Chapitre 7 - Retrouvailles

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Les jours qui suivirent ma rencontre avec le jeune voleur furent plutôt mouvementés. Pour une raison qui m'échappe, j'étais d'une humeur massacrante. Je passais des heures entières à ne rien faire, si ce n'est marmonner, et les seules voix qui me parvenaient dans le vent semblaient se moquer de moi.

Enfin, je passe toujours mes journées à ne rien faire et à marmonner, mais là, c'était bien plus que d'habitude. C'est pour vous dire.

Finalement, après quelques jours, ces étranges sentiments me quittèrent peu à peu, sans aucune raison.

C'était pendant un début d'après-midi, et la chaleur était étouffante. Il fallait croire que cette dernière m'avait sortie de mon étrange transe.

Je pris donc la décision de ne plus me laisser aller ainsi. Je m'envolais à haute altitude, recherchant un peu de répit sous ce soleil de plomb.

Les bourrasques fraîches et l'immensité du paysage me détendent immédiatement. J'ai encore la tête comme une plaine après une bataille, mais ça va mieux.

J'avais repris l'apparence de la jeune femme ailée, et me dirigeai instinctivement vers l'Oasis des figuiers. Une petite soif irritait ma gorge depuis ces derniers jours.

Mais avec l'atroce chaleur, et le reste des tumultes de mes pensées, je déviai de ma trajectoire.

Bercée par les chants du vent, je ne me rendis compte qu'un peu tard où mes rêveries m'avaient menées: j'étais arrivée à la limite des Déserts d'El-Geyo.

Alors que je contemplai le sol, que le sable immaculé des Terres Blanches éclaircissait petit à petit, j'aperçus une silhouette. Curieuse, je perds de l'altitude, et là, surprise!

Mon petit voleur!

Tout à fait lucide à présent, je perdis encore un peu de hauteur. Je m'approche doucement de lui pour ne pas lui faire peur.

Et visiblement, il n'est pas en bon état: on lui a arraché sa veste, si bien que toute la partie supérieure de son corps est exposé au soleil.

Il est au milieu d'un territoire délaissé par les caravanes et les messagers, ce qui me fait supposer qu'on l'y a amené volontairement.

Les morsures qu'a laissé le soleil sur sa peau sont impitoyables: d'affreuses plaques rouges ont envahi son dos, semées de nombreuses cloques d'une taille inquiétante.

En m'approchant d'avantage, je remarque qu'il a les yeux injectés de sang et l'air hagard. Il est plus fin qu'un bout de ficelle étiolé, et je distingue clairement ses côtes saillant sous sa peau.

Cela doit faire plusieurs jours qu'il erre ici. C'est un miracle qu'il soit encore en vie, d'ailleurs.

Je décide de le rejoindre, toujours sous la même forme, et me pose juste à ses côtés. Au même moment, il s'effondre au sol, exténué. Il me remarque à peine, trop occupé à reprendre le peu de forces qu'il lui reste. Par gentillesse, je déploie mes ailes de sorte à ce qu'elles lui procurent un peu d'ombre.

Tout en m'accroupissant, je le questionne:

« Le hasard fait bien les choses, tu ne trouves pas? Tu sais, je trouve que la marche dans le désert, c'est mieux qu'un voyage en chameau. Après des jours sur le dos ces bestioles, tu as le derrière comme une fleur... »

Mon commentaire semble l'animer un peu. Je vois un discret sourire plisser ses lèvres desséchées.

Pendant quelques minutes encore, je continue mon monologue. Je suis bien consciente que je crèche dans le désert, c'est le cas de le dire. Mais mes discours tordus lui permettent au moins de se reposer un peu.

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