Chapitre IV.

267 19 13
                                    

« Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l'imagination est sans frontières. » -Jean-Jacques Rousseau.

~~


La cascade croulait sur le verre, et l'eau s'y échouait à profusion, de temps en temps un petit éclat se créait parmi toutes ces vagues mouvementées.

Nous étions un mardi, et la pluie tombait sur Londres. Avachie sur le canapé du salon, je mâchouillais mes céréales, tout en observant cet habituel spectacle sur la baie vitrée de l'appartement. Jason était parti il y avait de ça plusieurs heures, mais ce matin, il avait décidé de ne pas me dire au revoir. J'en ignorais les raisons, même si je pouvais supposer qu'il se soit vexé. Et pourquoi ? Seulement parce que je ne l'avais pas réveillé comme convenu dans la nuit. Il était comme ça Jason, le respect des planifications avant tout, rancunier, et susceptible. J'avais pu m'en rendre compte au fil du temps et de notre relation. Car ça n'est jamais au début que l'on s'aperçoit de la réalité, les défauts apparaissent seulement que plus tard dans une relation amoureuse, ou même amicale. Au commencement, l'être nous paraît le plus parfait du monde, l'irréprochable personne, le petit ange qui brille dans nos yeux, jusqu'à en dilater nos pupilles. Mais un jour ou l'autre, l'ange perd ses si grandes ailes, il ne vole plus, et marche simplement, son regard change, le masque tombe. L'humain refait surface, le réel, le vrai, l'effrayant. Et vous, comment devez vous réagir face à cela ? Et bien, à mon humble avis, je pense que c'est ici que tout se joue. Compatibilité ou incompatibilité ? Vos caractères imparfaits seront-ils capables de cohabiter ? Seront-ils capables de se supporter, et non pas d'exploser tendant à l'écroulement de tout ce que vous avez bâtis.

« Aujourd'hui, la pluie recouvrira notre grande ville de Londres, et aucun éclaircis n'est à prévoir. » Annonça le présentateur météo à l'antenne de mon petit post radio.

Je laissais retomber les céréales dans mon bol, et le posais sur la table basse. Je faisais ensuite chavirer ma tête en arrière, pour la reposer sur le dossier de mon canapé. Mes yeux s'éteignirent quelques instants, et cette curieuse silhouette lumineuse, au milieu d'une lumière foudroyante, me réapparu aussi soudainement qu'un éclair. Mes paupières se rouvrirent l'instant suivant pour rencontrer la lumière terne pendant à mon plafond. Il était toujours là dans mon esprit, et la nuit ne l'avait pas effacé. A vrai dire, je doutais qu'il était possible de me le faire oublier, cette expérience vocale avait été bien trop évidente et bouleversante pour moi. Une force de courage et de motivation s'était éprit de mon être, et en refermant mes paupières, le bruit de la radio, le claquement de la pluie sur la fenêtre, tous ces bruits s'estompèrent, et je parvins à me rappeler le sons de cette incroyable voix. Grave, voluptueuse et rauque, le délice des paroles et des harmonies... Il m'en fallait encore, toutes ces sensations me manquaient et je n'avais qu'une idée en tête : la réécouter encore et encore.

C'est ainsi que sans plus attendre, je prenais la décision de me lever du canapé, de débarrasser mon petit déjeuné, et d'enfin mettre en place une organisation de ma journée. A grands pas, je me dirigeais dans la salle de bain, et pénétrais à l'intérieur de la cabine de douche. Pendant que l'eau chaude relaxait mon corps un peu engourdi, je réfléchissais à ce que j'allais prévoir. Première évidence, retourner au « Slow Night's Bar » ce soir. Et cette fois, les négociations allaient se faire de la manière la plus sérieuse, j'avais déjà fait preuve de beaucoup de patience jusque là, et il ne fallait pas en abuser. De toutes les façons, il n'y avait qu'à se dire que ce garde obstiné allait bien céder un moment ou un autre. Comme tout humain, il avait ses limites, et j'allais le pousser jusqu'à celles-ci, si il le fallait. Mais avant cela, comme habituellement, Alison allait partager le déjeuné avec moi, et il fallait que je trouve un quelconque arrangement pour rassembler le groupe dans l'après-midi. Je disposais donc d'une petite matinée, qui allait être utile à une « près enquête » si l'on pouvait le dire ainsi.

Behind Your Voice [H.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant