Amber

Chapitre 4

La journée passe, et vient enfin à l'instant béni où je pose enfin le pied dans mon sanctuaire. À peine la porte refermée, je m'effondre sur mon lit. J'arrive enfin au bout de cette journée épouvantable. Tout ce dont j'ai envie maintenant, c'est d'un bon chocolat chaud et d'une bonne nuit de sommeil. Malheureusement, le destin en a décidé autrement. J'entends sonner à la porte.
Je soupire, puis je traverse le couloir qui sépare ma chambre de l'entrée, et entreprend de déverrouiller la porte et d'ouvrir à mon visiteur. Je constate avec surprise que le visiteur en question n'est autre que Kyle.

-Euh salut, je fais.

-Amber, il faut qu'on parle.

Je l'invite à entrer, et l'assoit sur le canapé.

- tu veux quelque chose? Je lui demande à me dirigeant vers le réfrigérateur.

Il ne me répond pas, il se contente de me fixer. Ça me met mal à l'aise. Après une longue minute durant laquelle il n'a pas prononcé un mot, j'interromps la confection de mon chocolat chaud tant convoité, et m'assois doucement sur le canapé à ses côtés.

-Kyle? Je tente. Qu'est-ce qu'il y a?

-Je sais que tu nous a menti.

Cette simple phrase me refroidit d'un coup.

-Je... ne vois pas de quoi tu parles...

-Au contraire, Amber, tu vois très bien de quoi je parle. Il marque une pause. Tu n'étais pas dans le coma. Je me trompe?

Sa supposition m'intrigue autant qu'elle me surprend. Je ne comprend pas ce qui le pousse à penser que j'ai menti. Et je n'ai aucune idée de ce qui l'amène à croire que durant ces quatre mois, je n'étais pas dans le coma.
Pourtant, il a raison.
J'hésite longuement, avant de lui répondre.

-J'étais... décédée, j'annonce difficilement. Pas officiellement, je rectifie, mais mon cerveau l'était.

-Tu était en mort cérébrale... C'est ça?
Il ne semble pas du tout choqué. Seulement pensif.

-Qu'est-ce qui s'est passé? Me demande-t-il.

-J'en sais rien... Tout ce que je sais, c'est que les médecins faisaient pression sur mes parents pour me débrancher. Et mes parents ne voulaient pas, parce qu'ils ne voulait pas me perdre, parce qu'ils ne voulait pas me voir partir. Pendant quatre mois, ils ont réussit à reculer l'instant fatidique. Mais un jour, ils n'ont plus eux le choix. Alors les médecins m'ont débranchée.
Et je me suis réveillée.

Il ne me répond pas, mais son cerveau tourne à plein régime, je le vois dans son regard perdu au loin. Puis, il lève enfin les yeux sur moi.

-Tu mens encore.

-Écoute, je rétorque, encore plus mal à l'aise. Je sais que c'est dur à croire, mais tu voulais la vérité et tu l'as eue. Je ne sais pas comment tu as su que je n'étais pas réellement dans le coma, mais ce que je te dis là est vrai, difficile à croire, mais vrai.

-Je ne te parle pas de ça, se défendit Kyle. Excuse moi, je me suis mal exprimé, je te crois. Tu me dis là vérité. Mais tu ne me dis pas encore TOUTE la vérité.

Là encore je suis choquée. Je ne sais pas comment il sait tout ce qu'il sait. Je ne sais pas comment il fait pour croire à mon histoire, tellement insensée que je n'y crois pas moi-même. Il ne sait pas exactement ce que j'ai vécu, mais il sait ce que cela dépasse l'entendement, et pour une raison que j'ignore, il veut savoir. Et je ne sais pas si j'ai l'intention de lui dire.

-Kyle, s'il te plaît, je t'en ai déjà assez dit...

-Ne joue pas à ça avec moi Amber.

Devant son regard si froid, et son ton si dur, je me laisse envahir par les émotions, je me laisse submerger par l'horreur de ce que j'ai subi, par cet affreux souvenir que je tenais fermement à l'écart depuis mon réveil.

-Écoute, tu ne sais pas ce que j'ai vécu, alors arrête, je crie, la voix tremblante. Arrête tout de suite. Tu ne sais pas à quel point c'était horrible. C'était l'enfer Kyle, tu n'as même pas idée.

J'imagine un grand coup pour retenir les sanglots qui menacent de déchirer ma voix.

-J'entendais tout, Kyle. J'entendais mes parents pleurer, j'attendais les médecins leur dire que c'était fini. Je voyais tout, comme si j'avais les yeux ouverts. Je sentait tout. Ils me faisaient mal, Kyle. Et je ressentais chaque jour qui passait, toujours plus long que le précédent, t'as une idée de ce que ça fait de rester allongée sans rien faire pendant quatre mois? T'as une idée de la panique qui t'envahit quand tu te réveille en te rendant compte que tu ne peux plus bouger ni parler, ni même ouvrir les yeux? Et que tu ne sais pas combien de temps ça va durer? T'as une idée de l'intensité du désespoir que finit par creuser l'ennui qui s'empare de toi? Ils disaient que j'étais morte. J'étais consciente, bel et bien consciente. Écoute... (Je reprends mon souffle, et me calme un peu.). Je ne sais pas comment tu as compris que je ne disais pas toute la vérité. Mais en règle générale, ce que je garde pour moi, ne concerne que moi. Et tu comprendras que j'ai des bonnes raisons de ne pas avoir voulu en parler. T'as aucune idée de ce que j'ai vécu. Alors arrête de me persécuter. S'il te plaît...

-Amber...
Il me prit dans ses bras.
-Amber je suis désolé. Je n'aurais pas dû te mettre autant de pression. Je sais que ce que tu as vécu à été difficile. Je voulais juste comprendre...

-Moi aussi Kyle, je murmure à son oreille. Les larmes coulent sur mes joues. Moi aussi je veux comprendre.