Behind Your Voice [H.S]

Chapitre V.

[LIRE LA NOTE A LA FIN :)]

« La fascination a ceci d'extraordinaire qu'elle ne s'embarrasse d'aucun interdit. Aucun jugement de valeur. » -Rajae Benchemsi.

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Mes paupières étaient lourdes, mon corps transi par le froid et l'humidité de mes vêtements. Mes pieds s'étaient laissé traîner sur le parquet de l'appartement, l'épuisement empêchait mes membres de s'activer normalement. Ma tête me semblait si lourde, je rêvais d'un bon bain chaud réconfortant. Mais ce désire fut vite éloigné par la raison, vu la fatigue qui m'accablait, je risquerais de m'assoupir dans la baignoire, au risque de me noyer, pitoyablement. Je voulu poursuivre mon raisonnement pour faire un choix, et décider de quoi faire dans cet état, mais en vain. Ma tête refusait à penser un peu plus, et mes pieds recommencèrent leur jeu morose, en guidant le reste de mon corps vers la chambre. Le lit m'appelait. Pas le temps, ou même la force, de retirer mes vêtements. Sans toucher Jason, je prenais place sur le bord du lit, laissais mes chaussures s'échouer au sol, et mollement, je m'allongeais. Je restais simplement au dessus des couvertures pour ne pas prendre le risque de les soulever et de déranger mon petit ami qui dormait à point fermé. A en croire les bruits que produisaient sa bouche et ses narines, il ne m'entendait pas et poursuivait paisiblement son sommeil.

Je ne bougeais pas d'un millimètre, mes deux mains reposaient sur ma poitrine montante et descendante, les deux yeux rivés vers le plafond. L'obscurité ne me laissait rien voir, mais pourtant, mes yeux ne se fermaient pas. La fatigue grandissante, l'engourdissement de mon corps frileux, le vide envahissant ma tête ne suffisaient pas à me laisser lâcher prise. Il y avait cette petite chose désagréable, cette petite sensation instable, ce petit et stupide espoir qui refusait catégoriquement que je dorme. « Peut-être va t-il te contacter bientôt... » murmurait une voix au creux de mon oreille. Alors, se poursuivait mon interrogation. Et si cette voix avait raison ? Et si au moment où je me laisserai aller aux bras de Morphée, je recevais quelque chose, un signe quelconque de sa part ? Je devrais me tenir prête à lui offrir mon tant attendu discours élogieux, on ne pouvait être sur de rien. Et si il s'en allait en ne voyant point de réponse lui revenir ?

J'avais cette impression de lui, du peu que j'avais pu entrevoir et connaître, qu'il était une sorte d'être insaisissable, ou tout du moins furtif et presque imprenable. Peut-être qu'une toute petite erreur de ma part suffirait à l'ébranler et à le faire fuir d'entre mes doigts. Mais ma tête était lourde et bourdonnait presque sous ma lutte intense contre le sommeil. C'était un combat entre l'obsession de l'esprit, et l'épuisement physique, une bataille de l'impossible puisque entre deux extrêmes.

Soudain, il se produisit une chose inattendue. Une rupture, un éclat, un embrasement dans l'obscurité qui recouvrait la chambre. Une lumière blanche rompit le noir, et submergea la pièce. Je la connaissais cette lueur, mon cerveau à l'afflux établit les connexions et comprit que mon ordinateur laissé en veille sur le bureau venait de se rallumer. Et pourquoi ? Mon esprit obsédé ne me donna qu'une réponse : c'est sûrement lui. Mon corps, lui, hésitait à réagir, à quoi bon se lever si nous ne sommes sure de rien, tu es épuisée, dort et pense à autre chose. Je tournais le regard vers l'appareil toujours lumineux, je du plisser les yeux pour tenter de distinguer quelque chose à distance. Je reconnu le menu qui affichait la liste de mes mails les plus ressents. Je senti alors une montée de force en moi, sûrement l'espoir qui prenait plus grande ampleur. Ce fut dans un mouvement presque inconscient que je me retrouvais debout : l'esprit venait de triompher sur le besoin physique et j'agissais en me rendant à demi compte de mes actions. Cela semblait tellement instinctif, comme si je me devais d'aller voir ce que l'écran affichait pour survivre, ou tout du moins, pour mon bien.