Prologue

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Bip bip bip : J'ouvrais mes yeux vert d'un coup, aujourd'hui je fête mes 11 ans! Je me levai d'un bond, et prit mes affaires au bout du lit que Maman m'avait préparer quelques jours auparavant : elle m'avait dit que comme ça je serai tout beau pour mon grand jour! J'enfile donc en vitesse mes vêtements, me coiffe un peu pour être présentable et dévale l'escalier à toute vitesse, un grand sourire envahissant mon visage. J'arrive directement dans le salon où j'aperçois Papa endormit dans son fauteuil, le journal dans ses mains. Je le secoue donc afin de le réveiller pour qu'il me souhaite un bon anniversaire, et pour que l'on puisse faire un gâteau comme il me l'avait promis. Seulement il ne répond pas; je retente le coup mais ça ne fonctionne pas.
"Bon c'est pas grave il doit faire un super rêve le veinard!" pensais-je, un léger sourire aux lèvres. Moi aussi j'ai rêver cette nuit : je recevais un piano pour mon anniversaire et Papa m'apprenait à en faire et tout autour de nous flottait une délicieuse odeur de pancakes : c'était les pancakes de Maman! Qu'est-ce que je les adore... Même que spécialement pour moi elle en faisait en forme de tête d'ours!
Je secouais la tête et eut une idée : et si je commençais le gâteau tout seul? Peut-être que l'odeur le fera se réveiller? Sur ces paroles, je m'en vais dans la cuisine rassembler les ingrédients : farine, oeufs, levure (il me semble?) etc. Au bout de 2h30 environ j'arrive enfin à le finir seul comme un grand : je l'enfourne tout en faisant attention à mettre des gants pour le retirer comme me l'avait apprit Maman. Et je peux dire que je suis plutôt fier du résultat! Je le pose délicatement au centre de la table à manger, je cherche les bougies et les petits chapeaux ridicules mais marrants pour fêtes. Je fais bien attention de répartir 11 bougies sur l'ensemble du gâteau : pas une de plus, pas une de moins. Je mets le petit chapeau sur ma petite tête bouclée, je sors et mets les allumettes sur la table et je pense soudainement à quelque chose : Mais où est Maman? Parmi tout le bazar dans la cuisine, je distingue alors une chose que je n'avais pas vu avant : un bout de post-it collé sur le micro onde. Je m'en approche donc, le prend et lit la petite note qui dit : "Je suis désolée-Maman".
"Ah elle a dû partir faire des courses et c'est pour ça qu'elle s'excuse : parce que elle n'était pas là à mon réveil" pensais-je pensif. Je prends donc deux petits chapeaux de fête et vais de nouveau dans le salon : Papa n'a pas bougé d'un pouce, je le secoue pour lui dire que j'ai fais le gâteau tout seul et pour qu'il soit fier de moi. Mais il ne se réveille toujours pas : il dort toujours aussi profondément. Je lui met quand même son chapeau et je rigole doucement devant cette scène adorable : ça lui fait une tête trop marrante!
Je monte alors dans ma chambre pour jouer un peu : seulement les heures défilent, je commence vraiment à m'ennuyer... Je redescends et m'assois devant le gâteau, pensant que Maman arriverait d'une minute à l'autre. Elle sera contente de voir que j'ai réussi à faire mon gâteau d'anniversaire tout seul! Je veux que Papa et Maman soient fier de moi : j'ai tout de même 11 ans aujourd'hui! Je prends la boîte d'allumettes et en allume une afin de déposer le feu sur la mèche des bougies. Une fois fait, je contemple mon "oeuvre" et suis fier de moi! J'allonge mes coudes sur la table et maintient ma tête avec mon poing : je regarde le gâteau; il n'a pas un très bel aspect parce que après tout je suis encore un peu petit mais il me plaît, il a l'air super bon! De plus il est original car j'ai mélangé plusieurs saveurs : j'ai mis de la noix de coco parce que c'est ce que Maman préfère, de la poire parce que c'est le fruit préféré de Papa et enfin de la banane parce que je serai prêt à me battre avec mon meilleur ami (alors que je l'adore) pour en manger à longueur de journée! Vous me direz sûrement qu'il doit être dégoûtant ce gâteau parce que les goûts ne vont pas ensemble mais à moi il me plaît parcequ'il contient une part de toute la famille. Les flammes des bougies sont moins vives que tout à l'heure parce que je ne sais pas depuis combien de temps j'admire ce gâteau mais ça ne les empêche pas d'illuminer mes yeux vert étincelant qui sont maintenant brouillés par des larmes qui ne veulent pas rouler le long de mes joues : elle ne rentrera pas ce soir comme elle n'est pas rentrée hier et le jour d'avant. Une petite voix me dit que Maman ne rentrera plus. Et que Papa ne se réveillera pas...
Je sors de ma longue transe si l'on peut dire puisque je ne m'étais même pas rendu compte qu'il faisait à présent nuit noire, et avec le temps qui passait le gâteau a finit par fondre. Mon gâteau n'est plus bon, on ne peut plus le manger puisqu'il y a de la cire dessus, ce qui veut dire une chose : mon anniversaire est finit, je n'ai pas pu faire mon voeu. Je me lève tout doucement, poings sur la table sans me soucier de faire du bruit en raclant la chaise sur le sol de la cuisine; je fixe un point, perdu dans mes pensées comme bloquer sur place. Je contourne la table et mets un pied devant l'autre sans m'en rendre compte : c'est comme si je ne contrôlais pas mon corps. Il avance lentement, très lentement pour finir quelques pas plus loin, dans le salon. Là je m'agenouille devant le fauteuil de Papa et je le secoue plus violemment que les autres fois parce qu'il doit se réveiller maintenant. Il n'a pas le choix : cela fait maintenant des heures et des heures qu'il dort, il a raté mon anniversaire. Il devait m'emmener faire du rafting pour que l'on puisse "passer un bon moment père-fils" et Maman devait nous faire ses lasagnes qu'on aime tant. Mais aujourd'hui je ne ferai rien de ces choses... Parce que aujourd'hui ma vie a prit un tournant auquel je ne m'attendais pas. Je réalise que mon Papa qui me regardait avec tant de tendresse dans le regard ne pourra plus le faire désormais : il ne me verra pas grandir, ou me voir épanouit. Je réalise qu'il est partit. Parti pour de bon. Il ne reviendra pas tout comme Maman. Et ça me fait tellement bizarre de me dire que Papa est mort et que Maman est partie.
Après quelques mois passés au foyer pour enfants, la famille de mon meilleur ami m'a finalement adopté.
5 ans plus tard...
"Salut Lou'!" m'exclamais-je un grand sourire aux lèvres, ma fossette apparaissant largement.

Nothing like usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant