Chapitre 13.

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Lou ouvrit les yeux dans une petite pièce sombre. Sombre comme l'ensemble de tout ce qu'il y avait dans cette ville. Elle avait mal à la tête comme si on l'avait assommé. Ce qui était surement le cas. Elle avait du sang sur les mains. Elle n'avait pourtant aucune blessure. D'où venait le sang ? La jeune fille ne se souvenait de rien après avoir vu des araignées se précipiter sur elle. Elle frissonna à ce souvenir.

Elle se releva ensuite cherchant une issus dans la pièce à peine éclairé. Il y avait une porte mais celle-ci était bloquée. Malheureusement il ne semblait pas y avoir d'autre moyen de sortir. Alors, Lou décida d'essayer d'enfoncer la porte. Elle prit son élan et fonça sur la porte en bois en fermant les yeux. Elle se senti passer littéralement au travers et failli tomber par terre. Quand elle releva les yeux, la jeune fille se trouvait à l'entrée du village. Seulement une chose était différente, il était animé. Des gens s'affairaient de partout. Ça semblait être le jour du marché. Des étalages bordaient les routes et les voix de l'amont de gens se mélangeaient ne formant plus qu'un brouhaha indéchiffrable. Lou se retourna et la porte à travers laquelle elle était passée n'était plus là. Derrière ne s'étendait qu'une route qui d'habitude était cachée par le brouillard. En effet, ce dernier n'était pas présent. Pour la première fois, Lou voyait le village tel qu'il était vraiment.

La jeune fille s'avança alors pour se fondre dans l'animation du marché. Elle se tenait au milieu de la route et personne ne semblait la remarquer. Personne ne lui portait la moindre attention si bien qu'elle finit par se demander si elle n'était pas invisible. Quelque chose était différent. Les gens n'étaient pas habillés comme conformément à l'époque de la brune. Lou serait donc à une autre époque. Mais laquelle ?

Elle continuait d'avancer à travers la foule qui ne la remarquait toujours pas et finit par trouver un journal au sol. Il datait de mars mille huit cent cinquante-et-un. Lou ne savait pas quoi penser. Elle cherchait de quelle façon elle avait pu se retrouver ici quand soudain elle vit une jeune fille se démarquer des autres. Elle semblait avoir une dizaine d'année. Elle était brune et portait une robe blanche sale. Elle se mit à courir hors de la foule, alors Lou la suivi. Elle courait à travers les rues et arriva finalement à un endroit plus vaste. Elle vit la jeune fille au loin, sur un pont. Lou ne connaissait pas l'existence de ce pont. Il devait surement être caché par le brouillard. Elle s'approcha discrètement de la jeune fille à la robe blanche, celle-ci ne semblant pas la remarquer. Elle se contentait de regarder à l'horizon.

Bientôt, Lou se tenait juste derrière elle. Mais la brunette ne semblait toujours pas l'avoir vu. Devant elles s'étendait une rivière bleue qui scintillait avec le soleil qui se levait. La verdure qui bordait l'étendu d'eau rendait le paysage vraiment beau. Cela changeait beaucoup de la vision qu'avait Lou de cette ville. Comme ça, elle donnait presque envie d'y habiter.

- Quand j'ai connu la Vérité, dit la jeune fille à la robe, j'ai cru que c'était une amie ; quand je l'ai comprise et sentie, j'en étais déjà dégoûté.

Lou ne savait pas quoi faire, elle ne savait même pas si la jeune fille lui parlait à elle car ne semblait pas l'avoir remarqué. Elle n'osait pas dire un mot et ne comprenait pas de quoi elle parlait.

- Et pourtant elle est éternelle, et ceux qui se sont passés d'elle ici-bas ont tout ignoré, continua la jeune fille.

Alors qu'elle terminait à peine sa phrase, une autre jeune fille arriva du village. Elle s'arrêta près de la fille à la robe et dit :

- A qui parles-tu encore ?

- C'est Baudelaire qui dit ça.

- Qui est Baudelaire ?

- Qu'importe.

La jeune fille à la robe continuait de fixer l'horizon, elle n'avait pas regardé une seule fois son amie.

- Tu vois, dit-elle toujours les yeux rivé droit devant elle, tu vois tout ça, ça disparaitra un jour.

Son ami soupira.

- Nous ne serons probablement pas là pour le voir, mais ça arrivera j'en suis sûr, continua-t-elle.

- Sarah, c'est toujours la même chose avec toi. Tu viens ici pour raconter des sottises à propos d'un avenir que tu penses voir. Si papa et maman apprennent que tu continues, tu vas finir chez les fous !

Sarah ne répondit pas. Elle connaissait la vérité. Quant à Lou, elle était spectatrice de la scène. Aucune des deux filles ne l'avait vu et toute deux agissaient comme si elles étaient seules. Lou était comme un fantôme et elle ne comprenait pas. La jeune fille qui semblait être la sœur de Sarah déclara :

- Je suppose que tu ne changeras pas d'avis. Tu es têtu mais j'espère que ça ne causera pas ta perte.

- On finit tous par mourir Tracy.

« Tracy ? » s'exclama Lou en reculant alors qu'aucune des deux filles ne l'entendait. « Cette fille serait Tracy ? » pensa Lou « mais on est en 1850, comment est-ce possible ? ». La jeune fille se mit à réfléchir. Serait-ce une autre fille du même nom ? Après tout elle ne connaissait pas de Sarah impliqué dans l'histoire de cette ville. Il fallait qu'elle en parle à Ethan et Tristan. Mais elle ne savait même pas comment retourner dans le présent.

Elle reporta son regard sur Sarah. Sa sœur était en train de s'éloigner tandis qu'elle, grimpait sur la façade du pont en brique. Lou la regardait faire en retrait. Puis la jeune fille se mit debout au bord du vide. Elle agissait comme si elle allait sauter. Lou commença alors à s'approcher. Sarah se retourna vers elle et la regarda dans les yeux. Elle la voyait. Lou s'arrêta sous le choc tandis que la brunette mit un doigt devant sa bouche en signe de ne rien dire. Puis elle se jeta dans le vide. Lou s'élança alors dans l'espoir de la rattraper au vole mais quand elle arriva au muret, elle passa littéralement à travers et se senti tomber aussi. Elle ferma les yeux pour se préparer au choc de la rencontre avec la surface de l'eau ainsi que les rochers qui bordait la rivière. Mais elle ne senti rien. Elle continuait de tomber de façon qui semblait infini. Quand elle ouvrit les yeux, elle se trouvait allongé par terre dans une pièce sombre.


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