la soirée. Je ne pouvais pas rester plus surtout après ce qu'il s'était passé avec Candy. D'ailleurs, en y repensant, j'avais agi vraiment exagérément. Ma première idée a été de d'abord la laisser se débrouiller seule, mais lorsque cet enfoiré a levé la main sur elle je n'ai pas pu m'empêcher d'intervenir.

Ça me rappelle aussi vaguement les fois où Mia se faisait bizuter. Dans ces cas là, bien sûr, je n'hésitais pas une seconde à partir la défendre. Pour éviter que trop de flash-backs ne surviennent dans mon esprit, je me recouche, me forçant à retrouver le sommeil mais rien ne vient. L'envie de fumer de l'herbe me prend soudain, mais c'est trop risqué ! L'odeur risque de s'accrocher aux tissues de la chambre, et avec Sophie qui rentre souvent dans ma chambre sans prévenir, ça risque d'être dangereux. Mon oreiller est humide à force d'absorber ma sueur. Je le retourne pour pouvoir savourer la partie fraîche, et ça me fait du bien mais je ne parviens toujours pas à me rendormir. J'ai rapidement extrêmement chaud. Ce n'est pas normal car en plein hiver je devrais normalement mourir de froid. Je me débarrasse de ma couverture et une légère brise glacée me parcoure le corps, mais c'était bien sûr trop beau pour durer. Tout mon corps transpire, je chauffe beaucoup et le fait que je gigote beaucoup sur place n'arrange rien. Je me lève, à contre cœur, et me dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir. Je me rends vite compte à quel point une nuit d'hiver peut être paradisiaque. La fraîcheur et l'humidité frappent sur mon visage, rien de mieux pour moi en ce moment. Je ferme mes yeux essayant de ne pas céder à la tentation de me rouler un joint - car oui cette chaleur soudaine que j'ai ressenti était en fait un gros manque - et j'ai énormément envie de fumer mais je me retiens. Je sais pertinemment que ce n'est qu'une question de temps avant que je mette fin à cette résistance mais pour l'instant je profite de la fraîcheur.