Immortels

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« Emma... »

Toujours cette voix étrange qui m'appelait dans cette forêt. Je ne savais combien de temps j'étais là, j'ignorais même où je me trouvais. Chaque nuit, je me retrouvais dans le même bois. Je m'avançais dans l'herbe d'un vert qui n'existait nulle part ailleurs. Aucun animal dans les buissons ou dans les arbres. C'était ce qui me faisait croire que j'étais seule dans cette sylve, seule, avec cette voix pressante...

« Emma... »

Cette fois-ci pourtant, contrairement aux autres nuits, je parvins à avancer. Un pied devant l'autre, je suivis la voix qui se rapprochait de plus en plus pour en trouver la source. Je sentais que cette nuit-là allait être des plus importantes, car cette nuit-là, j'allais faire une grande découverte dans ce rêve quotidien. Je marchais donc, depuis huit minutes. À chaque seconde, ma curiosité grandissait. Mes pieds étaient chaussés de baskets rouges assez modernes qui étaient étrangement toujours propres.

« Emma... »

La voix était de plus en plus présente. Je continuais à m'orienter grâce à ce nouvel appel. Je levai les yeux pour regarder le soleil, mais les branchages et les feuilles m'empêchaient de voir le ciel bleu. Finalement, je décidai de poursuivre ma route. Je me suis alors arrêtée face à un buisson que je poussai délicatement pour franchir le dernier obstacle qui se trouvait sur mon chemin vers la source de l'appel. Face à moi se dressait un bâtiment blanc. Une horloge ornait la façade, mais la montre était cassée, fissurée en son centre. Je m'approchai et montai le perron de l'édifice. Je me trouvai alors face à deux portes, parfaitement identiques. Que devais-je faire ? Je n'en savais rien. La voix restait muette. Je sentais pourtant que j'étais observée, une présence me fixait, je le savais. Seulement, je ne pouvais la voir. Je savais juste qu'elle était là, tapie dans l'obscurité, observant, regardant, analysant dans les moindres détails tous mes gestes. Je décidai de me concentrer plutôt sur le perron et sur les deux portes qui étaient devant moi. Devais-je choisir ou comprendre que je devais faire demi-tour pour revenir sur mes pas ? J'écartais tout de suite cette pensée de mon esprit : pas question de faire demi-tour. Je tenais trop à découvrir la personne ou en tout cas la source de la voix. Je regardai autour de moi pour trouver quelque chose qui pourrait sans doute m'aider. Un décor tout à fait "simple" comparé à l'environnement autour, me surpris presque. En effet, je pus voir un rocking chair immobile, un ballon, un pot de jacinthes, une table accompagnée de ses chaises sur laquelle reposait une théière avec deux tasses. Je posais ma main sur le bord de l'une d'elles, elle était tiède. L'odeur d'un doux thé parvint à mes narines et me rappela aussitôt ma maison. Puis mon regard se posa sur un petit objet en argent. Je le pris entre mes mains et l'observais. Il s'agissait en réalité d'une petite montre à gousset en argent. Au dos, se trouvaient des inscriptions que je ne pus déchiffrer. Cette montre m'intriguait, tout comme le silence pesant qui régnait et les deux portes jumelles. Je décidai de garder la montre de poche avec moi, peut-être me servira-t-elle bientôt. Je me retournai pour contempler la forêt dense. Rien n'avait bougé et personne ne s'était manifesté. J'avais toujours l'horloge miniature dans ma main. Je l'ai regardée puis je me suis tournée vers les deux portes identiques. Rien, ni personne ne pouvait les différencier. Finalement, je reculai, descendis les marches du perron à tâtons pour retrouver de la terre et pouvoir observer le bâtiment en entier. Je ne pus m'empêcher de jeter un regard vers l'immense horloge centrale fissurée qui me dominait de par sa taille et de par sa position. Dans ma main, la montre à gousset refroidit, tout comme l'air, ce qui me fit frissonner. Un vent froid se leva et sans que je pus comprendre ce qui se passait, la voix revint dans un cri strident juste derrière moi.

« Emma !... »

Je fus projetée au sol, et la dernière chose que je vis, fut la montre à gousset dans ma main. Ensuite ce fut le noir...