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« Emma ! Tu vas bien ? »

Mes paupières se sont entrouvertes pour se refermer aussitôt. La lumière du Soleil était si intense, que malgré mes yeux fermés, je pouvais la percevoir. Je sentis quelqu'un me redresser la nuque pour mieux m'asseoir sur un carrelage ou une terrasse.. Finalement, je réussis à ouvrir les yeux et à reconnaître la personne qui m'aidait.

- ...Ulrich... ?

- Tu es encore faible, et on a très peu de temps.

- Quoi...?

- On a trop attendu, maintenant il faut que tu choisisses.

Tout en parlant, il m'a levée et m'a remise sur mes jambes. Derrière moi, un mur m'aidait à tenir debout et soudain, je me souvins de tout. J'avais été projetée en arrière à cause d'Ulrich et m'étais cognée contre le mur, sans oublier mon inconscience et les portes jumelles.

- Quand tu es arrivée ici, Emma, tu trouvais un certain réconfort dans cette forêt. Tu as commencé à t'y sentir chez toi, mais cela ne peut durer éternellement; il faut que tu fasse un choix.

J'avais à peu près retrouvé mes esprits, mais ses paroles restaient encore sombres et incompréhensibles pour moi.

- Entre ta maison et la bâtisse, entre ton frère et moi...

Je le comprenais de moins en moins et l'attitude d'Ulrich m'inquiétait. Je venais juste de me remettre d'un coup derrière ma tête et voilà qu'il me redemandait de choisir.

- Éclaire-moi s'il te plaît.

- Soit tu restes ici pour toujours, soit tu retournes chez toi à jamais. Mais une fois ton choix fait, tu ne pourras plus jamais revenir sur ta décision. Tour dépend de ce que tu vas faire maintenant. C'est à toi de décider, et vite !

Je croyais avoir compris ce qu'il m'avais expliqué, mais tout se bousculait. Je devais rester ici ou repartir chez moi. Dans tous les cas, ce serait définitif, et j'avais très peu de temps pour trancher. Je repensais alors à la lettre d'Aydan dans le salon. Il était ma seule famille, jusqu'à maintenant où il m'avait laissé derrière lui. Il voulait avancer et passer à autre chose. Soit, je ne pouvais rien y faire de toute façon. Que me restait-il chez moi ? Qu'est-ce qui me retenait là-bas et m'empêchait de rester ici ? Je n'avais pas d'ami à proprement parler, personne qui pouvait se soucier de moi et mon frère me prenait pour une folle. Je regardais Ulrich dans les yeux. Il était si gentil mais tellement énigmatique ! Cet endroit était si étrange, mais tellement intriguant ! Je voulais tout découvrir de ce monde, tout de cette sylve, tout de cet bâtisse blanche et imposante !

« Que dois-je faire ? »

- Ouvre ta porte.

- Je te demande pardon ?

- Tu dois chercher au fond de toi quelle porte tu vas ouvrir. Et, tu sais déjà où tu veux aller. Laisse toi guider par ton instinct.

Pendant qu'il parlait, mon regard fut attiré par les deux portes. Mais qu'elle fut ma surprise quand je ne vis qu'une seule porte !

« Pourquoi n'y en a-t-il qu'une ? »

- Les deux portes sont toujours là. Ton cœur te guide là où tu veux aller au fond de toi. Laisse toi aller.

Je suivis ses conseils et me laissais faire, sans réfléchir. Je m'approchais donc de l'unique porte, posais ma main sur la poignée tiède et commençais à la tourner. Ulrich me regardait mais j'avais commencé quelque chose qui ne pouvait être interrompu. Mon esprit contrôlait ma main, et d'un seul geste, j'ouvris la porte. Une vive lumière m'éblouit et je lâchais la poignée pour protéger mes yeux. Je tombais à genoux, ne pouvant plus tenir sur mes jambes. Cette lumière si intense transperçait mon corps et mon âme. Elle me consumait de l'intérieur et me brûlait comme le feu ardent des Enfers. Des larmes de douleur, de désespoir, d'incapacité perlèrent le long de mes joues : je ne pouvais plus rien faire. La vie me quittait peu à peu, je le savais, j'étais en train de mourir. Soudain, la voix d'Ulrich me parvint.

« Laisse-moi t'aider, te guider... Aies confiance en moi. »

Pendant un instant, je vis la main de mon ami tendu vers moi. Ses mots résonnaient dans ma tête tels des échos en pleine montagne. Dans un ultime effort, je lui agrippais le bras, aussi fort que je pus. Ulrich me tira (ou était-ce un hallucination, une image, un mirage...?) pour m'extirper ce puits de lumière infernal et mortel. Ce fut la dernière chose dont je me souvins, la dernière chose que je sentis avant de perdre connaissance à cause de la fatigue, et de la douleur aveuglante.

ImmortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant