Une île pleine de mystères

Le gardien de l'ile

                  

Une légère brise caressait son visage, comme si elle cherchait à le réveiller sans le brusquer. C'était à la fois plaisant et dérangeant. Cependant, ce qui persuada Étienne d'ouvrir les yeux fut le fait qu'il sentit la terre ferme sous ses mains. Tout doucement, il se redressa et entreprit de découvrir où il se trouvait. Aussitôt, son regard bifurqua vers sa droite. A sa grande surprise, il aperçut une petite fille qui devait avoir deux ou trois ans ; accroupie, elle était en train de construire un château de sable. Sa robe, de couleur rose bonbon, lui donnait des allures de petite princesse. Étienne était sûr que c'était la première fois qu'il la voyait et pourtant il avait l'impression de la connaitre. Oui, ces cheveux noirs, ce teint métissé, mais surtout ces yeux d'un noir de jais. Se pourrait-il que... ?

— Alvina ? hasarda-t-il.

La fillette leva les yeux de son château et les posa sur Étienne. Un grand sourire traversa son visage.

— Papa ! s'exclama-t-elle. Veux-tu m'aider à terminer mon château?

Étienne ne sut que répondre. Il était beaucoup trop déconcerté. Tout d'abord, il y avait le fait qu'elle l'avait appelé « Papa », mais en plus de cela, contrairement à lui, elle semblait parfaitement à l'aise dans cet endroit, comme si elle y avait vécu toute sa vie.

La fillette l'observait toujours, souriante, attendant patiemment une réponse.

— Bien sûr, finit par répondre Etienne, ne voulant pour rien au monde la vexer.

Il se rapprocha et ensemble, ils se mirent à l'ouvrage. La petite fille avait déjà abattu un travail impressionnant. Il n'avait plus qu'à peaufiner les détails. Chose étrange, il trouva cette activité particulièrement relaxante ; c'était comme si en la faisant, tous les soucis qu'il avait, disparaissaient les uns après les autres.

Après quelques minutes, qui pour Étienne eurent le goût de l'éternité, ils achevèrent leur œuvre. La fillette était ravie et son supposé père l'était également.

Je pense que le moment est venu pour que je sache ce que tout cela signifie.

Il s'apprêtait à interroger la petite fille, mais comme si elle avait lu dans ses pensées, elle lui dit le sourire aux lèvres :

— Ne t'inquiète pas papa. Il t'expliquera tout.

— Il ? demanda Étienne sans comprendre.

Pour toute réponse, la petite fille pointa du doigt quelque chose qui se trouvait derrière lui. Suivant la direction qu'elle lui indiquait, il se retourna et ce qu'il vit lui fit pousser un cri.

A quelques mètres de lui, se tenait un lion, mais jamais de toute sa vie, Étienne n'avait vu de lion pareil. Son pelage était d'un blanc si pur que cela était incroyable. On aurait dit que des vagues de lumière déferlaient de lui.

Il était de notoriété publique que le lion était le roi des animaux, en grande partie à cause de son caractère majestueux et de son organisation, mais pour Étienne, ce lion était encore plus saisissant, plus impressionnant.

Le lion blanc se rapprocha d'un pas lent mais serein. Étienne était beaucoup trop tétanisé pour émettre le moindre son ou pour faire le moindre mouvement. Le lion s'arrêta, si près d'Etienne que, ce dernier put plonger ses yeux dans les siens, et constata avec émerveillement qu'il avait les yeux bleus. Bleu myosotis.

— Bonjour Étienne, dit le lion.

S'il n'avait pas vu la gueule du lion s'ouvrir, Étienne n'aurait jamais cru que c'était bien lui qui venait de parler.

Un lion qui parle ? Quelle est cette folie ? Suis-je en train de rêver ?

— La frontière est très mince entre le rêve et la réalité, dit le lion, répondant ainsi à la question informulée du jeune homme.

Sa voix était à la fois douce et autoritaire. Étienne avait l'impression qu'elle résonnait jusqu'aux tréfonds de ses entrailles. Elle l'apaisait et l'effrayait en même temps.

Voyant qu'en apparence le lion ne lui voulait aucun mal, il rassembla son courage.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

— Je suis le gardien de l'ile, répondit le lion. Et j'ai une proposition à te faire.