La prise de conscience

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Nous sommes le 27 avril 2015, et ça fait déjà une semaine que je suis en vacances. Je me demande pourquoi je ne suis pas bien au collège. Ce n'est pas le travail qui me dérange, c'est sûr j'étais tellement heureuse pendant mon stage. Je n'ai plus d'amis au collège, ils sont tous partis au lycée. Ce serait peut-être du harcèlement scolaire mais je ne sais pas vraiment ce que c'est.

Le harcèlement scolaire... il n'y a pas longtemps, j'ai lu un livre qui en parlait « Marion,13 ans pour toujours » de Nora Fraisse. Je ressors ce livre et le feuillette, en le feuilletant je me rappelle qu'il y a quelques descriptions sur ce qui peut être considérer comme du harcèlement scolaire. Je n'avais pas remarqué, il y a plusieurs formes de harcèlement que je subis quotidiennement au collège. On m'insultait et même devant les surveillants, ils ne disaient rien. On m'appelait « Proute », les élèves l'avaient même écrit sur les murs du collège et dans la rue et personne ne disait quelque chose. Et les coups quotidiens dans les couloirs, ils disaient qu'il y a beaucoup de monde et que c'était normal. Pour les « bagarres », c'était toujours de ma faute.

En m'apercevant que je subissais quelque forme de harcèlement, je décide d'aller voir sur internet pour en savoir plus. Je prends mon portable et rentre « harcèlement scolaire » dans la barre de recherche et je tombe directement sur le site officiel de l'éducation national. Et je redécouvre encore plusieurs formes de harcèlement, comme mise à l'écart, dégradation de mon matériel et même vol visé et régulier. Et le site dit que si on est harcelé, il faut en parler. Je veux bien en parler mais à qui ?

L'équipe pédagogique mais ils doivent le savoir. On m'a comparé à Hitler en cours d'histoire, le prof n'a rien dit. Plusieurs professeurs ont remarqué que l'on m'insultait et que l'on me jetait des objets dessus. Je vois bien qu'ils le savent mais qu'ils ne veulent rien faire pour moi.

Ma mère mais je l'aime tellement. Je ne veux pas la faire souffrir, ça doit être terrible de faire un enfant, de l'éduquer pour qu'il soit le plus heureux possible et au final des enfants de son âge lui pourrissent la vie. Surtout qu'il y a plusieurs mois un élève du collège m'a menacé physiquement à l'arme blanche. Ça doit être horrible de mettre un enfant au monde et apprendre que quelques années plus tard on veut sa mort.

Donc j'ai décidé d'en parler avec des personnes sur les réseaux sociaux, le seul endroit où on me laisse tranquille. J'en parle à quelques personnes avec qui j'avais sympathisé. Ça me fait du bien. Les personnes réagissent bien. Il y en a même une qui deviendra ma meilleure amie plus tard. Ça m'enlevé un poids considérable d'en parler et je rends compte que ma vie est vraiment un enfer et surtout je ne me fais pas d'illusion : c'est bien à cause du harcèlement que je pleure tous les soirs.

Il commence à être tard et il faut que j'aille me coucher. Je m'endors pour une fois sans pleurs mais j'ai beaucoup de mal à dormir parce que j'ai une idée : il faut que j'écrive une lettre à la CPE avec des mots forts pour qu'elle comprenne mon mal et réagisse.

Le lendemain je me mets à écrire cette lettre :

« Mme La CPE,

Je vous écris cette lettre car les mots que je vais vous écrire sont trop difficiles à dire. Après avoir réussi à en parler à plusieurs personne grâce à Keen'v. Je pense que cela fait plusieurs mois que je me fais harceler dans votre collège. Car tous les jours on me met plus ou moins à l'écart, tous les jours on m'insulte, tous les jours on me jette des objets, tous les jours on me menace, tous les jours... Plus rarement, on va m'appeler avec un surnom dévalorisant (« Proute »), on va dégrader mon matériel voire même le voler. Aujourd'hui les larmes coulent et je veux que ce soit que les larmes qui coulent. Alors j'espère que vous allez réagir après cette lettre car cette situation ne peut plus durer et réagissez avant qu'il ne soit trop tard. Je sais que je ne suis pas un ange mais j'ai changé depuis ma 6° pourtant les autres continuent. Cette lettre est courte mais veut dire beaucoup... »

Je sais c'est qu'il est important que j'en parle à d'autre personne mais à qui ? Je devrais en parler à mes amis, j'apprends leur réaction. Enfin pour le moment, il faut que je profite du bon moment avec ma famille. Ils ne le savent pas et pour le moment je préfère continuer à faire comme si de rien était.


Un combatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant