Immortels

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Dans ce lieu mystérieux qui n'existe pas je suis restée avec Ulrich et les autres, nous les Immortels. Nous sommes tous amis à présents, nous nous connaissons tous très bien. Ulrich m'a raconté son histoire, comment il est arrivé, comment il avait été amené à choisir et comment il s'est adapté à sa nouvelle vie.  Tous les soirs, nous venons lui et moi au balcon voir les étoiles et nous rappeler notre première discussion après mon arrivée dans ce monde. Cette journée (ou soirée) est restée pour nous deux dans nos mémoires comme le symbole d'une amitié neuve et sincère. Il m'expliqua un jour que nous sommes tous Immortels, que le temps n'avait aucune emprise sur nous, et que nous vivrions à jamais. Il me dit encore que moi aussi je devrais guider quelqu'un. Ces gens-là, on les appellent les enfants perdus , même s'ils ne sont pas des enfants. Il me rassura en me confiant que cela n'arriverait que dans très longtemps. Nous rigolons, nous passons du temps ensemble. Pourtant, j'ai toujours accroché à ma ceinture la montre à gousset en argent, pour me rappeler le temps avec mon frère. Une séparation n'est jamais simple : il s'agit d'une plaie ouverte que seul le temps peut faire cicatriser. Cette cicatrice, on la garde à jamais et fait partie de nous. Certains, comme Ulrich la conserve à travers les étoiles, d'autres, grâce à des portes, métaphores d'un passage vers un ailleurs peut-être meilleur. Enfin, certains, comme moi, pensent que les montres peuvent nous rappeler le temps passé, celui que nous avons laissé derrière. Voilà pourquoi j'ai gardé la toquante accrochée à ma tunique. Néanmoins, je me suis faite à l'idée de ne plus revoir mon frère, Aydan. Et notre séparation appartient désormais à la toquante du passé. La seule chose dont je ne pourrais plus jamais me séparer désormais est la Forêt, avec sa Bâtisse, ses mystères, ses étoiles, son balcon et ses occupants : nous, les Immortels. Nous sommes devenus une grande famille qui ne cesse de s'agrandir tous les jours. Je ne pourrais plus jamais me séparer d'eux, et encore moins de mon meilleur ami : Ulrich.