Chapitre 13

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- Vic, je ne veux pas y aller. 

Vic s'approche de moi, ses longs cheveux lisses lui tombant sur les épaules. Il me prend dans ses bras en me chuchotant des mots de réconfort dans l'oreille.

- Ne t'inquiètes pas, je serais toujours là. 

Sa mère frappa à la porte et nous prévint qu'il était l'heure de partir. Cela faisait 3 semaines que j'étais sortie de l'hôpital et je résidais chez les Fuentes provisoirement. Je rentrais dans la voiture suivie de toute la famille. La musique se diffusait dans l'étroite voiture, allégeant le silence. Quand on arriva devant l'imposant bâtiment, j'eus le souffle coupé. Il n'y a rien de plus intimidant qu'un tribunal. Vic vint s'installer sur le banc des témoins alors que sa famille se tenait juste derrière lui. L'avocat qui s'occupait de moi vint me chercher et m'emmena jusqu'à ma place, au premier rang, devant tout le monde. Je baissais la tête et serrais les poings. Je ne savais pas pourquoi cette séance était ouverte au public mais je ne voulais pas qu'ils voient ça. J'entendis leurs exclamations quand ils emmenèrent ma mère. Elle paraissait calme malgré le fait qu'elle n'était pas coiffée et qu'elle tremblait. Elle était dans la cabine de verre comme si elle était dangereuse, en ce moment elle semblait si inoffensive et perdue. Le juge s'assit à sa place et fit son baratin de séance ouverte, des accusations portées contre ma mère. On écouta les diagnostics des psychologues qui s'étaient occupés d'elle. Le juge se tourna vers moi et je sentis que j'allais devoir faire quelque chose qui me déplaisait : accuser la personne qui m'avait porté dans son ventre pendant neuf longs mois et qui m'avait mise au monde, nourrie et aimée. 

- Mademoiselle, est-ce que votre mère a déjà porté la main sur vous ? 

L'avocat me fit signe que je devais me lever et je le fis à contrecoeur. Je sentais les regards peser sur mon dos mais la voix de ma mère, étouffée par la vitre de plexiglas, se fit entendre :

- Oh non, jamais je n'ai battu ma fille. Jamais. 

Elle se balançait d'avant en arrière et sa voix avait quelque chose d'hypnotisant, je ne pouvais arrêter de la regarder. Elle avait un sourire énigmatique sur les lèvres. 

- Jamais je ne battrais ma propre fille. N'est-ce pas Cara. Dis leur ma chérie. Tu sais que je t'aime.

J'allais abandonner mais Vic se leva. 

- Je confirme qu'elle a battu mon amie, bordel vous êtes aveugle ou quoi ? 

- Monsieur Fuentes, vous n'avez pas la parole actuellement. 

- Qui es-tu pour dire ce que j'ai fait ou pas fait à ma fille petit merdeux ?! Cara dis leur !

Ma mère semblait perdre sa patience et je me réveillais d'un coup :

- Oui, elle l'a fait. 

- Cara ! Va au diable, attends que je vienne te chercher tu verras ! 

Un flot d'injures sortit de la bouche alors qu'elle se jetait contre la vitre. Je reculais de peur et tombais à terre, me recroquevillant sur moi-même, cherchant à me protéger des mots. Deux infirmiers embarquèrent ma mère hors de la salle alors que les flashs illuminaient la zone et qu'un brouhaha s'élevait dans la salle. Je sentis une main se poser sur mon épaule et je hurlais de terreur. Je tremblais comme une feuille et reconnus la main de Vic. Le juge essaya tant bien que mal de faire retomber l'agitation et je sentais Vic me frottait le dos pour faire tomber la tension qui tiraillait mon corps. Je me relevais et allais me rasseoir sur mon siège, serrant les bords tellement fort que mes jointures blanchirent immédiatement. Mon avocat près de moi se leva :

- Monsieur le juge, je ne suis pas sûr que ma cliente soit dans en état de continuer la séance. Cependant, au vue des derniers instants, je pense que nous pouvons nous passer d'elle pour finir. 

Je ne sais pas ce que répondit le juge mais peu de temps après, Mike me prenait par le bras et me traînait hors de la salle. On s'assit sur un banc et il s'alluma une cigarette. Je repliais mes genoux et les serrais en les entourant de mes bras. Je sursautais quand un cri déchira mes tympans.   

- Te tuer ! Je vais te tuer ! Tu vas souffrir quand je te retrouverais !

Deux infirmiers en blouse blanche la tenaient fermement mais je ne la voyais pas bouger les bras. Une camisole l'entravait de ses mouvements et c'est une des pires choses que j'ai jamais vu. J'aurais préféré qu'elle me frappe cent fois plutôt que de la voir diminuer comme ça. Ses yeux brillaient d'une folie furieuse rouge sang. Les hommes accélérèrent le pas afin de disparaître plus rapidement. Ils mirent ma mère dans le véhicule qui portait l'écriture : "Hôpital Psychiatrique de la région de San Diego". Les gyrophares s'allumèrent et le véhicule disparut au coin de la rue.

- Je suis désolé. On aurait dû aller plus loin. 

Je me repliais encore plus sur moi-même et ne répondis pas. Je le vis se passer une main dans les cheveux et il s'assit près de moi en passant son bras autour de mon cou. Je posais ma tête contre son épaule, me laissant aller contre lui. Je fermais les yeux, profitant de la chaleur du soleil sur mon visage. J'avais froid, ma peau était glacée. Une ombre se fit devant moi et j'ouvris un oeil. 

- Cara ? Je peux te parler ?

L'assistante sociale qui s'occupait de moi était là et s'assit de l'autre côté de moi. 

- J'ai réussi à prendre contact avec une de tes tantes. Je sais que ce n'est sûrement pas le moment idéal mais ils sont là aujourd'hui pour parler au juge de ta garde. 

- D'accord, c'est bien. 

Cela signifiait la fin de ce cauchemar, je n'avais jamais vu les autres membres de ma famille. Tout ce je espérais c'était que qu'ils soient différents de ma mère.

- Tu veux les rencontrer ? 

Mon assistante sociale était une des personnes les plus douces que j'avais eu la chance de rencontrer. Elle ne haussait jamais la voix, demandait toujours noter avis avant de prendre une décision. Je hochais la tête et elle me dit qu'elle allait les prévenir. Elle me laissait le temps de me préparer psychologiquement à cette rencontre. 

- T'es prête à le faire ? 

- J'irais habiter chez eux et ils s'occuperont de moi alors oui je pense que je peux le faire. 

- Tu sais que tu peux encore attendre quelques jours avant de les voir. 

- Non, je veux le faire maintenant. 

- Faire quoi ? 

Vic s'était approché de nous, cachant le soleil. J'avalais difficilement avant de lui dire :

- Voir mes nouveaux tuteurs.      



Protection (with Vic Fuentes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant