Chapitre 9 : Cours de batterie

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Nous marchons en silence vers les studios. Étant donné qu'ils n'étaient pas loin, nous avions décidé d'y aller à pied. De plus, justifier l'appel d'une voiture de l'agence aurait été bien difficile. Reby me regarde d'un air que je lui connaît bien. Il signifie : "crache le morceau, ma grande. ". Je soupire, avant de déclarer :

"- Une question, Reby ? "

Elle n'attendait que ça pour se lancer :

"- Tu vas voir ce garçon ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai envie.
- Tu l'aimes ? "

Je manque de m'étrangler de surprise.

"- Que.. Quoi ? Mais non ! "

Elle met sa main devant sa bouche en haussant les sourcils, et laisse échapper un petit rire. Je déteste quand elle fait ça.

"- Lucyyy... Tu rougiiis... "

Je secoue la tête, tentant de cacher le léger rougissement qui me brûle effectivement les joues.

"- N'importe quoi ! Arrête tes bêtises !
- Bien sûr, bien sûr... "

Elle continue de me regarder bizarrement, mais cesse de poser des questions jusqu'à notre arrivée.

"- Merci de m'avoir accompagnée, Reby. Je vais me débrouiller, maintenant.
- D'accord, je vais te laisser seuuule... " fredonne-elle.

Et elle part d'une démarche dansante. Juste pour l'embêter, je lance :

"- Tu sais, je crois que le reste du groupe répète dans une autre pièce... Tout le reste du groupe...
- Quoi ? V-vraiment ? "

Elle sautille sur place avant de se rendre compte que je lui ai fait une blague. Elle me tire la langue :

"- Méchante ! Je m'en vais ! "

Avant de partir, elle lance :

"- N'oublie pas, le spectacle c'est dans une heure ! Le temps de s'y rendre... "

Elle ne finit pas sa phrase. L'ignorant, je continue ma route de mon côté, tentant désespérément de retrouver mon ami dans ce labyrinthe de... Minute... Mon ami ? Est ce que je peux vraiment le considérer comme un ami, alors que, en principe, je ne le connais pas ? Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Ma mère me disait toujours de suivre mon cœur... Et celui-ci me dit que je peux faire confiance à N. Mais est-ce pareil pour lui ? Je cesse de me torturer le cerveau en arrivant devant sa salle de répétition. Surprenant, je ne me suis pas perdue... J'entrouvre la porte, pour le voir en train d'accompagner un morceau à la batterie. Mais il ne fait pas que ça. Il chante. Et c'est magnifique.

MERII GOO RANDO mawaru yume no sekai ni
Le manège tourne. Dans le monde de mes rêves,
Nokosareta kimi no yokogao oikakete asa wo mukaeru
Je poursuis la silhouette que tu as laissée derrière toi, face à l'aube.

"Mou nido to kao nante mitakunai wa" tte iisuteta
« Je ne veux plus jamais te voir ! » m'avais-tu balancé,
Hoho ni wa namida ga tsutatte ita
Mais la larme sur ta joue te trahissait.
Kimi wa mujun no aranami ni nomaresou ni naru tabi ni
Chaque fois que tu t'engouffrais dans les vagues de la contradiction,
Namida wo koraetetan darou
Je savais que tu retenais tes larmes.

"Tsuyoi hito ne" tte minna ga kimi no koto wo kaikafuru kara
Comme tout le monde te surestimait et te disait : « Que tu es forte ! »,
Itsu no ma ni ka hontou no sugata wo miushinatte shimattetan da
Tu as fini par perdre de vue celle que tu es vraiment sans t'en rendre compte.

La chanson des féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant