「Spring day」

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PROLOGUE
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POV Jung Kook

 
Ce matin-là, la maison était silencieuse comme toujours, puisque mes parents travaillaient et étaient souvent en déplacement. Je pris en vitesse mon petit-déjeuner avant de me rendre en cours. En passant devant la maison voisine, je vis mon ami d'enfance descendre les marches de chez lui. Il était vêtu d'un sweat noir bien trop léger pour cette saison et sa capuche cachait son visage. Il leva la tête vers moi et nos regards se croisèrent. Il ne me rendit pas mon sourire et passa devant moi sans même me saluer. Je commençais à m'habituer à ce comportement froid et distant.

Tae Hyeong et moi, nous nous connaissions depuis notre plus jeune âge. Il y a longtemps, sa famille était proche de la mienne et elle venait fréquemment chez moi. Tae était un garçon un peu plus jeune que moi, il était plutôt timide et réservé mais adorablement gentil. Une certaine complicité s'était rapidement installée entre nous. Nous nous entendions à merveille. Il était devenu mon tout et pour rien au monde, je ne voulais pas le perdre. Nous avions passé notre maternelle ensemble, mais nous fûmes séparés en primaire. J'étais dans une école privée alors que lui se trouvait dans une école publique. On continuait à se voir en dehors des cours, j'aimais le voir sourire et rire. Il était comme un frère du moins c'est ce que je voulais croire. Cependant, au fil du temps, un écart s'était creusé entre nous jusqu'à malheureusement ne plus s'adresser la parole. J'aimais vraiment être avec lui et son absence soudaine commençait à me peser.

Je le suivis tête baissé perdu dans mes pensées jusqu'à l'arrêt de bus et m'assis à ses côtés silencieusement. Comme d'habitude, il était en tailleur les écouteurs aux oreilles. Je pouvais entendre de là où j'étais Keep it real de One ok Rock, sa musique favorite. Je me demandais comment on avait pu en arriver là. Il était là près de moi, mais j'avais l'impression d'être si loin. Je tendis mon bras et lui enlevai sa capuche délicatement. Il se tourna vers moi surpris avec ces grands yeux sombre écarquillés. Il s'était éclairci ses cheveux en bataille ce qui lui allait parfaitement bien. Même les traits de son visage avaient changés, ils s'étaient durcis et lui donnaient un air plus mature.

« Tu viens manger chez moi ce soir ? Mes parents sont encore absents... » Lui demandais-je avec l'espoir de pouvoir passer ne serait-ce qu'un peu de temps avec mon meilleur ami. Je lus de la surprise dans ses yeux face à cette demande si inattendue de ma part. Il secoua la tête comme pour se reprendre et dévia son regard vers un point invisible. Ses sourcils se foncèrent tandis que sa mâchoire se serra donnant une curieuse expression que je n'avais jamais vue chez lui. Mon cœur se serra, je devinais facilement ce qu'il allait me répondre.

« Désolé, mais je ne pourrais pas, ma mère veut que je garde mon petit frère. » Je ne me souvenais pas que sa voix était si grave, il y avait quelque chose de plus dans celle-ci qui avait changé, mais je ne voyais pas vraiment de quoi ça s'agissait. Il avait refusé ma demande, alors qu'auparavant, il n'avait jamais refusé de venir me tenir compagnie. Je me rendis compte qu'il n'avait pas seulement changé physiquement, mais totalement. Il ne me disait plus bonjour, ne me rendait pas de sourire et m'évitait à longueur de journée. Il ne me regarderait plus jamais en face.

« Une autre fois alors ? » Ma voix trahissait ma tristesse, j'avais cette boule dans la gorge qui m'empêchait de parler normalement. Il me répondit d'un petit bien sûr et remit ses écouteurs, coupant net notre court échange. Son bus arriva, et je le vis partir sans me saluer une nouvelle fois. Je serrai mes poings retenant les larmes que je sentais venir à moi. Je me demandais où était passé mon ami d'enfance que j'aimais tant. Ce petit brun qui rigolait vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L'ami qui venait s'incruster chez moi pour me tenir compagnie lorsque mes parents étaient absents. J'avais le cœur si lourd, il me manquait tellement et indirectement, je lui en voulais d'avoir pris ses distances sans aucune explication. Je voulais que ce soit juste passager et que mon ami qui me manque tellement revienne à mes côtés comme autrefois.

« Tu me manques, rien que le fait de dire cela fait que tu me manques encore davantage,
Même en regardant ta photo, tu me manques,
Le temps est si cruel, je nous déteste. »

Je me trouvais à la cafétéria avec mes amis et nous discutions de tout et de n'importe quoi. On était assis à notre table habituelle, on se connaissait tous depuis la primaire n'ayant jamais vraiment changé de classe. C'était un des points positifs de l'établissement lorsqu'on avait une bonne classe comme la mienne. On s'entendait tous très bien et il n'y avait quasiment jamais de conflit. On n'était pas du genre à chercher la petite bête entre nous. Les sujets allaient à droite à gauche et j'avouais avoir du mal à suivre. Peu de temps après tout le monde accorda de l'attention à l'un des garçons de la table d'à côté bien trop brouillant.

«  - Hé, vous savez, j'ai un ami qui est dans l'autre lycée. Dans sa classe, il y a un garçon, le pauvre, il endure beaucoup de choses chaque jour. Il y en a qui ne sont vraiment pas tolérants... C'est triste.
- Oh, c'est qui ? Et les autres ne disent rien ? Il ne faut pas laisser ce genre de chose passer, ses problèmes risquent de s'aggraver.
- Je ne le connais pas et mon ami ne m'a pas dit son nom. Apparemment, il y a beaucoup de harcèlement dans son école. Et personne ne veut parler, même pas lui, il a peur que ça lui retombe dessus. C'est compliqué... Et j'ai l'impression que les professeurs ferment les yeux sur ça.
- Je pourrais jamais sortir avec un homme, je ne comprends pas réellement comment l'on peut tomber amoureux de quelqu'un du même sexe.
- Bah, c'est normal, vu que tu es hétéro Lee, c'est quelque chose en nous. Et le fait qu'il aime les hommes ne change en rien que lui aussi est un humain avec des sentiments. J'espère vraiment que ça ira bien pour lui, même si je ne le connais pas... »

En écoutant leur conversation, mes mains se mirent à trembler, j'avais énormément de peine pour ce garçon. Son orientation sexuelle n'était pas une raison de s'en prendre à lui. Voilà, à notre époque, beaucoup de gens souffraient d'un manque de tolérance. Je trouvais cela injuste de ne pas accepter la différence de certains et de les mettre à l'écart. Les personnes qui s'en prennent à lui pensent sûrement qu'il le mérite, mais ce sont eux qui sont juste ignorant. Comme si aimer quelqu'un du même sexe était un crime... Le sexe de l'autre personne importe peu quand on aime. Les propos Homophobes m'agaçaient tellement, j'avais la rage. Je sentais une colère énorme m'envahir, mais je ne comprenais pas. Après tout, je n'avais rien avoir dans cette discussion et je ne connaissais même pas ce garçon.

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Look Here | T.kook /En réécriture/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant