chapitre un

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Il y a cette chambre, la 406. Tout les soirs je passe devant, et tout les soirs c'est le même rituel, elle est entrouverte et il y ce gars, assit sur son lit regardant dehors.

Tout les soirs c'est la même chose, je rejoins mon père dans son bureau, et tout les soirs une nouvelle question.

Je passe d'abord par l'accueil saluant brièvement la secrétaire qui "oh tu as les mêmes yeux que ton père", ça aussi ça doit être un rituel absurde, blondasse outrageusement maquillée, quelle horreur, je comprendrais jamais comment elle pu finir ici, à la réception d'un hôpital psychiatrique.

Une fois le long couloir longé, une boule se forme dans mon ventre, j'arrive vers la chambre 406, et ça m'angoisse, alors qu'au final c'est un patient comme les autres, un fou parmi tant d'autre.

Ça doit faire huit mois que je passe devant cette maudite chambre.

J'arrive devant le bureau de mon père et je comprends toujours pas comment il trouve un quelconque intérêt à son boulot. Directeur d'un hôpital psychiatrique. A quel moment dans une vie on désire faire un tel métier ? C'est quoi comme déclic qui pousse une personne à se rendre compte que c'est sa passion ? Comment un matin on peut se réveiller en se disant que c'est ça sa vocation, la chose qui nous correspond le plus ? Au final, je me rends compte que mon père est en fait tout aussi fous que ses patients.

Je reste devant la porte à le regarder, et je me demande si un jour il réalisera que son métier n'est que nullement intéressant, certes y a un chouette salaire, mais c'est pas un peu barbare de se faire du pognon sur des gens anormaux ?

-Tu rentre pas Harry ?

Mon père me coupe dans ma réflexion, pas plus mal d'ailleurs parce qu'après tout depuis quand je me préoccupe de ce genre de choses ? Je lui adresse un sourire en guise de bonsoir et viens m'installer sur un des deux fauteuils en face de lui séparés par un grand bureau de marbre, sans doute plus coûteux que tout les repas distribués ici.

-Ta journée s'est bien passée ? Me demande-t-il en levant la tête vers moi.

Je hausse les épaules en unique réponse, une journée de cours reste une journée de cours, toujours les mêmes profs chiant qui récitent leur programme sans cesse.

-Toujours aussi bavard dis-donc.

L'ironie de mon père m'agace, il dit ça en arquant un sourcil, limite accusateur. Alors je m'installe bien dans mon siège, et le fixe quelques secondes, il sourit incrédule et m'interroge du regard.

-C'est qui le gars dans la 406 ?

Et là, il baisse la tête, il me répond pas, et je comprends pas. Il me répond toujours habituellement, je connais presque tout les dossiers de ses patients, et celui de la 406 il se tait.

-Oh, papa, tu m'entends ? Dis-je le ton un peu plus vif.

-Oui Harry je t'entends.

-Alors réponds moi non ?

-Secret professionnel. Dit-il la voix sévère.

Je pouffe de rire, parce que non, vis-à-vis de moi il n'y a jamais eu de "secret professionnel" qui compte, il m'a toujours tout dit.

-Tiens tu connais cette clause de ton contrat toi ? Après m'avoir étalé toute la vie de tes malades tu t'ai rendu compte que oui en effet secret professionnel. Ris-je.

-Harry change de ton. Je n'ai rien à te dire sur ce môme, point final.

Je lève les yeux au ciel et insiste encore un peu, il commence à s'énerver, on le voit à son visage, il a les traits tirés.

névroséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant